À la Galerie East, la matière s’anime et raconte. Du 24 septembre au 15 novembre 2025, les dessins et sculptures de Nicolas Schneider dialoguent avec celles d’artistes américains d’après-guerre, transformant l’espace strasbourgeois en une scène où se rencontrent précision du geste et subtilité des textures. 

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Océane Halm

Publié le 25 octobre 2025  ·  

Imprimé le 25 octobre 2025 à 07h02  ·  

2 minutes

En franchissant la cour donnant sur la rue du Faubourg-de-Pierre, le tumulte de la ville s’efface peu à peu. L’espace de la Galerie East s’ouvre, à la fois intime et vibrant, où deux expositions s’entrelacent. La première est celle de l’artiste strasbourgeois Nicolas Schneider, qui déploie ici sa seconde exposition monographique. Pratiquant la sculpture, l’aquarelle et le dessin, il conçoit la sculpture comme une manière de tracer le temps.

Pour l’occasion, l’artiste a conçu une suite de trente-cinq « dessins en bronze », de petites pièces à l’échelle d’un carnet de dessin, soigneusement accrochées dans des cadres en plâtres. Sous les yeux des visiteurs et des visiteuses, une métamorphose s’opère, le trait devient matière, le dessin se fait métal. Dans un monde pétrifié par le bronze, le temps semble se fondre, le passé et le futur s’y rejoignent dans une transparence suspendue. Rain Again sonde la tension entre l’eau et le feu, deux éléments contraires que le bronze unit dans une alchimie silencieuse.

Nicolas Schneider convie à l’exploration de passages secrets, à suivre les veines de métal comme on suit les méandres d’un souvenir. Chaque forme, chaque reflet porte la trace d’un monde naturel transfiguré : la matière respire, se souvient, murmure. Le rapport à l’eau, récurrent dans le travail de l’artiste et jusque dans les titres de ses œuvres, évoque une temporalité flottante, presque mystérieuse, celle d’une nature en perpétuelle métamorphose.  

Vue d’ensemble de l’exposition Dernières Pluies et US Éditions à la galerie East.Photo : Crédit photo Émilie Vialet Courtsey galerie EAST

Au fond de la salle, un grand dessin à l’aquarelle attire le regard. Né dans les pages d’un petit carnet, il s’est vu agrandi et retravaillé à la main. Dans ce geste, quelque chose se joue, une pensée qui passe par le geste artisanal comme un prolongement de l’esprit. Ici, la main ne se contente pas de tracer, mais elle pense, elle se souvient, et dialogue avec la matière. 

Un murmure entre passé et création 

Sur un mur jaune moutarde, la galerie présente également une sélection de pièces historiques d’artistes majeurs de la scène américaine d’après-guerre entre les années 1960 à 1990. Richard Linder, Richard McLean, Claes Oldenburg, James Rosenquist et Franck Stella repoussent les limites des techniques et redéfinissent le geste artistique. Entre plâtre et peinture, gravure et collagraphie, gaufrage, sculpture ou tapis de laine noué à la main, les œuvres s’inscrivent dans un moment d’audace et d’expérimentation. Les matériaux s’y rencontrent, se superposent, se répondent dans un coexistence vibrante entre texture et surface. La rencontre de ces deux univers instaure un dialogue délicat entre continuité et rupture, tradition et expérimentation. Le spectateur se transforme alors en passeur, invité à explorer ce croisement et à réinventer son regard sur la matière, le temps et leurs résonances. 

Y aller

Exposition Nicolas Schneider – Dernières Pluies – Richard Linder / Richard MClean / Claes Oldenburg / James Rosenquist / Frank Stella – US Editions, du 24 septembre au 15 novembre 2025, du mercredi au samedi de 14h à 18h à la Galerie East, 12 Rue du Faubourg-de-Pierre à Strasbourg – Tribunal.