Ils ont été jugés jeudi pour avoir violenté et dépouillé une vingtaine de jeunes hommes à l’automne 2024. Certains ont écopé de prison avec sursis, sous réserve de respecter des obligations. D’autres ont reçu un avertissement.

Leurs agissements ont semé le trouble pendant de longues semaines à Nantes. À l’automne 2024, huit jeunes, dont sept mineurs, ont commis des agressions à répétition dans des quartiers chics de la ville. Aux abords d’établissements scolaires, ils violentaient et rackettaient de jeunes hommes, souvent lycéens. L’un d’entre eux, un peu plus âgé, s’était même retrouvé dans le coma. Au total, 19 victimes ont été recensées.

En février, au terme d’une audience de culpabilité, les agresseurs avaient écopé de mesures de sûreté provisoires. Huit mois plus tard, au terme de cette période de mise à l’épreuve, ils sont repassés devant le tribunal des enfants. Ils ont été définitivement condamnés jeudi pour cette série de faits d’extorsion et de vol avec violence.


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Avertissement pénal probatoire

Selon une source judiciaire, les trois plus âgés, qui sont les moins impliqués dans l’affaire, ont été entendus le matin. Ayant respecté leurs obligations tels que le couvre-feu, ils ont aussi mis à profit ce temps pour se former. Ils ont reçu un avertissement pénal probatoire. L’après-midi a été consacré aux dossiers plus lourds des quatre autres, âgés de 15 et 16 ans. Certains d’entre eux avaient fini par être envoyés en centre éducatif fermé ou en prison après avoir réitéré.

L’un a été condamné à trois mois de prison assortis du sursis simple. Il a également reçu des mesures éducatives judiciaires pendant un an. En somme, il ne peut pas entrer en contact avec ses co-auteurs et personnes qu’il a agressées, n’a pas le droit de sortir entre 22h et 6h du matin, doit indemniser les victimes, se faire soigner et trouver une formation ou un travail.

Les trois autres ont reçu quasiment les mêmes mesures éducatives mais leurs peines de prison ont varié. L’un, déjà sous surveillance de la protection judiciaire de la jeunesse, a écopé de douze mois d’emprisonnement et d’un sursis probatoire équivalent. L’autre s’en est sorti avec dix mois d’emprisonnement et un sursis probatoire de douze mois. Ils échapperont aux barreaux s’ils respectent leurs obligations, à l’exception du dernier qui reste en détention provisoire. Au moment de l’audience, il a refusé d’être extrait de sa cellule pour être jugé. Également mis en cause dans une affaire pour tentative de meurtre, il a écopé pour sa part de douze mois d’emprisonnement et 18 mois de sursis probatoire.

«Trouble grave à l’ordre public»

«Il y a une vraie immaturité. On a du mal à comprendre s’ils ont pris conscience de la gravité des actes qu’ils ont commis », souligne Maître Sophie Sarzaud du Barreau des Hauts-de-Seine, face à ces mineurs qui ont globalement reconnu les faits. L’avocate d’une partie des victimes estime qu’il y a eu une prise de conscience de la part du tribunal. «Les réquisitions du ministère public étaient clairement sévères et adaptées avec une procureure qui connaissait bien le dossier. Elle a pris des réquisitions qui allaient dans le sens de la protection des victimes, faisant comprendre aux mineurs que les faits sont d’une gravité extrême pour la société.»

Durant l’audience, le président a rappelé aux jeunes qu’ils avaient créé un «trouble grave à l’ordre public». La défense, quant à elle, a rappelé le parcours de vie difficile des jeunes : l’un a par exemple son père en prison. «On peut psychanalyser et chercher à comprendre les choses douloureuses, mais le premier rôle de la justice est de protéger les innocents», avait témoigné en janvier dans nos colonnes l’une des victimes.


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À l’époque, les établissements scolaires aux alentours avaient alerté les familles de ces extorsions de plus en plus préoccupantes. Des vidéos des agressions avaient même circulé. Un an plus tard, les victimes restent encore choquées. «Psychologiquement, au moins trois sont encore très impactées. Elles sont suivies par un psychologue chaque semaine, ont des angoisses la nuit… C’est très compliqué», confie Me Sarzaud, qui attend toujours que les coupables indemnisent ses clients.