Par

Cédric Nithard

Publié le

25 oct. 2025 à 10h25

Nouvelle étape ce vendredi 24 octobre dans la campagne d’Isabelle Perrein. La candidate de la liste Aimer Montpellier aux municipales a présenté celui qui, en cas de victoire en mars prochain, incarnera la sécurité et la tranquillité publique. Avec la volonté de confier la mission à un spécialiste de la question, Vincent Hergott a développé sa vision pour la Police Municipale. Non sans mettre à l’amende l’action de la municipalité actuelle en la matière.

Moins de paillettes

Avant de laisser la parole à Vincent Hergott, Isabelle Perrein a précisé ses « deux convictions profondes » en matière de tranquillité publique. La première étant que « la sécurité est la première de nos libertés et c’est le premier devoir d’un maire digne de ce nom ». Se basant sur ses rencontres avec les habitants, elle témoigne de « la peur » et du « sentiment d’abandon » qui seraient le résultat d’ »une politique qui préféré gérer cette ville avec des effets d’annonces. Des tweets à la place des actes, des promesses à la place du courage » en appuyant : « La sécurité, ce n’est pas un sujet de communication, c’est une obligation morale. Gouverner ce n’est pas jeter des paillettes aux yeux de Montpelliérains, c’est régler les problèmes ».

Sa deuxième conviction est que « la sécurité n’a pas de couleur politique. La sécurité n’est ni de droite, ni de gauche, ni du centre » et met en avant : « La seule question, la vraie, c’est que fait-on concrètement pour nous protéger ? Que font les autorités publiques ? ». Ainsi, selon Isabelle Perrein « à trop vouloir faire le show, la municipalité a fini par abandonner les Montpelliérains » tandis que, a contrario, « le maire doit incarner cette volonté d’agir ». Affirmant refuser d’une part « la fatalité » et d’autre part que « Montpellier devienne une ville qu’on évite », la candidate entend mettre à la tête de ce sujet « un homme d’expérience, un homme de terrain, un homme d’engagements » en la personne de Vincent Hergott avec la mission de « rétablir la sécurité et la sérénité à Montpellier » pour qu’elle « redevienne une ville paisible, sûre et confiante en l’avenir ».

Un constat sans appel

Délégué national pour les unités d’élite de la police nationale (RAID, BRI et les démineurs de la DGSCGC) au sein du syndicat Alliance Police Nationale, Vincent Hergott est « un pur produit du renseignement » en étant passé par les Renseignements Généraux, la DCRI, la DGSI et enfin le Renseignement Territorial. Avec son regard et son expérience du terrain, il dresse un constat sans appel. « Montpellier souffre d’un véritable cancer de la sécurité que l’on traite comme une simple maladie. Monsieur Delafosse a tendance à soigner le cancer avec de l’aspirine puisque les différentes mesures mises en oeuvre sont essentiellement cosmétiques qui lui permettent surtout de travailler son image ».

Dénonçant l’utilisation des chiffres par l’exécutif, il estime qu’il y aurait « moins de 200 policiers municipaux pour 310 000 habitants soit un policier municipal pour 1 500 habitants quand la moyenne nationale est de un pour 1 000 dans les grandes villes comparables » et juge que ce « déficit structurel fragilise toute stratégie de sécurisation locale et rend illusoire la présence effective sur le terrain ». D’autant plus que « avec les vacances, les maladies, le cycle de travail et ceux qui sont assignés à des tâches administratives, s’il y a trente policiers municipaux en permanence en même temps dans la rue, j’offre encore un crédit bien loin de la réalité. Avec la manière dont fonctionne et on organise une police municipale, à 200 pour 310 000 habitants et une ville de plus en plus étendue, ce n’est pas possible ». 

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Ainsi, la Police Municipale étant « un moyen de communiquer et non une stratégie de fond », celle-ci serait « désorganisée, démotivée et sans stratégie claire » en se prenant lui-même à témoin : « Pour être fonctionnaire de police, je sais que ce sentiment d’exister au sein d’un système nécessite un vrai intérêt de celui qui le met en place. Et à Montpellier cela n’existe pas, ce sont des faire-valoir politiques et médiatiques ». D’où le jugement sans appel de Vincent Hergott à l’encontre de Michaël Delafosse : « Il ne m’a pas convaincu et je pense que de nombreux montpelliérains ne sont pas convaincus ».

Une question budgétaire

Le « flic » passe ensuite au « sentiment d’insécurité qui ne souffre pas de sanctions statistiques mais d’un véritable ressenti de la population » et affirme que « ce sentiment d’insécurité est prégnant à Montpellier » voire même que « la situation se délite, le sentiment d’insécurité n’est pas exponentielle, il est au-delà d’exponentielle depuis le début du mandat ». Sa volonté est donc de « remettre du bleu sur le terrain, que cette présence sécurise les montpelliérains et les visiteurs dans leurs usages de la ville ».

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Pour cela, le programme d’Isabelle Perrein prévoit de doubler les effectifs de la Police Municipale dont le financement correspond à peu près aux « 42M€ de recettes dont s’est privée la TaM avec la gratuité ». Mesure sur laquelle elle entend revenir faisant valoir « ce que l’on veut faire et où on veut prioriser les actions ». Un point que ne conteste nullement son Monsieur Sécurité : « Le principal des luxes dans une ville c’est d’abord la tranquillité publique. Je suis moins architecte que flic et c’est le flic qui parle mais je pense que les questions de sécurité sont peut-être des priorités budgétaires avant les questions d’aménagement. Il faut redevenir rationnel à Montpellier et mettre de l’argent là où il faut en mettre ».

Une police de proximité

Vincent Hergott prévoit donc de « réorganiser la Police Municipale et de réorienter ses missions pour être là où on a besoin d’eux ». Il entend ainsi remettre au goût du jour la police de proximité. « J’y crois pour la police municipale car c’est probablement le principal vecteur de tranquillité publique » défend-il. Si les actions concrètes seront présentées plus tard dans la campagne, la proximité constitue « la manière dont on souhaite aborder la question de la sécurité ».

Une proximité qui ne fait pas de différence entre les quartiers. « Ce qui est vrai dans le centre-ville, puisque c’est une zone à forte convergente humaine, est très probablement tout aussi vrai pour les quartiers par contre ce sont les moyens qui seraient différents » explique-t-il en complétant : « L’état d’esprit doit être le même, c’est à dire une présence exacerbée ». Et de bien préciser : « C’est du lien avant toute chose par contre le lien, la proximité avec les gens, la disponibilité, le service public… cela ne veut pas dire de se taper dans le dos comme des copains. Ce n’est pas une proximité qui ferait oublier que l’on parle à un policier ».

Sans doute avec le regard du renseignement, il ajoute : « Le lien est important car on n’est jamais autant au courant de ce qu’il se passe dans une ville que lorsque l’on a une police municipale qui est au contact des commerçants et des habitants et qui est capable de tout simplement faire un état des lieux hebdomadaire et faire remonter des informations à la police nationale ».

Police Municipale et Police Nationale

Justement, quant à la relation entre la Police Municipale et la Police Nationale, Vincent Hergott est là aussi très clair. « J’ai un gros avantage sur Monsieur Delafosse. Je ne suis pas schizophrène, je suis policier. Je connais le métier de policier, les prérogatives du régalien et, nous sommes d’accord avec Isabelle Perrein, il n’y a pas de sujet quant aux prérogatives de la police municipale et celles du régalien ». Pas question donc de voir des policiers municipaux équipés pour faire du maintien de l’ordre durant une manifestation. « Cela n’arrivera pas sinon je démissionnerai. Cela ne correspond pas à ma manière de voir les choses » annonce-t-il en précisant : « Évidemment que la Police Municipale doit travailler avec la Police Nationale, évidemment qu’il doit y avoir une collaboration ». Et d’attaquer justement cette collaboration actuelle en se contenant : « Passer de rien à échanger ne veut pas dire collaborer. Passer de rien, échanger et devenir supplétif des membres du régalien ne veut pas dire collaborer. Je n’ai pas cette vision des choses. J’ai la chance d’être policier et d’en être fier, c’est pourquoi je ne demanderai jamais à un policier municipal de faire le travail d’un policier national. Je veux des policiers municipaux qui soient dans la rue, au contact des Montpelliérains ».

Au contact également des points de deal. Mais là aussi sans aller sur le terrain du régalien. « Pour ce qui est de la prérogative de la Police Municipale, ce qui embête le plus c’est le harcèlement de la présence policière. C’est une stratégie qui correspond à la Police Municipale car ce n’est pas elle qui règlera les problèmes de narcotrafic à l’échelle nationale. Je veux des policiers municipaux qui donnent envie aux dealers d’aller voir ailleurs si ce n’est pas plus beau. À Montpellier, nous devons pourrir la vie des dealers mais nous n’allons pas faire tomber la DZ Mafia ». Quant à la question d’armer les policiers municipaux, encore une fois Vincent Hergott est très clair. « Il n’y a pas de sujet. Je ne suis pas un cow-boy, je suis autorisé à en porter, je ne n’ai pas. En 2025, policier n’est pas le métier le plus sécure que l’on puisse imaginer. Armer un policier municipal, c’est d’abord lui permettre de se défendre car s’il y a écrit « municipal » dans son dos, au même titre que s’il y avait écrit « national », un policier est une cible. Ce n’est donc pas un sujet ».

L’expérience

Alors aux bons résultats que présente l’exécutif, Vincent Hergott accuse : « Michaël Delafosse tronque les chiffres, fait de la distorsion de la réalité parce que son bilan est mauvais » en expliquant : « Il y a deux manières de voir la sécurité et la tranquillité publique : en théorie et en pratique. Nous, les policiers et les gendarmes, n’avons pas la même vision que ceux qui font de beaux discours, nous vivons dans la réalité, nous ne vivons pas reclus derrière des dogmes et des pensifs ». En cas de victoire d’Isabelle Perrein, sa mission est, encore une fois, très claire : « Je m’attellerai à redonner à Montpellier une police et un sentiment de sécurité », tout en prévenant l’actuelle candidate à ses côtés : « Je suis connu pour être pénible, je saurai l’être avec notre future maire pour la harceler quant à ça ».

Et s’il a accepté cette « aventure », le policier explique : « Je considère m’être réalisé, j’ai fait ce que j’avais à faire, je me suis éclaté dans mon boulot. Ce n’est pas mon mandat auprès d’Isabelle Perrein à la Ville de Montpellier qui fera de moi un homme complet, j’y suis déjà arrivé. Je veux juste mettre au service des Montpelliérains, peut-être de manière très vaniteuse, toute mon expérience ». Habitant dans la capitale héraultaise depuis 2020, en y ayant fait ses études plus jeune, et travaillant à Paris, Vincent Hergott observe : « Le Montpellier que j’ai connu il y a trente ans ne ressemble pas à celui que j’ai retrouvé il y a cinq ans. J’ai vu une ville qui a périclité. C’est pourtant une ville magnifique, qui a une histoire incroyable où les gens vivaient ensemble avec une qualité de vie que je trouve déclinante. Mon attachement est surtout la perspective de refaire de Montpellier, la ville que j’ai connu il y a trente ans ». Presque un slogan de campagne…

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