« Un nom d’homme sur votre musique et elle serait sur tous les pianos ! », lui aurait un jour dit le compositeur et pianiste hongrois Franz Liszt, dont elle fut la virtuose interprète et qui la tenait en haute estime – au point qu’il lui laissa terminer la troisième Valse de Mephisto qu’il lui dédia. Seulement voilà. Née Trautmann à Steinseltz, le 17 août 1846, décédée le 4 février 1925 à Paris, Marie Jaëll était une femme et l’époque qui l’a vue naître accordait mal ses chromosomes XX à une postérité précoce.

Mercredi 5 novembre à 20 h, elle sera enfin sous les feux des projecteurs à Saint-Guillaume, le temps d’une soirée événement riche en découvertes, orchestrée par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Passions croisées et leurs partenaires.

Avec, d’abord, la présentation en avant-première du documentaire d’un peu plus d’une heure que le réalisateur strasbourgeois Damien Fritsch lui a consacré, Marie Jaëll – toucher la musique, coproduit par Seppia, Libelo productions et le réseau des télédiffuseurs du Grand Est. « Un film dont les musiciens de l’OPS ont été complices », précise Cédric Bonin, cogérant et producteur chez Seppia, évoquant notamment des répétitions filmées ou un Quatuor à cordes « joué en plein air, sur une colline au cœur des Vosges ».

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La soirée se poursuivra après l’entracte par un concert délocalisé de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, qui fera l’objet d’une captation en prévision d’une prochaine diffusion. Sous la direction de Stéphanie-Marie Degand, les musiciens interpréteront le 1er Concerto pour piano et le Concerto pour violoncelle de Marie Jaëll, avec, comme solistes, le talentueux pianiste Tanguy de Williencourt et la violoncelliste Emmanuelle Bertrand. Lauréate de deux Victoires de la musique classique (en 2002 et 2022), cette autre femme virtuose est « l’une des premières en France à avoir rejoué du Marie Jaëll », précise Cyril Pallaud, le directeur de Passions croisées.

Un programme et une distribution à la mesure de la musicienne prodige , qui donna son premier concert à l’âge de 9 ans et obtint le premier prix du Conservatoire de Paris à 16 ans ! Mariée au pianiste Alfred Jaëll, de 14 ans son aîné, veuve à 35 ans, Marie Jaëll fut l’élève de César Franck et Camille Saint-Saëns ; côtoya Brahms, Rubinstein et Liszt ; se passionna pour la composition. Première femme admise à la Société des compositeurs de musique de Paris, en 1887, elle mit également au point une méthode d’enseignement du piano novatrice (et toujours pratiquée, on a vérifié, internet est plein de tutos !) basée sur une analyse scientifique poussée du toucher.

Et pourtant… L’invisibilisation des femmes dans la musique (mais pas seulement) est passée par là. Le documentaire, note Cédric Bonin, n’a pas forcément été facile à monter – d’où aussi cet événement, fédérant les énergies et lui donnant à la fois une plus large aura et une meilleure visibilité. À quelques jours de la soirée, seule la moitié des 300 places disponibles a par ailleurs été vendue, se désole aussi Cyril Pallaud, qui voit pourtant dans ce rendez-vous exceptionnel « une suite logique » de l’accueil du Temps des féminismes, en mars dernier , autant qu’une mise en avant d’une musicienne « prodige et singulière ».

La bonne nouvelle – et ce n’est pas si fréquent s’agissant d’un événement programmé à Saint-Guillaume –, c’est qu’il est encore possible de réserver sa soirée pour découvrir celle dont une salle du PMC porte déjà le nom, mais dont il est temps de (re) découvrir la vie et de réentendre la musique. Ça tombe bien, les deux sont au programme le 5 novembre.

Mercredi 5 novembre à 20 h à l’église Saint-Guillaume, 1, rue Munch à Strasbourg. Tarifs : de 6 € (moins de 26 ans) à 89 € selon les catégories (au nombre de quatre). Billetterie : www.passions-croisees.com