« Ici, on peut tout dire » : c’est la devise des « Rencontres du Papotin », émission vraiment pas comme les autres, où des personnalités sont interviewées par des journalistes porteurs d’un trouble du spectre autistique. Ce samedi soir après le 20 heures de France 2 – et déjà sur la plateforme france.tv – c’est Jean-Louis Aubert qui se retrouve face aux eux, prêt à répondre à toutes les questions, des plus insolites aux plus intimes. « J’étais très ami avec la chanteuse Barbara. Elle m’a beaucoup parlé du Papotin. (Elle a soutenu le journal du même nom qui a inspiré le programme). Je vous ai dans le coeur depuis 30 ans »
« Vous avez participé aux JO ? ». « Qu’est-ce qui te fait rire ? » « Avez-vous quelque chose dans vos poches ? » « Est-ce que vous avez déjà rencontré Louis Bertignac dans un parc animalier ? Parce que moi, oui ». Jean-Louis Aubert ne semble jamais désarçonné par les questions, répond dans un sourire, toujours sincèrement.
« Tes parents te trouvaient-ils chiants », lui demande-t-on. « Un petit peu oui. Ils étaient très soucieux de moi et moi j’étais très dissipé. À l’école, j’étais très agité. J’ai fait de la musique très tôt. Je voulais être libre. » Au grand désespoir de son papa. « Votre père vous a-t-il amené chez un psy pour que vous ne soyez pas musicien », l’interroge Félix. Aubert confirme : « le psy lui a dit : s’il y a quelque chose ne va pas bien, c’est chez vous. Votre fils a un rêve. Laissez-le tranquille. Après on est allé boire une bière avec mon père et il m’a dit : tu as gagné »
« Est-ce que vous allez arrêter de chanter ? »
Jérôme enchaîne : « est-ce que tu es proche de ta maman ? ». « Oui. Mais elle est partie cette année. Elle perdait un peu la… Elle voulait se marier avec moi à la fin, c’était un peu curieux. C’était un compliment aussi je pense », confie l’artiste qui avoue un peu plus loin pleurer parfois « quand des gens partent ».
Le temps qui passe est justement au cœur de certaines questions. « Ça fait quoi d’être un rockeur de 70 ans », demande Sébastien. « Je n’aime pas le mot rockeur, ça classe trop dans un genre répond le chanteur. Sinon, physiquement, j’ai toujours eu mal quelque part depuis l’âge de 18 ans ». « Est-ce que vous allez arrêter de chanter », ajoute Maxime. « Peut-être que je ferai des concerts un peu plus petit », précise le musicien qui commence alors à jouer « Demain sera parfait » à la demande du journaliste s’emparant de la chanson.
Raphaël en invité suprise
La guitare jamais bien loin, Jean-Louis Aubert improvise des moments de musique avec l’équipe du Papotin. Tous reprennent « Ça (c’est vraiment toi) ». Yohann part dans un rap sur les accords de « Hygiaphone » de Téléphone joués par la star qui fait aussi découvrir sa première mélodie trouvée à l’âge de 7 ans. Et il revient aussi sur ses idées noires au moment de la genèse du tube de Téléphone « Un autre monde » en 1984. « C’était une période où j’étais malade, où le groupe allait mal. Je me sentais plus seul en groupe. Et à travers cette chanson, je disais : c’est facile d’être un chanteur et de rêver d’un autre monde. Mais balaie devant ta porte. Après l’avoir écrite, je me suis dit : maintenant je meurs ou je sors dans la rue. Je suis sorti et 15 jours après, j’ai rencontré une femme qui est devenue la mère de mon fils et qui m’a donné énormément de force. Ça a changé ma vie »
Et puis il y a ce moment suspendu où Rudy, l’écrivain de la bande lui présente l’un de ses textes que le chanteur met instantanément en musique. « Je suis un soldat de poésie… Je suis un soldat de la parole. Ma seule arme, c’est les mots. Avec les mots que je n’arrive pas à dire. » Magique. Tout comme cette ultime séquence musicale où le groupe du Papotin, Percujam accompagné du chanteur Raphaël, ami de Jean-Louis Aubert, reprend « Alter Ego ». L’artiste invité essuie une larme. « C’était un moment incroyable, conclut-il. Vous êtes tous extraordinaires. Extra… ordinaires. »