Cela faisait un petit moment que la ligne B n’avait pas été arrêtée. Lundi matin, la deuxième ligne de métro de Rennes a pourtant dû être stoppée. La faute à un aiguillage endommagé « lors d’une manœuvre du train travaux qui sert à la maintenance des voies », avait expliqué Keolis. Il avait fallu attendre cinq heures pour voir le métro redémarrer. L’occasion pour des milliers de voyageurs de retrouver la fameuse ligne de bus relais qui avait officié pendant des mois lors des grosses pannes subies en 2023 et 2024. Pas que des bons souvenirs. Pourtant, depuis ces longues immobilisations, la ligne B avait retrouvé le goût de la régularité, affichant un taux de disponibilité très honorable de 97,7 %. Pour comparer, sachez que l’imbattable ligne A est à plus de 99 %. Un métronome difficile à détrôner.

Il y a pourtant fort à parier que les tracas ne soient pas complètement envolés. Vendredi soir, un nouvel arrêt du trafic a d’ailleurs été constaté. Car oui, la ligne B souffre bien de quelques maux récurrents, notamment celui concernant le « bandage du galet de guidage ». « C’est une pièce d’élastomère qui sert au confort sonore et limite les vibrations. Le problème, c’est qu’elle s’use prématurément », expliquait récemment Matthieu Theurier, vice-président de Rennes métropole délégué aux transports.

Un problème qui concentre « 70 % des arrêts »

D’après Keolis, ces problèmes de galets représentent « 70 % des arrêts de la ligne B », soit « entre deux et cinq arrêts par mois », la plupart du temps pour une durée de trente à quarante-cinq minutes. « Le plus long, c’est de sortir la rame », expliquait au même moment Ronan Kerloc’h, directeur de Keolis Rennes.

La métropole et l’exploitant sont toujours en discussion avec le fabricant Siemens. Tout le monde espère avoir une solution « dans les mois qui viennent » pour limiter l’impact de ces pannes sur le réseau. D’autant que la ligne a très vite trouvé son public, transportant jusqu’à 110.000 voyageurs par jour. Le succès a été tel qu’il a fallu trouver des solutions pour éviter un hyperpic de fréquentation le matin. Les horaires des cours ont donc été modifiés.

Déjà des pièces à changer

Inaugurée en 2022, la ligne B garde aussi les séquelles des problèmes d’usure prématurée des axes pivot. En 2024, il avait fallu changer l’ensemble de ces pièces, occasionnant un arrêt total de six mois. « Ces axes pivot sont normalement prévus pour durer 450.000 kilomètres. Mais on voit qu’on est plutôt sur 150.000 kilomètres. Nous sommes déjà en train de les changer de nouveau », expliquait Ronan Kerloc’h à la rentrée.

La ligne B du métro de Rennes a connu plusieurs longs arrêts depuis son inauguration en 2022.La ligne B du métro de Rennes a connu plusieurs longs arrêts depuis son inauguration en 2022. - C. Allain/20 Minutes

Un coût non négligeable pour la collectivité, qui va évidemment envoyer la facture à Siemens Mobility. Mais quand ? « Les pénalités ne pourront se mesurer que lorsque nous aurons levé l’ensemble des réserves du chantier. Et ce n’est pas encore le cas », assure Matthieu Theurier. Le préjudice des retards de livraison mais aussi des pannes n’a donc toujours pas été évalué. Le litige pourrait aussi se jouer à l’amiable, dans le cadre de l’achat de nouvelles rames par exemple.