Front populaire : Vous étiez sur le terrain ukrainien dès 2015 au titre d’expert international de l’OSCE. Pouvez-vous nous décrire, dans les grandes lignes, l’action de l’OSCE sur le théâtre ukrainien ?
Benoît Paré : La mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine (ou MSOU) a été créée dès le 21 mars 2014, soit à peine un mois après la fuite du Président Ianoukovitch, juste quelques jours après le référendum de Crimée, et seulement une vingtaine de jours avant que la guerre du Donbass ne démarre. Le mandat de la MSOU consistait essentiellement à « réduire les tensions et à promouvoir la paix », en « opérant selon les principes d’impartialité et de transparence ».
Plus précisément, il nous était demandé de « recueillir des informations et rendre compte de la situation sécuritaire (…) » ; d’ « établir et signaler les faits en réponse à des incidents spécifiques (…) » ; de « surveiller et soutenir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales » ; d’ « établir des contacts avec les autorités locales, régionales et nationales, la société civile, les groupes ethniques et religieux et les membres de la population locale » ; et enfin, de « faciliter le dialogue sur le terrain ».
En fait, dans la pratique, nous étions une mission dont la tâche principale était d’écrire des rapports sur la situation sur le terrain pour informer avant tout les délégations des 57 États-membres, ainsi que le grand public. La partie « facilitation de dialogue » a été réduite pour l’essentiel aux discussions de haut niveau en dehors du pays.
À partir de septembre 2014, avec les Accords de Minsk, l’OSCE s’est vue missionnée pour suivre dans la durée le respect du cessez-le-feu et du retrait des armements lourds. C’est ce pour quoi l’OSCE s’est surtout fait connaître et ce pour quoi l’essentiel des ressources matérielles et…