Le duel a été haletant jusqu’au bout. C’est au sprint qu’Aubin Sparfel, pour sa première en Élite en Coupe de France de cyclo-cross, a devancé l’expérimenté David Menut. Après une première partie de course poussive, le coureur de l’AS Bike Racing-France Literie a terminé fort ce samedi sur la première manche, à Albi (Tarn). Le Creusois est revenu sur sa course au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Tu as fait une belle remontée !
David Menut : J’ai fait un mauvais début de course. Il y a eu des petits aléas et physiquement, j’ai eu du mal à me mettre dans le rythme. Je n’avais pas des sensations exceptionnelles. C’est vraiment monté crescendo. Je rentre sur le groupe de tête à trois tours de la fin. J’avais envie de faire péter ce groupe parce que clairement depuis le début de la saison, nous n’avons que des courses de marquage, de placement et un peu tactique. Et clairement, ce ne sont pas des courses qui me vont bien. J’ai un peu de mal vu que je manque de giclette et d’explosivité comparé aux “jeunes”. J’avais vraiment cette envie de mettre des coups de vis. Je l’ai fait à deux tours de la fin pour voir ce que ça donnait. J’ai fait un gros kilomètre sans me retourner jusqu’à la ligne.

Ce qui a donné un beau duel jusqu’à la ligne avec Aubin Sparfel…
J’ai vu qu’on avait creusé avec Aubin. Donc dans un premier temps, c’était très bien parce que ça assurait un podium. Dans un second temps, il fallait jouer un peu avec lui. Mais Aubin est très fort. J’ai essayé de jouer avec ses faiblesses et moi avec mes qualités.

« J’AI ANALYSÉ SES FAIBLESSES »

Quelles sont ses faiblesses ?
Ses faiblesses sont mes points forts. Il faut donc jouer avec. Et je lui ai mis la pression là-dessus. Clairement, techniquement, je suis un peu plus à l’aise que lui. Il vient juste de reprendre la compétition alors que moi, c’est déjà mon quatrième week-end. Donc ça fait aussi la différence. C’était à deux doigts de passer mais sur les relances, je le dis en rigolant, mais il a 100 watts de plus que moi, largement.

Après ton attaque, il est revenu sur toi au niveau du passage des planches…
J’ai vite compris qu’au sprint, je n’avais aucune chance. J’ai joué mon va-tout. Ça n’a pas marché, tant pis. Il aurait peut-être fallu que je tente le tout pour le tout en essayant de passer les planches à vélo. Je l’ai fait à l’entraînement, mais pas en course avec les dégâts sur le terrain avant les planches. Le sol était vraiment gras. L’appel pour sauter la planche n’était vraiment pas exceptionnel. C’était prendre le risque de se casser la gueule et de faire 4e. Donc j’ai joué petit bras, on verra demain si je joue gros bras. (rire)

PRENDRE DU PLAISIR ET ÊTRE PERFORMANT

Que change pour toi la présence d’Aubin Sparfel qui est toujours Espoir ?
Je trouve ça excellent que la fédé laisse ouvert à des jeunes performants. Nous, ça nous tire vers le haut. Et c’est bien pour Aubin, qui aurait peut-être fait sa course tout seul en Espoir… Sa présence met un peu de piment, ça fait de superbes courses. On l’a vu aujourd’hui, je pense qu’il n’y a pas eu de répit. Jusqu’au dernier moment, on ne savait pas qui allait gagner. Donc ça, c’est génial. Aubin, il sort d’une saison route exceptionnelle sur la route. Quand j’étais totalement routier, je n’ai pas fait un dixième de ses résultats cette saison. Donc on sait tous qu’il a un moteur exceptionnel et que c’est une pépite.

Qu’est-ce qui te motive pour cette année ?
J’ai vraiment envie prendre du plaisir mais aussi performer, parce que c’est aussi dans la perf que je prends du plaisir. Là, je ne vais pas le cacher, au bout de quatre tours, je me dis “putain, fais chier, je suis poussif, je n’arrive pas à rentrer, les mecs sont loin”. J’étais un peu blasé. Le plaisir, ça vient aussi en ayant un impact sur les courses, même si techniquement, j’arrive à sentir que je suis au-dessus et que je me fais plaisir en passant vite. Mais je suis avant tout un compétiteur. Ce qui me fait vibrer, c’est d’être à l’avant et d’être dans le money time. Donc, prendre plaisir à jouer des grosses places, à jouer des victoires. Et puis, j’aimerais me rapprocher encore une fois du Top 10 en Coupe du Monde.