Par

Brian Le Goff

Publié le

25 oct. 2025 à 21h08

« Main droite en haut. On place le coude face à la barre et on part dans le sens des aiguilles d’une montre. » En ce début de soirée d’automne, alors que la nuit tombe et que la frénésie du jour se calme, la voix d’Alice Chapalain guide ses élèves. Au studio Pole Loft, dans un local d’un quartier du sud de Rennes, ces femmes soufflent, rient et s’encouragent durant leur cours. Pour actu Rennes, elles ont accepté de nous partager leur ressenti vis-à-vis de cette discipline sportive loin des clichés et forte de valeurs pour se réapproprier son corps.

Des élèves, hommes et femmes, de 9 à 68 ans

« Pole Loft a été créée il y a environ trois ans et on compte 150 élèves, dont des hommes et des femmes, de 9 à 68 ans. On donne des cours de pole dance gymnique sportive, donc on apprend des figures autour de la barre et on lie tout ça dans un combo à la fin de chaque séance », présente sa fondatrice, Alice.

Alice Chapalain, fondatrice de Pole Loft à Rennes.
Alice Chapalain, fondatrice de Pole Loft à Rennes. (© Brian Le Goff / actu Rennes)

Après un échauffement au sol, les 10 femmes inscrites au cours entament une première figure pour rentrer dans le vif du sujet : le pencil. Il s’agit d’une figure qui consiste à se tenir en l’air, parallèle à la barre, en tournant autour ou non.

Les bras et tout le corps entier sont engagés. Ça permet de tracter son poids et c’est loin d’être facile. En pole dance, on sollicite tout le corps. C’est ça le défi.

Alice Chapalain
Fondatrice de Pole Loft Rennes

Pour les élèves de ce soir, pas de difficulté, toutes pratiquent depuis plusieurs mois ou plusieurs années. C’est le cas de Juliette, 38 ans et paysagiste. « On m’a offert trois cours d’initiation à la pole il y a deux ans et, maintenant, je viens deux fois par semaine pour m’entraîner », retrace-t-elle.

« Quand on a le corps qui change, c’est aussi l’esprit qui change »

Plus que le côté gracieux, c’est le côté physique qu’apprécie le trentenaire. « Si on est assidu, on progresse rapidement, donc on a envie de revenir. » Maeva, 31 ans et mère d’une fille de 3 ans, confirme sa camarade : « Ça m’a permis de dessiner mon corps, de découvrir des muscles auxquels je n’avais jamais pensé, notamment au niveau des bras et des épaules que l’on sollicite beaucoup. »

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Quand on a le corps qui change, c’est aussi l’esprit qui change. Ça nous donne un mental de guerrière et de la force dans notre vie. Pour moi, c’était aussi le moyen de retrouver une vie sociale après la naissance de sa fille.

Maeva
Pratiquante de pole dance sportive à Pole Loft Rennes

Celle qui avait hésité à annuler son premier cours ne regrette pas d’y être finalement allée. « C’est ma parenthèse à moi. Ça m’aide dans la vie de tous les jours. Comme on se filme souvent, on peut montrer des vidéos à nos proches et ça me touche de les voir fiers de moi. »

« Plus confiance en moi »

Et c’est justement leur propre regard et celui des autres, à l’intérieur du cours comme à l’extérieur, que les pratiquants apprennent à apprivoiser. « Dans la salle de cours, il y a des miroirs. Ce n’est pas toujours évident de se voir dans le miroir ou d’accepter de se montrer devant d’autres personnes, reprend Juliette. Mais, il y a de la bienveillance entre nous, on se motive entre nous. On ne sent pas de jugement. Ça m’a vraiment permis d’avoir plus confiance en moi. »

Je ne sais pas si je n’ai plus de complexes, mais j’assume davantage mon physique, mes rondeurs, etc.

Juliette
Pratiquante de pole dance sportive à Pole Loft Rennes

« L’ego est boosté. Déjà, quand on réussit une figure, tout le monde s’applaudit. On est en petite tenue tout le temps, donc on apprend à aimer son corps », continue une autre élève.

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En faisant de la pole dance, toutes les femmes apprennent à aimer leur corps. (© Brian Le Goff / actu Rennes)« Ce qui compte, c’est de voir de quoi notre corps est capable »

Au départ, beaucoup de pratiquants viennent avec des tenues un peu longues, qui cachent certaines parties du corps qu’ils ou elles ne veulent pas montrer. « Mais très vite, on se rend compte que, pour pratiquer la pole dance, on est obligé d’être en short et brassière, afin qu’un maximum de peau adhère à la barre », observe Alice.

On est forcément confronté à l’image de son corps. Dans notre société actuelle, on peut avoir des complexes. Les filles ont peur et se disent « Et si je suis mal épilée » par exemple. Mais, en fait, on s’en fiche. Ce qui compte, c’est de venir passer un bon moment et voir de quoi notre corps est capable. Donc, on partage cette fierté de s’accepter, s’aider et s’élever ensemble.

Alice Chapalain
Fondatrice de Pole Loft Rennes

Et l’adhérence de la peau à la barre peut provoquer quelques douleurs, « mais on s’accroche et on persévère ». « Je pense que ce sont deux valeurs qui sont importantes dans la discipline, comme dans la vie aussi. »

« Un chemin d’apprentissage et dépassement de soi »

Coach professionnelle en entreprise, Coralie, 47 ans, fait partie des premières élèves de l’école depuis son ouverture : « C’est un sport qui m’aide dans mon métier. Il m’a appris la persévérance malgré la difficulté. Il y a beaucoup de figures que l’on peut mettre beaucoup de temps à appréhender et, plus on vieillit, moins on est souple, donc on apprend à dépasser la difficulté et à se dire, stop, là, je suis fatiguée, je ne vais pas réussir, donc, je me repose et reviens. »

C’est quelque chose que d’aller toujours chercher plus loin et toucher les limites de son corps. Ça fait évoluer son rapport au corps et la manière dont on se le réapproprie tel qu’il est, avec ses forces et ses limites, tout en étant en accord avec ça.

Coralie
Pratiquante de pole dance sportive à Pole Loft Rennes

« On n’imagine pas réussir, alors quand on y arrive, c’est un chemin d’apprentissage et de dépassement de soi, sans pour autant être dans quelque chose d’excessif. Quand j’ai commencé, je ne pouvais même pas me soulever et finalement, ça marche au fur et à mesure », souligne Coralie.

« J’avais déjà cette image d’un sport physique, avec de belles femmes et c’est ce que j’ai retrouvé ici avec les profs et les copines », ajoute Magda, 33 ans.

Magda et Maeva observent Alice leur montrer une figure.
Magda et Maeva observent Alice leur montrer une figure. (©Brian Le Goff / actu Rennes)Une thérapie pour les femmes atteintes d’un cancer du sein

Elle a commencé la pole dance avec une amie qui avait un cancer du sein : « Ça lui a redonné un coup de boost et fait beaucoup de bien au moral. Je l’ai accompagné et je suis tombée amoureuse de tout ce que ce sport représente. »

En effet, en plus de dispenser des cours à 150 élèves, l’école Pole Loft organise également une session gratuite un samedi par mois dédiée aux femmes atteintes d’un cancer du sein avec l’association Rose’n pole. « Avec Laure-Anne Billot, qui est présidente de l’association et kiné spécialisée pour les femmes atteintes d’un cancer du sein, on donne ensemble des cours. Elle, plus sur l’aspect médical, et moi sur l’aspect apprentissage. Ainsi, ces cours permettent à ces femmes de retrouver leur féminité, c’est vraiment une thérapie », conclut Alice.

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