En embrassant avec passion une carrière d’architecte, Zaha Hadid a contribué à faire bouger les lignes d’un métier alors considéré comme masculin. Et avec brio !

Portrait d’une architecte déterminée

Née à Bagdad en 1950, Zaha Hadid étudie d’abord les mathématiques à Beyrouth avant de rejoindre Londres et l’Architectural Association School, où elle obtient son diplôme en 1977.

Sa formation initiale en mathématique marque profondément son approche architecturale : lignes géométriques, grands espaces et volumes dynamiques deviennent sa signature.


Zaha Hadid, l’architecte qui a influencé le monde de l’architecture. © Giovanna Silva

En 1979, elle fonde Zaha Hadid Architects à Londres. À une époque où les femmes sont rares à la tête d’un cabinet, elle s’impose par son audace malgré des débuts difficiles. Sa détermination et sa vision architecturale finissent par lui ouvrir une reconnaissance internationale et son premier succès en 1993 – la caserne de pompiers du campus Vitra, à Weil-am-Rhein – lui accorde une crédibilité incontestable, même si « en tant que femme architecte, on est toujours en marge », confiait-elle au Financial Times en 2015

Une virtuose de l’architecture

Son architecture, inventive et fluide converse avec la ville. Chacun de ses projets raconte une histoire, s’intègre à son environnement et invite les visiteurs à déambuler.

Et alors qu’elle répond à un cahier des charges, elle voit plus loin et repousse les limites pour donner vie à une architecture inventive et fonctionnelle. Ses structures transforment la ligne de l’horizon, ondulent et zigzaguent, cassant les codes des bâtiments traditionnels.


L’intérieur de l’aéroport international de Pékin-Daxing, ouvert en 2019. © Hufton+Crow

Son travail est reconnu, adulé, récompensé. En 2004, elle devient la première femme à recevoir le prestigieux prix Pritzker d’Architecture, une reconnaissance qui brise les codes d’un milieu longtemps masculin et prouve qu’une femme peut s’imposer au plus haut niveau avec des créations audacieuses et non conventionnelles. Enseignante à Harvard, Yale et Columbia, Zaha Hadid incite ses élèves à dépasser les conventions… tout comme elle.

Une architecte influente et distinguée

Zaha Hadid continue de défier la linéarité et en est récompensée. Considérée comme l’une des femmes les plus influentes du monde (magazines Forbes et Time), elle accumule les prix et les distinctions : Praemium Imperiale de la Japan Art Association, « artiste pour la paix » par l’Unesco, « Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres » par la République française, « Dame Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique » par la Reine Elizabeth II ainsi qu’une Médaille d’or royale.

Zaha Hadid s’éteint le 31 mars 2016 et laisse derrière elle un héritage colossal : près de 950 projets dans 55 pays, portés par une équipe internationale, fidèle à sa philosophie.

Quelques œuvres de Zaha HadidMAXXI, musée des Arts du XXIe siècle – Rome (Italie), 2009

Pour ce musée, Zaha Hadid reçoit, en 2010, le prix Stirling, récompensant le meilleur bâtiment de l’année.


Le « musée de béton » futuriste édifié à Rome en 2009. © Hufton+Crow

Constitué de béton, d’acier et de verre, ce bâtiment aux espaces déstructurés et fluides forme une composition futuriste d’exception.

Le Centre Heydar Aliyev – Bakou (Azerbaïdjan), 2012

Ce bâtiment tout en courbes est l’emblème d’une architecture – et d’un pays – qui rompt avec l’austérité soviétique alors habituelle dans ce pays.


Le Centre Heydar Aliyev, emblème architectural de Bakou. © Hufton+Crow

Bien plus qu’un simple équipement culturel, il incarne l’élan d’un pays jeune, indépendant depuis 1991, tourné vers l’avenir et l’optimisme.

520 West 28th Street – New York (États-Unis), 2017

Premier projet new-yorkais de Zaha Hadid achevé après son décès, le bâtiment résidentiel 520 West 28th Street ne porte pas officiellement sa signature d’architecte. Faute d’accréditation américaine, elle a été désignée comme « simple » designer.


À proximité d’un immeuble en brique rouge typiquement new-yorkais, s’élève le 520 West 28th Street. © Hufton+Crow

Mais son empreinte est indéniable : façade en acier façonné à la main, lignes en chevrons, intérieurs luxueux… Une réalisation placée, une fois encore, sous le signe de l’audace et de l’optimisme.

Station de métro du King Abdullah Financial District – Riyad (Arabie saoudite), 2024

Si ce projet a débuté en 2012, son ouverture en 2024 reflète l’héritage architectural de Zaha Hadid à ses équipes. Son esthétique montre une façade qui semble se mouvoir grâce à ses motifs, interprétation du vent du désert laissant des traces dans le sable.


La façade en « treillis » de la station de métro du King Abdullah Financial District. © Hufton+Crow 

Cette station de métro s’avérait essentielle pour le développement du quartier et l’amélioration de la qualité de vie de Riyad, en Arabie saoudite.