Publié le
24 oct. 2025 à 17h33
; mis à jour le 24 oct. 2025 à 19h02
Mercredi 15 octobre, une salariée d’une quarantaine d’années a sauté depuis une fenêtre située au 1ᵉʳ étage du siège de l’Office métropolitain de l’habitat du Grand Nancy (OMh Grand Nancy), rue Saint-Léon, près de la gare de Nancy. Cet acte est arrivé après la réception d’un mail reprochant son management par le directeur général de l’office.
Après avoir rencontré les représentants du personnel, Mathieu Klein, en tant que président de l’OMh Grand Nancy, a annoncé que deux enquêtes conduites par des audits externes allaient être menées.
« Ça a été une injustice de plus que je n’ai pas su gérer », affirme la victime
Contactée au téléphone par Lorraine Actu, la victime qui est toujours hospitalisée se veut rassurante : « Psychologiquement, ça va. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien. Physiquement, le puzzle est en train de se remettre en place. J’ai déjà eu deux opérations et il m’en reste une pour le bassin. Si celle-ci se passe bien, je pourrai entamer la rééducation. »
Elle affirme n’avoir « jamais eu envie de mourir » : « Ce mail, ça a été une injustice de plus que je n’ai pas su gérer. Le directeur général me reproche d’avoir mis quelqu’un de côté lors d’un repas de direction alors que c’était un repas, en dehors du temps de travail, pour le départ en retraite d’un collègue et que je n’ai pas organisé. Je n’ai jamais voulu écarter quelqu’un. Ses accusations sont totalement infondées. »
Sauvée grâce au geste d’une collègue
Immédiatement, elle s’est rendue dans le bureau du directeur des ressources humaines (DRH) qui était en copie du mail : « Il n’était pas là donc j’ai été dans le bureau d’une de ses collaboratrices. Elle a su me dire les mots pour me calmer. Et là mon DRH est arrivé et au lieu de m’expliquer calmement, il m’a dit : »Prends tes affaires et rentre chez toi ». Je suis remonté dans mon bureau pour prendre mes affaires et pas pour sauter. Il m’a suivi avec deux autres personnes et je me suis sentie acculée et la fenêtre m’a semblé être la seule sortie. »
Quand j’ai glissé du rebord de la fenêtre, j’ai une collègue qui était là et qui m’a rattrapée. C’est elle qui a freiné ma chute. Si je suis encore en vie aujourd’hui, c’est parce qu’elle a essayé de me donner la main.
La salariée de l’OMh du Grand Nancy
« Ils doivent être suspendus le temps de l’enquête sinon rien ne changera »
Selon elle, de nombreux salariés et des cadres subissent beaucoup de pression et une sorte de harcèlement, notamment à cause de la feuille de route pour redresser les finances de l’office et qui a mené à une réduction du nombre de salariés.
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Interrogée sur les enquêtes qui vont être menées, elle reconnaît que c’est positif mais craint que cela ne soit pas suffisant si le directeur général et le directeur des ressources humaines ne sont pas suspendus pendant celles-ci : « La parole ne se libérera pas tant qu’ils rôderont au sein de l’office et que les salariés ne se sentiront pas libres de parler. »
Un mail « ni vexatoire ni diffamatoire », affirme le directeur général
Rencontré jeudi soir, Mathieu Klein, en présence de Jérôme Dal Borgo, le directeur général de l’OMh Grand Nancy, a détaillé les mesures mises en place à la suite de cette défenestration : « Une cellule psychologique et une permanence téléphone ont été mises en place et sont toujours actives. Ensuite, deux enquêtes, chacune externalisée, vont être conduites : la première sur l’arbre des causes pour identifier les causes de ce drame pour que cela ne se reproduise pas, la deuxième sur les risques psychosociaux pour analyser les conditions et les risques au travail. »
Je ne veux pas me lancer dans une analyse des causes au doigt mouillé. Si j’ai souhaité mettre en place ces dispositifs, c’est justement pour pouvoir objectiver au mieux parce que nous devons ce qui se rapprochera au plus de la vérité à tous les salariés de l’Omh.
Mathieu Klein
Président de l’Office métropolitain de l’habitat du Grand Nancy
Le directeur général reconnaît avoir envoyé ce mail à la salariée : « Il n’était ni vexatoire, ni diffamatoire. Il avait simplement vocation à alerter. […] Il n’avait aucun caractère de harcèlement, c’était de la prévention et de l’inquiétude. Après, par rapport au message que j’ai voulu faire passer et la perception par la collaboratrice et l’acte derrière, bien entendu que je n’imaginais pas cette onde de choc et je ne l’ai jamais souhaité. »
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