Alors que les ventes de yearlings battent des records dans le haut de gamme, la réalité économique de l’élevage de chevaux de course s’assombrit. États-Unis, Irlande, Angleterre… Partout, les naissances s’effondrent, signe d’une filière fragilisée à la base.
Outre-Manche les indicateurs d’élevage sont dans le rouge
Il y a quelques semaines, dans nos colonnes, nous vous rapportions la situation délicate de l’élevage américain. En effet, outre-Atlantique, derrière l’explosion du chiffre d’affaires des grandes agences de ventes portée par le très haut de gamme, la réalité du terrain pour l’ensemble de la filière est nettement moins glamour. En quelques années, le nombre de naissances dans le pays est passé de 50 000 à 20 000.
Vu de France, ce constat peut sembler assez éloigné, en raison des faibles connexions directes entre nos deux industries. Mais le fait que la situation soit similaire en Irlande et en Angleterre est tout de suite plus inquiétant. Dans son dernier Return of Mares, Weatherbys annonce que le nombre de naissances a baissé de 9,5 % en un an, passant de 12 578 à 11 374. Si l’on élargit le spectre, on constate une baisse de 33 % depuis 2006. La Grande-Bretagne est moins touchée que son voisin irlandais : le Royaume-Uni a vu son nombre de naissances baisser de 5 %, contre 12 % en Irlande.
Derrière les yearlings millionnaires se cache une autre réalité
Cette baisse moins prononcée s’explique par la différence du panorama de l’élevage dans ces deux contrées. En Angleterre, on compte beaucoup de richissimes éleveurs-propriétaires, moins dépendants des aléas macroéconomiques, tandis qu’en Irlande, la plupart des élevages ont une vocation purement commerciale. Dès lors, avec l’explosion récente des coûts de production (prix de saillie, matières premières, énergie, coût du travail, etc.), seulement 29 % des yearlings passés en vente en 2024 ont généré un profit, tandis que les 5 % les plus performants représentaient 40 % du chiffre d’affaires britannique. C’est donc logiquement que, face à ce constat, les éleveurs « resserrent le jeu », comme on dit dans le football.
De plus en plus d’éleveurs réduisent la taille de leurs cheptels
Ajoutez à cela le fait que l’Angleterre est en crise et que même des propriétaires aux poches profondes réduisent leurs investissements dans les courses, et vous obtenez une situation pour le moins tendue. Moins de naissances impliquent mathématiquement moins de partants à l’avenir, et donc des droites télés moins généreux. En France, les chiffres pour cette année n’ont pas encore été divulgués, mais tout porte à croire que la tendance sera similaire à celle de nos voisins. Pour rappel, selon l’IFCE, entre 2018 et 2024, le nombre de naissances de chevaux de course est passé de 26 608 à 22 960, soit une baisse de 13 %.