Vous revenez à Nancy. On ne vous sent jamais fatiguée, ni même lassée…
« Ah ben non, c’est pas possible dans ma tête ! Moi, je vais très, très bien. Et surtout, je suis heureuse de faire ce que je fais. Je ne serai jamais lassée. Vous savez, c’est ma vie. Je disais récemment à Pascal Obispo dans un train : “Qu’est-ce que tu penses de tout ce qu’on a fait, toi de ton côté ?”
Moi, c’est pareil : tous les week-ends, je suis contente de partir, d’aller chanter , de revenir. C’est comme quelqu’un qui aime pêcher : il le fait chaque week-end et il est heureux. C’est vrai que c’est exceptionnel d’être encore là après cinquante ans. Mon mari me le dit souvent, mais moi je ne m’en rends même pas compte. Ça passe tellement vite. Ce métier, c’est ma vie. »
Quand vous repensez à votre parcours, quels souvenirs ou rencontres ressortent ?
« Ma plus belle rencontre, c’est celle avec Louis de Funès. En 1982, il est venu me voir au Palais des congrès. J’ai dit aux enfants dans la salle : “Vous vous rendez compte ? Il y a Louis de Funès ici !” Et les enfants criaient : “Faites-nous des grimaces !” Il répondait : “Les grimaces sont dans le placard !” C’était formidable.
Et puis il y a eu Barbara. Elle faisait venir tout son village à mes spectacles ! Elle louait un autobus et refusait qu’on lui offre des places. Après mes concerts, elle me disait : “ Ma petite Chantal, ce que tu fais est unique. Tu seras toujours là.” Et elle avait raison. Tous ces enfants qui criaient sont aujourd’hui devenus les parents de mon public actuel. Elle avait vu juste. »
Votre univers n’a pas changé. Vous n’avez jamais eu envie de le moderniser ?
« Jamais. J’aime garder les mêmes choses toute ma vie. Mes costumes, mes décors, mes chansons… Ce serait ridicule de les moderniser, car c’est intemporel. Quand quelque chose me plaît, je le garde pour toujours. Jean-Jacques Debout est un grand mélodiste. Ses chansons traversent les générations. C’est comme Le Petit vin blanc que chantait ma grand-mère : ce sont des airs qui ne s’effacent jamais. »
Vous parlez souvent du rapport au public. Comment vivez-vous l’époque des réseaux sociaux ?
« Je ne comprends pas ce monde-là ! Mon téléphone, ça s’arrête aux mails et aux messages. Je ne vois pas ce qu’ils ont à se photographier toute la journée. Nous, on rêvait devant Romy Schneider, Alain Delon , Brigitte Bardot … On ne se montrait pas, on admirait. Le seul filtre que je connais, c’est celui du café ! (rires)
Mais j’ai la chance d’avoir mon public devant moi. Les gens me parlent, me prennent en photo dans les trains, dans les salles. Maquillée ou pas, je m’en fiche. Ce contact direct, c’est ce que j’aime. Certains me disent : “On vous découvre autrement.” Je suis naturelle, sans filtre, et je crois que c’est ce qui plaît. »
Le costume de Pandi Panda va-t-il faire son retour ?
« Oui ! J’ai retrouvé la costumière qui l’avait créé pour moi en 1984, quand elle avait 20 ans. Elle est maintenant costumière pour Mask Singer. Elle m’a dit que c’était un travail très long, car c’est fait à l’ancienne, mais elle va me le refaire à l’identique. Elle veut qu’il soit parfait, exactement comme à l’époque. Il devrait être prêt pour fin novembre. J’aurais aimé l’emmener à Beyrouth (le 8 novembre), mais ce sera pour plus tard. Il reviendra comme s’il n’était jamais parti ! »
Après une telle carrière, avez-vous un regret ?
« Oui, un seul : que mon papa soit mort avant que je sois connue. Il est décédé en septembre 1975, juste avant le succès d’ Adieu les jolis foulards. C’est pourtant grâce à lui que j’ai pu faire le disque : il m’avait donné un peu d’argent pour le produire. Et tout est parti de là.
Ma carrière a été exceptionnelle grâce à Jean-Jacques Debout et à tous ceux qui nous ont entourés. Aujourd’hui, on fête les 50 ans de scène avec un grand spectacle dans tous les Zénith de France : Le Soulier qui vole , Le carrosse-escargot , L’arbre Monsieur le chêne … Tous les décors d’origine, les enfants sur scène, les danseurs, la lumière. On sera une vingtaine sur scène avec cinq semi-remorques de décors ! Tout ça pour continuer à faire rêver les gens.
Les gens me disent souvent : “Vous nous rassurez”. Et c’est sans doute ça, la magie de mes chansons. »
Chantal Goya sera au Zénith du Grand Nancy le dimanche 23 novembre.