Ils sont des habitués des puces de Saint-Ouen et plus particulièrement du marché Paul-Bert-Serpette. Marion Mailaender, Adrien Meira, Sophie Dries, Rudy Guénaire, 4 architectes d’intérieur de premier plan, nous emmènent dans les allées à la rencontre de leurs marchands favoris.

C’est le rendez-vous incontournable des chineurs. Le mythique marché Paul-Bert-Serpette aux puces de Saint-Ouen est le lieu où, chaque week-end, se croisent les amateurs passionnés de brocante et d’antiquités et les collectionneurs aguerris. Les architectes et décorateurs en quête de pièces d’exception sont nombreux à fréquenter les allées jalonnées de 350 stands qui recèlent des trésors. Marion Mailaender, Adrien Meira, Sophie Dries et Rudy Guénaire, parmi les architectes d’intérieur les plus en vue du moment, ont accepté de nous livrer leurs adresses coups de cœur et leurs conseils. Suivez nos guides !

Marion Mailaender : «Trouver des objets bizarres»

Marion Mailaender aime les pièces étonnantes sélectionnées par Arthur Bruet.
Paul-Bert-Serpette

L’audace qu’elle cultive avec agence d’architecture d’intérieur a séduit le monde de la création. Parmi ses clients elle compte ainsi Sophie Calle, Amélie Pichard, La Horde, ainsi que les maisons Hermès et Chanel. 

Pourquoi elle chine : «J’attribue une grande place aux pièces vintage par goût et par principe. Elles ont une histoire, une patine qui leur donne une personnalité. J’aime aussi l’idée de trouver des objets bizarres, qui ne ressemblent à aucun autre, des curiosités. Je trouve aussi que nous produisons trop de meubles et d’objets alors que la ressource vintage est géniale et disponible tout de suite.»

Son adresse favorite au Marché Paul-Bert-Serpette : «Le stand d’Arthur Bruet est hors du commun. Il propose des pièces incroyables qu’il met en scène avec une grande liberté. Il peut vendre un œuf au plat géant en résine, des miroirs déformant des années 1920 tout comme des nécessaires de bureau de Jacques Adnet, ou un salon de Jardin en Rocailles.»

Son conseil pour bien chiner : «Se rendre souvent aux puces ! Lorsque j’habitais Paris, j’y allais quasiment tous les samedis matin. Au fur et à mesure, l’œil se fait, on reconnaît les marchands et surtout les marchandises. L’autre conseil, c’est de discuter avec les marchands, ce sont des sources inépuisables de culture. Et le dernier conseil, c’est de ne rien chercher de particulier en gardant les yeux bien ouverts.» 
Contact : marionmailaender.com  

Adrien Meira : «Exprimer son goût»

Chez Max Keys se côtoient époques et styles.
Paul Bert Serpette

Il ose ! Et c’est ce qui séduit ses clients. Accrocher dans une maison moderniste des années 1930 une collection d’art contemporain, détourner le classicisme d’un hôtel particulier parisien du XVIIe siècle avec des pièces de mobilier modernes…. Adrien s’affranchit des modes et des mouvements pour cultiver un univers très personnel. Une démarche sans doute nourrie par ses premières expériences en tant que scénographe pour des galeries de renom lors de foires d’art internationales.

Pourquoi il chine : « Je ne travaille presque qu’avec des pièces vintage. Je ne sélectionne jamais de rééditions neuves, car, selon moi, elles n’ont pas d’âme. La patine, les marques du temps et l’authenticité sont, à mes yeux, indispensables. Acheter du vintage est une manière d’exprimer son goût et sa personnalité à travers l’histoire. Associer différentes périodes et styles de façon authentique permet de créer un intérieur à la fois personnel et unique.»

Son adresse favorite au Marché Paul-Bert-Serpette : « J’ai de nombreuses adresses favorites à Paul Bert Serpette, mais si je devais en choisir une en ce moment, ce serait Max Keys. C’est un marchand particulièrement dynamique qui propose régulièrement une sélection remarquable de pièces de tous styles et époques, toujours uniques. Ces pièces ne sont pas nécessairement signées par de grands designers, mais elles se distinguent par leurs lignes, leurs couleurs ou leurs matières, toujours inspirantes.

Son conseil pour bien chiner : « Pour dénicher une pépite aux Puces, il est essentiel d’y aller avec un esprit alerte et une curiosité éveillée, plutôt que de se fixer sur une idée trop précise. Chiner demande du temps, et il faut accepter que l’on ne trouve pas toujours la pièce manquante. En adoptant cette approche, on multiplie les chances de découvrir des trésors insoupçonnés. Prendre le temps d’observer chaque objet individuellement permet d’en apprécier pleinement son caractère et son histoire. Mes plus belles acquisitions ont toujours été des trouvailles imprévues, qui continuent aujourd’hui de m’émerveiller. Ce sont précisément ces surprises qui confèrent aux Puces tout leur intérêt et leur singularité. » 
Contact : @adrienmeira

Sophie Dries : «Naviguer entre les époques»

Le culte des années quatre-vingt chez Remix Gallery.
Paul Bert Serpette

Avant de créer son studio à Paris en 2014 puis un bureau à Milan en 2017, elle a travaillé avec des références de l’architecture et du design : Jean Nouvel, Pierre Yovanovitch, les ateliers Christian Liaigre. Loin de toute idée préconçue, puisant son inspiration dans des styles multiples, elle multiplie les projets : résidences privées, boutiques et hôtels de luxe, expositions, scénographies…

Pourquoi elle chine : «Réaliser des projets d’architecture d’intérieur en total look avec uniquement des pièces de mobilier neuves est un exercice lisse… Trop bien fait ! Le dialogue se crée quand on navigue entre différentes époques, que ce soit dans un hôtel particulier avec du mobilier années quatre-vingt et des créations contemporaines, ou dans un loft minimal avec des chaises en bois tourné du Moyen Âge et des œuvres classiques autour.»

Son adresse favorite au Marché Paul-Bert-Serpette : «J’aime le design des années quatre-vingt que je collectionne et je place des pièces de cette période sur mes projets. Je fréquente donc Remix Gallery et Nans Bouchet, les meilleurs marchands en la matière. J’adore aussi le stand mode de Maxime de Laurentis, c’est du vêtement mais pour moi ce sont des morceaux d’histoire qui m’inspirent.»

Son conseil pour bien chiner : «Flâner aux Puces dans les allées puis faite un bon déjeuner au restaurant Bonne Aventure.»
Contact : sophiedries.com

Rudy Guénaire : «Faire une rencontre»

Rudy Guénaire aime déambuler dans les allées des Puces sans but, en laissant son regard capter l’inattendu.
Paul Bert Serpette

C’est en suivant les chantiers de ses restaurants à succès, PNY, que Rudy s’est pris de passion pour l’architecture d’intérieur. Après avoir passé huit ans à scruter, étudier, observer, les autres… il décide de se lancer. Il teste d’abord ses aptitudes en rénovant son appartement puis crée son studio, Night Flight, en 2021. Il signera dans un premier temps le décor et le mobilier des nouvelles adresses PNY pour ensuite développer des collaborations avec Matsuri et d’autres acteurs de la gastronomie notamment.

Pourquoi il chine : « Il n’y a rien de plus triste sur terre qu’une applique neuve qui sort de son carton. J’ai une vénération absolue pour les Japonais qui ont développé une sensibilité extraordinaire à la patine et savent lire dans les imperfections des objets tout le tragique de la vie.»

Son adresse favorite au Marché Paul-Bert-Serpette : « Je vais toujours prendre un café croissant au Café La Crème avant de conclure toute affaire ! Mais sinon, je suis incapable de ne citer qu’une seule adresse. Ce qui fait le charme du marché Paul Bert Serpette, c’est surtout d’y flâner sans but précis et de laisser son regard s’accrocher à l’inattendu. Et alors… on fera peut-être une rencontre. Une rencontre, comme l’entendait Gilles Deleuze, de celle qui marque une vie ! Avec un artiste, une époque, un matériau, un vendeur…»

Son conseil pour bien chiner : « Éviter d’avoir l’air d’un touriste américain.» 
Contact : studionightflight.com