« Je préfère aller de l’avant, ne pas m’apitoyer sur mon sort. » Le sort s’acharne sur Chrystelle Douheret. Cette mère de famille de bientôt 46 ans se bat pour la deuxième fois contre un cancer du sein. Il y a quelques mois, elle a senti à nouveau une grosseur dans son sein droit. Le diagnostic est sans appel : c’est une récidive d’un cancer qu’elle a eu il y a huit ans.
« J’ai perdu mon papa d’un cancer cette année-là, raconte-t-elle avec pudeur et émotion. Je pense que le choc émotionnel est pour beaucoup dans le déclenchement du mien. Mon père avait un syndrome de Lynch*, tout comme moi. Le terrain était plus favorable au crabe. »
Ce syndrome, son fils Kyllian l’avait aussi. Ce dernier est décédé d’une tumeur au cerveau en mars 2025, à 22 ans. Mais malgré ces épreuves, Chrystelle Douheret « s’accroche ». « Je me dois de continuer à avancer », martèle-t-elle. « Pour moi, pour mes proches, pour ma fille, pour mon compagnon ». Elle veut porter « un message d’optimisme ». C’est pour cela qu’elle a contacté le Journal de Saône-et-Loire à l’occasion d’Octobre rose, mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein ?
« Ce n’est qu’un sein, les cheveux repoussent… »
« J’ai perdu mes cheveux à nouveau, j’ai eu une mastectomie totale, je dois poursuivre une chimiothérapie… Mais j’essaye de relativiser. Dans ces épreuves, je me raccroche au positif. Ce n’est qu’un sein, les cheveux repoussent… »
« Ce n’est pas sourire pour sourire, poursuit-elle. Je ne suis pas dans le déni, mais je me dis que je pleure ou que je crie, cela ne changera rien à part alimenter du négatif. Je suis persuadée qu’un bon moral fait 50 % de la guérison. »
Elle mène donc un combat, « mais avec bienveillance ». « Ce serait irrespectueux vis-à-vis de mes enfants et de mon compagnon de ne pas continuer à me battre. » « Pour toutes les années volées à mon fils, pour ce qu’a vécu ma fille, je me dois de continuer d’avancer. »
Un livre avec les écrits de son fils
« Et puis, continue-t-elle, je me lève, je respire, j’ai mes deux bras, mes deux jambes. Je fais des choses que je n’avais pas eu le temps de faire jusqu’ici. Des choses qui sortent de l’ordinaire. Je tiens à rester femme et digne. Je m’écoute, je fais la sieste, je mange bien. Je ne veux pas me laisser abattre. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de coups de mou, mais je suis bien entourée. »
Évaluatrice des besoins pour les personnes âgées, elle doit reprendre le travail en janvier. Mais elle se pose des questions sur son avenir professionnel. « Est-ce que j’ai encore envie d’évoluer dans un environnement où la maladie et la vieillesse sont très présentes ? Je ne suis pas sûre. Je verrai. »
En attendant, elle a des projets de voyages, avec sa fille notamment. Et son fils a laissé de nombreux écrits de ses derniers mois de vie, pleins de très beaux messages et de leçons de vie. « Il adorait la lecture. Alors je me dis que, peut-être, nous pourrions écrire un livre ensemble. »
*Le syndrome de Lynch est une maladie génétique responsable d’une augmentation du risque de développer certains cancers.