La plus grande ville des Etats-Unis commence ce samedi 25 octobre à élire son nouveau maire, avec le vote anticipé par correspondance. Et le nom qui sortira des urnes à l’issue du jour du scrutin, mardi 4 novembre, pourrait bien être celui de Zohran Mamdani, élu local de 34 ans issu de la gauche du Parti démocrate.

Depuis sa victoire surprise à la primaire démocrate en juin, le représentant du quartier populaire du Queens, adoubé par Bernie Sanders, fait figure de grand favori. Naturalisé américain en 2018, ce fils d’intellectuels issus de la diaspora indienne, musulman et socialiste revendiqué, est un farouche adversaire de Donald Trump, dont il fustige notamment les politiques économique et migratoire.

Dans cette mégapole de 8,5 millions d’habitants parmi les plus chères du monde, Mamdani a bâti sa campagne sur la promesse d’une ville plus «abordable», avec des habitations à loyers encadrés plus nombreuses, des bus et des crèches gratuits.

Face à lui : l’ex-gouverneur de l’Etat Andrew Cuomo, 67 ans, figure de l’establishment démocrate qui concourt en indépendant après avoir perdu la primaire face à son jeune adversaire. Et Curtis Sliwa, un républicain de 71 ans. Selon trois sondages réalisés en octobre, Zohran Mamdani est crédité de 46 à 52 % des intentions de vote, soit entre 11 et 13 points de plus qu’Andrew Cuomo. Curtis Sliwa est loin derrière (entre 15 et 19 % des voix).

Jeudi, l’ex-gouverneur Cuomo a reçu le soutien du maire sortant, le démocrate Eric Adams, lequel avait renoncé à concourir fin septembre au vu de sondages très peu encourageants, après un mandat entaché par des accusations de corruption et un rapprochement avec Trump pour éviter des poursuites judiciaires.

Un temps adversaires, Cuomo et Adams concentrent désormais leurs attaques sur celui qu’ils accusent d’être «anti-business», «un charlatan qui vend du rêve» aux plus pauvres tout en étant devenu «le roi des bobos». Zohran Mamdani se voit aussi dépeint comme un «extrémiste», renvoyé à ses déclarations passées sur la police «raciste», ou représentant une menace pour l’importante communauté juive de la ville du fait de son militantisme propalestinien et ses positions très dures sur la politique d’Israël.

Face à Andrew Cuomo, titan politique à l’image traditionnelle, le jeune élu du Queens, avec ses références de «millennial» et sa grande aisance sur les réseaux sociaux, a également réussi à ramener à lui une partie de la jeunesse qui avait délaissé la politique. Vendredi il a reçu un soutien de poids en la personne d’Hakeem Jeffries, chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, un centriste du parti.

Un retrait de la course du républicain Curtis Sliwa, que beaucoup appellent de leurs voeux, pourrait ouvrir le front anti-Mamdani. Mais le candidat au béret rouge – qu’il porte quasi en permanence – ne veut pas en entendre parler.

Dans ces circonstances, Donald Trump lui-même semble s’être résolu à une victoire de Zohran Mamdani, promettant déjà de lui mettre des bâtons dans les roues. «Je regarde les sondages et il semble que nous allons avoir un communiste comme maire de New York […] Mais voici la bonne nouvelle : il devra passer par la Maison Blanche. Tout passe par la Maison Blanche», a-t-il lancé mardi. Des déclarations qui font également craindre un durcissement des autorités fédérales à l’égard de la ville, après une intervention spectaculaire de la police de l’immigration cette semaine dans Manhattan.