Par
Julie Hurisse
Publié le
25 oct. 2025 à 6h00
Sur le stand des P’tits Doudous au village de la Transat Café L’or au Havre, Nolwenn Febvre s’active. Face à elle, la maquette des P’tits Doudous, fabriquée à Louailles (Sarthe) par Posson Packaging. La dernière réalisation d’une très longue liste en faveur des enfants malades.
A 54 ans, Nolwenn Febvre est présidente, mais surtout fondatrice des P’tits Doudous.
« Je ne peux pas dormir sans mon doudou »
Infirmière anesthésiste pédiatrique au CHU de Rennes, la jeune femme était marquée à chaque fois par les pleurs des enfants. Jusqu’à vouloir raccrocher. Le déclencheur de la création de l’association ? Un petit garçon arrivé au bloc avec une fracture du fémur.
« Il hurlait, on était prêt à l’endormir, il m’a regardé droit dans les yeux et il m’a dit ‘je ne peux pas dormir sans mon doudou’. Je me suis sentie nulle. On était à côté de la plaque. »
Nolwenn Febvre
En 2011, elle tente d’obtenir des doudous pour l’hôpital. « J’ai envoyé un mail à Moulin Roty (ndlr- fabricant de jouets et de doudous), en leur demandant de l’aide. »
La réponse ne s’est pas fait attendre. « J’ai reçu un carton de doudous, c’était génial et ça m’a fait du bien. » Elle distribue les premiers. Le résultat est immédiat. Les pleurs des enfants stoppent. « Je me suis dit qu’il fallait continuer et avec deux collègues, nous avons créé l’association. » Le nom était tout trouvé : Les P’tits Doudous.
La revente de déchets de l’hôpital
Durant la même période, Nolwenn travaillait sur la question des déchets au bloc. Elle s’est penchée sur ce qui était jeté.
« Je suis tombé sur un fil de bistouri électrique de trois mètres de long, je l’ai défait et je me suis retrouvé avec une bobine de fil en cuivre. »
Nolwenn Febvre
Elle ne tarde pas à faire le lien entre le prix de revente et le financement des doudous. Elle en parle à ses collègues qui se passent le mot et lui récupèrent les bobines.
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Le matériel médical récupéré et recyclé. ©Julie HURISSE/Les Nouvelles de Sablé
Devant les quantités, elle officialise la vente auprès de la direction.
« C’était quitte ou double. Ou je me faisais virer où ils officialisaient. » Ils ont choisi la 2e option. Un premier financement pour les P’tits Doudous était trouvé.
Après les doudous, un jeu vidéo
Puis les projets s’enchaînent. « Les enfants pleuraient toujours pour venir à l’hôpital. On a commencé à travailler sur un jeu vidéo dont les enfants seraient le héros. »
L’enthousiasme de Nolwenn est communicatif, de connaissance en connaissance, elle parvient à donner vie à ce jeu en moins de six mois, en 2014. Une étude est menée, le résultat est sans appel. Les enfants arrivent moins stressés au bloc. « Un de mes chefs m’a dit ‘maintenant, moi j’arrête de prescrire des médicaments et je prescris ce jeu’ ».
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160 antennes locales des P’tits Doudous
Elle présente les résultats de cette étude au congrès d’anesthésie nationale. Ses collègues sont très intéressés. Comment faire pour que les autres hôpitaux en France puissent en bénéficier ? L’association nationale naît en 2017 pour que puissent être créées des associations locales. En Sarthe, sont lancées celles de l’hôpital du Mans, Les P’tits Doudous d’Aliénor, celle de la Clinique du Pré et celle de l’hôpital du Bailleul. « Chaque association locale fait son recyclage et vend des objets dérivés. » Il en existe aujourd’hui 160 pour 2 000 soignants engagés.
Nolwenn Febvre et Armel Tripon skippeur des P’tits Doudous sur le village de la Transat Café l’Or. ©Julie HURISSE/Les Nouvelles de SabléL’aventure voile !
L’aventure voile débute en 2016. « Moulin Roty nous a proposé de mettre notre logo à la place du leur sur le bateau d’Armel Tripon. » Le skippeur est d’autant plus sensibilisé que son fils vient d’être opéré. De course en course, la notoriété de l’association ne fait que croître.
« On a commencé à la Route du Rhum et on a multiplié les ventes par dix sur notre site internet. »
Nolwenn Febvre
Sur les stands « les soignants, les salariés, les mécènes, tous bénévoles bossent comme des fous et vivent des moments incroyables ».
Le bateau les P’tits Doudous d’Armel Tripon prendra le départ de la Transat Café l’Or le dimanche 26 novembre 2025. ©Julie HURISSE/Les Nouvelles de Sablé
Une façon aussi de valoriser les soignants ! Et l’aventure voile se poursuit avec la Transat Café l’Or, dont le village est ouvert jusqu’au départ de la course, dimanche 26 octobre.
200 000 enfants accompagnés chaque année
Nolwenn a encore bien des projets en tête, dont celui du suivi de l’enfant au bloc opératoire.
« On laisse son enfant aller au bloc et on ne sait pas ce qui se passe alors que pour un colis on sait exactement où il en est. On travaille sur un projet très important qui s’appelle Keep Contact pour que les parents soient informés en temps réel de l’avancée du parcours de leur enfant en bloc opératoire. »
Nolwenn Febvre
Un projet encore en développement.
Les P’tits Doudous et toute la chaîne de solidarité permettent aujourd’hui d’accompagner « 200 000 enfants par an à l’hôpital » et « de recycler 300 tonnes de déchets chaque année depuis plus de dix ans ». Doublement indispensable.
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