En Suède, le soutien à l’Ukraine passe par les armes – en témoigne l’accord de vente de l’avion de chasse suédois Gripen signé entre les deux pays le 22 octobre -, mais aussi par des moyens plus subtils… Parmi eux : une plateforme de pronostics en ligne, pensée pour aider l’Ukraine à gagner la guerre. Lancée par l’Agence suédoise de recherche pour la défense (FOI) en début d’année, Glimt est une plateforme de paris prédictifs.
Accessible aux internautes aux quatre coins du monde, elle s’appuie sur la méthode dite de « prévision des foules » pour anticiper l’avenir. « Nous avons utilisé cette méthode et ces recherches, et nous avons suggéré aux Ukrainiens que c’était un moyen d’améliorer leur compréhension du monde et son évolution », explique à France 24 Ivar Ekman, analyste à l’Agence suédoise de recherche pour la défense et directeur du programme Glimt.
Éviter les biais cognitifs
Intérêt de cette méthode : éviter les biais cognitifs dont peuvent être emprunts les services de renseignement. Sur Glimt, chaque pronostiqueur utilise les informations à sa disposition pour définir le scénario qui lui semble le plus probable, et peut même étayer son raisonnement en laissant un commentaire. Les membres sont également invités à échanger et à confronter leurs points de vue.
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Avec pas moins de 20 000 inscrits, la plateforme propose ses contenus en suédois, en anglais et en français. Pour chaque enjeu relatif à l’Ukraine, une question est posée à 500 utilisateurs environ. Les données sont ensuite passées au crible par des algorithmes statistiques, qui permettent de les croiser et d’en évaluer la pertinence. Pour chaque question, les utilisateurs jugés « les plus fiables » influent ainsi davantage sur les résultats. Manière de mettre l’intelligence collective au service de prospectives stratégiques.
Concrètement, les questions posées aux utilisateurs vont par exemple de « Volodymyr Zelensky va-t-il rencontrer Vladimir Poutine en 2025 ? » à « Des missiles Tomahawk seront-ils livrés à l’Ukraine avant le 1er février 2026 ? ». 10 % de chances pour la première hypothèse, 25 % pour la seconde, d’après Glimt.
Pondération par pertinence
D’autres questions portent, elles, sur les conséquences économiques du conflit, le contrôle russe de la région de Donetsk à l’été prochain ou encore l’issue des élections législatives de 2026 en Hongrie, alors que son premier ministre Viktor Orban s’affiche comme le plus proche allié de Vladimir Poutine au sein de l’Union européenne. Enfin, interrogés sur la question centrale d’un accord de paix, les utilisateurs de Glimt ont pratiquement tous jugé ce scénario « inenvisageable avant 2026 ».
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Alors que l’administration Trump tergiverse sur le degré de soutien qu’elle souhaite apporter à Kiev, créant un sentiment de flou, cette plateforme est censée aider les Ukrainiens à y voir plus clair et à optimiser leurs stratégies de défense face à la Russie. Un outil de prospective appelé à se généraliser pour d’autres conflits, dans un contexte géopolitique largement incertain.