© S. A. - Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, était à Marseille ce 24 avril pour présenter sa méthode en matière de sécurité.

© S. A. – Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, était à Marseille ce 24 avril pour présenter sa méthode en matière de sécurité.

Vous sentez-vous en sécurité à Marseille ? La réponse ne vous semble pas évidente, et pourtant les opérations politiques se multiplient. Chaque institution défend son bilan : la Ville de Marseille, la Métropole Aix-Marseille Provence, le Département des Bouches-du-Rhône ou encore la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, sans oublier de dénoncer celui des autres. On ne s’y retrouve plus.

Ce 24 avril, Bruno Retailleau (LR) était à Marseille. Date importante pour le ministre de l’Intérieur, puisqu’une action inédite s’est déroulée aux aurores contre une vingtaine de cibles liées au narcobanditisme. Ainsi, il est venu défendre à son tour sa stratégie. Celle-ci est-elle efficace ? A en croire ses déclarations, le ministre est confiant mais mise sur une coopération étroite entre toutes les parties prenantes.

Si ce matin, je suis à Marseille, c’est pour illustrer deux stratégies nouvelles, deux ruptures, deux nouvelles approches en matière de sécurité du quotidien », lance Bruno Retailleau.

Renforcer la sécurité du quotidien à Marseille

Le ministre de l’Intérieur défend une nouvelle approche. « L’action politique, c’est de prendre une position claire, avoir une parole publique à la fois sincère et qui fasse un constat directement lié à la réalité », argue-t-il. Pour renforcer la sécurité du quotidien à Marseille et plus largement dans le département des Bouches-du-Rhône, Bruno Retailleau fait confiance aux acteurs de terrain.

« Paris ne sait pas tout. On protège bien ce que l’on connaît bien », clame-t-il. Selon lui, cela doit être du donnant-donnant : les préfets ont une liberté d’initiative mais en retour les résultats doivent être là. Cette opération de restauration de la sécurité du quotidien se décline en quatre points :

  1. la confiance au terrain en donnant des responsabilités au préfet ;
  2. une action à 360 degrés, en utilisant l’ensemble des leviers à disposition ;
  3. un continuum de sécurité, permettant la coopération de la Ville, de la Métropole, du Département et de la Région ;
  4. des opérations massives et visibles.

Sur le terrain, cela s’illustre par des opérations coup de poing. Le 23 avril, une action massive a eu lieu. « Mille fonctionnaires engagés, 10 000 personnes contrôlées et 106 personnes interpellées, 31 établissements contrôlés et neuf fermetures dans le département des Bouches-du-Rhône », nous liste le préfet de région, Georges-François Leclerc, également préfet de police des Bouches-du-Rhône.

Ce genre d’opération n’a de sens que si elle est répétée et durable. Il y en aura d’autres. C’est un marathon et on s’y engage », déclare Georges-François Leclerc.

© S. A. – Le ministre de l’Intérieur (à droite) souhaite nouer un rapport donnant-donnant avec le préfet de région Georges-François Leclerc (à gauche), également préfet de police des Bouches-du-Rhône. Une opération inédite dans la lutte contre le narcotrafic à Marseille

Mais Bruno Retailleau est surtout fier de présenter à la presse le résultat d’une opération inédite qui s’est déroulée le matin même. Une opération nommée ville sécurité renforcée. Celle-ci a permis l’interpellation de 21 personnes liées au narcotrafic. Mais ces cibles, comme il les appelle, « quasiment toutes atteintes », sont « des responsables de haut niveau du narcobanditisme autour du quartier de La Castellane. On s’attaque au haut du spectre », annonce-t-il fièrement.

Le combat contre le narcotrafic, Bruno Retailleau le mène depuis quelques temps comme il aime le rappeler, notamment lorsqu’il était sénateur avec une commission d’enquête sur le sujet. Avec sa casquette de ministre de l’Intérieur, il souhaite décloisonner et réorganiser l’État face à ce fléau.

Il compte proposer un texte inscrivant une collaboration étroite entre quatre ministères : Intérieur, Justice, les Armées et l’Économie. Mais aussi instaurer une nouvelle organisation avec de nouvelles armes pour les préfets contre la corruption et le blanchissement.

Les préfets vont pouvoir fermer plus facilement les commerces qui sont en réalité des blanchisseuses, ils vont pouvoir se substituer aux bailleurs sociaux et privés pour l’expulsion de ces narcotrafiquants qui occupent des logements sociaux et qui pourrissent des barres entières d’immeubles », explique-t-il.

Bruno Retailleau en est convaincu, « il y aura un avant et un après ce texte ». Mais le ministre de l’Intérieur le sait, « la lutte contre la criminalité organisée prendra du temps ». En d’autres termes il va falloir s’armer de patience.