Le parti miléiste La Libertad Avanza a recueilli 40,84% au niveau national, selon ces résultats partiels annoncés par le chef du cabinet des ministres Guillermo Francos.
Le parti du président ultralibéral argentin Javier Milei a largement remporté les élections législatives de mi-mandat dimanche, avec un peu plus de 40% des votes au niveau national, selon des résultats officiels partiels à 90% du décompte. Le parti miléiste La Libertad Avanza a recueilli 40,84% au niveau national, selon ces résultats partiels annoncés par le chef du cabinet des ministres Guillermo Francos. Il devance Fuerza Patria, bloc représentant une grande partie de l’opposition péroniste (centre gauche), à 24,50%.
Ces législatives de mi-mandat sont cruciales pour le président, désormais certain de muscler sa base parlementaire (actuellement 15% des députés, 10% des sénateurs). Et ainsi d’accroître sa capacité à réformer et déréguler, sur ses deux ans restants de présidence, une économie fragile et en pleines turbulences financières.
Javier Milei avait estimé qu’obtenir un tiers des sièges, dans un Parlement où aucune des chambres n’a de majorité absolue, serait un «bon chiffre», un seuil qui lui permettrait en particulier d’imposer ses vetos présidentiels aux parlementaires. Une projection exacte en gain de sièges n’était pas disponible dans un premier temps dimanche soir sur la base des résultats partiels.
Javier Milei «devra prendre un virage pragmatique»
L’approche des élections avait vu ces dernières semaines une intense pression sur la devise argentine, le peso, trahissant la défiance des marchés financiers, qui le jugent surévalué, et leur inquiétude pour le maintien du cap d’austérité, en cas de revers électoral pour Javier Milei.
Plusieurs fois en octobre, le Trésor américain est intervenu sur le marché des changes pour acheter du peso et empêcher sa chute. Faisant redouter à nombre d’Argentins l’imminence d’une dévaluation, ou d’une forte dépréciation, post-élections. Nombre d’analystes estiment qu’au-delà du résultat du scrutin, Javier Milei «devra prendre un virage pragmatique», comme pressent la politologue Lara Goyburu. «Retrouver la capacité de négociation qui lui permit de faire passer des textes» en début de mandat.
Depuis 2023, le chef de l’État a beaucoup légiféré par décrets, ou accords législatifs ponctuels dans l’hémicycle. Mais il s’était vu de plus en plus entravé ces derniers mois par un Parlement braqué par sa rigidité, voire ses insultes: «nid à rats», «dégénérés»… L’opposition modérée, des secteurs de l’économie productive argentine mais aussi des bailleurs internationaux, à l’instar du FMI, ont demandé avec insistance à l’exécutif «de renforcer le soutien politique et social» à ses réformes. Dans le viseur de réformes de Javier Milei figurent d’ici 2027: des réformes fiscales, de flexibilisation du marché du travail, et du système de protection sociale.
Javier Milei arrive au scrutin auréolé d’une inflation domptée, de plus de 200% à 31,8% en interannuel, et d’un équilibre budgétaire inédit depuis 14 ans. Mais son «plus grand ajustement budgétaire de l’histoire» – comme il aime à répéter – a vu plus de 200.000 emplois perdus, une activité anémiée, en contraction de 1,8% en 2024, une reprise 2025 qui s’essouffle. Et une société plus que jamais à deux vitesses.