Par
Rédaction Fiches du cinéma
Publié le
27 oct. 2025 à 8h04
Vaisseau filmique pour Orelsan, plutôt convaincant dans son rôle de loser cynique, Yoroï amalgame crise existentielle, film de monstres et série B d’action, pour un résultat improbable, qui oscille entre atermoiements moraux pathétiques et actes de bravoure.
Le résumé
Aurélien, alias Orelsan, est dans sa loge après un concert. Bien qu’il ait toujours voulu de cette vie d’artiste, il se sent étranger à lui-même. Il décide donc de partir avec sa compagne Nanako, enceinte, se ressourcer au Japon et y élever leur enfant. Ils s’installent dans une maison isolée. Aurélien découvre qu’elle renferme un puits dans le salon.
Ce qu’on en pense
Yoroï fonctionne par blocs, ou plutôt, dysfonctionne par effets de rupture. Dans son premier mouvement, où la star, frappée de dépit face à une vie rêvée mais insatisfaisante, se met au vert au Japon avec sa compagne enceinte, le film multiplie les appels du pied sépia à un imaginaire doublement balisé (le récit de repliement face au star-system s’accole au vignettage nippon mi-Ghibli mi-Kitano, où l’herbe est très verte et les gens très gentils).
Une fois cette pataude mise en enjeu figurée, Yoroï entame son deuxième acte – de loin le plus exaltant : le film de monstres. Paré d’une armure qui transfigure les affects du héros en bestiaire subconscient, Orelsan combat chaque nuit d’odieuses créatures.
Très rythmée et loin d’être avare en effets plastiques, cette parade nocturne joue assez bien de son aspect redondant et à la lisière du rêve (ne pas dormir, c’est laisser quelque part advenir le monstre cousu sous les paupières du repos – soi-même).

Orelsan dans Yoroï, de David Tomaszewski (©Sony Pictures Releasing France)
C’est ici que réside le seul intérêt du film : dans ces cataractes plastiques qui suintent des murs d’une maison, dans cette gentille horreur domestique à la fois inconséquente et invivable.
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Cet assaut du palais mental se couche sur les gravats, malheureusement, d’une partie finale indigne, où un avatar maléfique du chanteur, appelé Orelsama, s’échappe d’un arbre magique (ne cherchez pas…), et sadise son entourage, jusqu’à la résolution agonistique, où, blanc contre noir, bien contre mal, les deux faces vont s’affronter…
Véritable aveu d’échec que cette fin, laide et programmatique, où la luxuriance nippone se mue en huis clos haussmannien, et où se grave en relief l’impasse d’Orelsan en tant qu’artiste de variété : entre le marteau commercial et l’enclume contestataire, condamné à agresser des monstres pour se défendre d’en être un. / Clément Deleschaud
Infos pratiques :
Yoroï, de David Tomaszewski. Avec : Orelsan et Clara Choï. En salle le mercredi 29 octobre 2025.
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