La fronde des médecins libéraux s’intensifie ! Alors que l’Assemblée nationale débute l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), la colère monte chez les professionnels de santé libéraux. Le syndicat CSMF, l’un des principaux représentants des médecins de ville, alerte sur un texte qui « met en péril » la médecine libérale et remettrait en cause un modèle déjà fragilisé par des années de stagnation tarifaire.

Au cœur du conflit : les mesures visant les médecins de secteur 2, ceux qui pratiquent les dépassements d’honoraires. Le syndicat dénonce « une attaque frontale contre la médecine libérale » et un « coup violent » porté à ces praticiens, soumis à une nouvelle surcotisation qui « condamne » selon eux l’exercice libéral « à l’asphyxie économique ». Le syndicat rappelle que la valeur des actes remboursés n’a pas été revalorisée depuis les années 1990.

Chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens mécontents

Les critiques portent également sur de potentielles baisses unilatérales de tarifs dans certaines spécialités jugées rentables (radiothérapie, radiologie, néphrologie…) ainsi que sur l’obligation de renseigner le dossier médical partagé (DMP) sous peine de sanctions. « Au lieu de faire confiance aux médecins, on les met sous tutelle et on les menace », déplore la CSMF, voyant dans cette évolution une rupture du « pacte historique » avec l’Assurance maladie.

La contestation dépasse désormais le seul champ des généralistes. Des chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens du syndicat Le Bloc ont fait savoir qu’ils se mettraient en grève en janvier, avec l’intention de « s’exiler » quelques jours à Bruxelles pour éviter toute réquisition. Un mouvement rarissime, illustrant l’ampleur du malaise.

« Une responsabilité économique »

Parallèlement, plusieurs organisations représentatives (MG France, FMF, Avenir Spé-Le Bloc…) refusent de collecter les franchises médicales et participations forfaitaires, une mission jusqu’ici assurée par l’Assurance maladie. Elles estiment que cette mesure serait « susceptible de créer de la défiance et des tensions » avec les patients, en plus d’exiger des « développements informatiques coûteux ».

Notre dossier sur les médecins

Si le PLFSS est adopté en l’état, prévient la CSMF, les parlementaires « porteront la responsabilité historique d’avoir tourné la page de la médecine de ville telle que nous la connaissons ». Une mise en garde lourde de conséquences alors que la pénurie de médecins généralistes continue de s’aggraver partout en France.