Laurent Bonadei avait prévenu avant le début de ce Final Four de la Ligue des nations : « Les deux matchs sont importants, le premier conditionnera le deuxième. » Cette Allemagne, qu’il qualifiait de « redoutable » lui a donné raison : en s’imposant 1-0 à Düsseldorf, les tombeuses de l’équipe de France lors du dernier Euro ont pris un gros avantage en vue de la finale qui l’opposera au vainqueur du duel entre l’Espagne et la Suède. Et si cette défaite conditionne le match retour qui se déroulera à Caen dans un stade à guichets fermés, les Bleues doivent savoir qu’elles ne partent pas vraiment favorites.

Privé de Griedge Mbock et Sakina Karchaoui, blessées, et après avoir dû faire face aux retraites consécutives d’Amel Majri et Sandie Toletti, le sélectionneur n’a pas eu la tâche aisée. On retiendra une bonne surprise dans son milieu de terrain remanié (Oriane Jean-François) et une mauvaise en attaque, avec la sortie de Marie-Antoinette Katoto, touchée à l’ischio et qui manquera la revanche à Michel-d’Ornano. « Elle va nous manquer, mais on a énormément de ressources offensives, avec des filles qui ont envie de jouer et qui vont remédier à son absence avec brio, j’en suis sûre », tentait de rassurer la capitaine Mbock qui, comme Karchaoui, devrait retrouver sa place dans le XI de départ.

Objectif 2027

Laurent Bonadei croit lui aussi que la messe n’est pas encore dite : « On perd seulement par un but d’écart et on garde toutes nos chances. Ce n’est que la mi-temps de la confrontation », philosophe-t-il, arguant que « quand on se présente dans une compétition, tous les entraîneurs souhaitent aller au bout. On fait notre travail avec beaucoup de professionnalisme et on donne tout pour ne pas avoir de regrets. » Seulement, avec quelles armes son groupe pourrait-il inverser la tendance et « tout faire pour poser des problèmes [à l’Allemagne] ? » Et surtout, en cas de qualification, quelles chances les Bleues auraient-elles de s’imposer face à (très probablement) une Espagne largement au-dessus du lot, à l’image de sa large victoire (4-0) contre la Suède au match aller ? Probablement pas beaucoup.

J’accepte aussi les erreurs de jeunesse. Je l’ai intégré. À valeur égale, j’aurais tendance à appeler la plus jeune.

Laurent Bonadei

Flotterait-il un parfum de pessimisme avant que la France ne réaffronte sa bête noire ? Ou plutôt de réalisme ? On pourrait aussi imaginer que Laurent Bonadei profite de ce rassemblement pour effectuer quelques réglages en conditions réelles afin « de se projeter sur un projet à moyen terme : la Coupe du monde 2027 ».

Cure de jouvence

En intégrant notamment la défenseure internationale U19 Wassa Sangaré (London City Lionesses) et son aînée chez les U20, la milieu Kysha Sylla (Washington Spirit) à sa dernière liste, le sélectionneur confirme sa volonté de rajeunir le groupe bleu. À dessein : « Cela amène de la concurrence et ce sont aussi des joueuses moins marquées par les éléments contraires, les éliminations, se justifie l’intéressé. J’accepte aussi les erreurs de jeunesse. Je l’ai intégré. À valeur égale, j’aurais tendance à appeler la plus jeune. »

Une manière de se libérer du poids du passé, davantage marqué par les échecs que les succès ? Sans doute, mais une nouvelle élimination en Ligue des nations (et sans rouvrir le débat du statut majeur ou mineur de la compétition) n’améliorerait pas spécialement les choses sur le plan psychologique, surtout pour les joueuses les moins expérimentées. À moins de considérer que les choses sérieuses commenceront – une fois de plus – avec le prochain tournoi ? Les plus anciens supporters des Bleues aimeraient bien finir par les voir soulever une coupe, peu importe laquelle. Sans quoi, même les plus optimistes ne croiront plus aucune promesse.

L’Allemagne renvoie les Bleues à leurs études