GUILLAUME BAPTISTE / AFP
Photo d’illustration montrant l’avocat français Juan Branco à l’ouverture du procès de dix personnes accusées de cyber-harcèlement sexiste à l’encontre de Brigitte Macron, à Paris, le 27 octobre 2025.
JUSTICE – Argumentation inattendue et bancale. Jugés pour cyberharcèlement à l’encontre de Brigitte Macron, plusieurs prévenus ont affirmé ce lundi 27 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris avoir voulu faire « de l’humour » ou « informer » en relayant une infox sur sa prétendue transidentité et pédophilie.
Médium, courtier, professeur de sport, ou encore informaticien ont commencé à défiler à la barre, par ordre alphabétique, aux alentours de 17 h 30 après d’âpres débats de procédure devant une salle comble.
La plupart des dix prévenus, âgés de 41 à 65 ans, se demandent ce qu’ils font là. Ils sont pourtant les « plus virulents », selon une source policière.
« Zoé Sagan » dénonce un « harcèlement inversé »
Jérôme A., 49 ans, a expliqué avoir effectué une recherche sur Grok, l’intelligence artificielle de la plateforme X, peu avant l’audience. Selon cet informaticien, il existerait « six millions » de publications sur la compagne du chef de l’État. Il est poursuivi pour avoir diffusé une dizaine de tweets « sarcastiques » à son sujet. « Une personne puissante doit accepter la critique », justifie-t-il. « Dire “la bite à Brigitte Macron”, c’est une critique ? », s’interroge la présidente.
Plus tôt, lors d’une suspension, Aurélien Poirson-Atlan, l’un des principaux prévenus, connu et suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de « Zoé Sagan », a donné une conférence de presse improvisée, dénonçant un « harcèlement inversé ».
Outre ses propos visant Brigitte Macron, le publicitaire de 41 ans est connu pour avoir diffusé les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, macroniste qui avait dû renoncer en février 2020 à briguer la mairie de Paris.
« C’est l’esprit Charlie »
« C’est le procès de la liberté d’expression, j’ai fait de la satire, c’est l’esprit Charlie », a affirmé à l’AFP Jérôme C. 55 ans, un autre prévenu, auteur de « 4 tweets et quelques retweets ».
Bertrand S., galeriste de 56 ans aux plus de 100 000 abonnés sur X, a dénoncé la veille de l’audience sur X un procès de « la liberté de penser » face à « l’État profond médiatique ».
Delphine J., connue sous le pseudo d’Amandine Roy, a, elle souhaité exercer son droit au silence à la barre, expliquant qu’elle s’était déjà longuement « exprimée ». Suivie par près de 20 000 personnes sur X, la médium de 51 ans a trouvé « excellent » un tweet de l’influenceuse trumpiste, posant avec un T-shirt portant une Une du magazine Time détournée où Brigitte Macron apparaît en « homme de l’année ».
Tiphaine Auzière doit témoigner mardi
Lors de l’annonce du petit rôle donné à la première dame dans une saison de la série Emily in Paris, Delphine J. avait enragé : « Boycottez-moi cette merde. » Elle n’a fait que « rebondir sur l’actualité », avait, plus tôt, expliqué son avocate, Me Maud Marian, faisant valoir « qu’aucun message n’a directement été adressé à Mme Macron. »
Née dès l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, la rumeur transphobe est devenue virale aux États-Unis où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre Candace Owens, podcasteuse d’extrême droite, auteure d’une série de vidéos intitulée « Becoming Brigitte » (« Devenir Brigitte »). Plusieurs personnes jugées à Paris ont relayé les publications virales de l’Américaine, se réjouissant de voir « l’affaire Brigitte » s’internationaliser.
Absente du procès, l’épouse du chef de l’État a indiqué aux enquêteurs que la rumeur avait eu « un très fort retentissement » sur son entourage et sur elle-même, rapportant que ses petits-enfants entendaient dire que « leur grand-mère est un homme ». Sa fille, Tiphaine Auzière, doit témoigner mardi à la demande de l’avocat de sa mère.