De notre envoyé à la Paris Arena La Défense machin chouette,
Un bout de tribune près du court numéro 1, un drapeau tricolore, des t-shirts bleus et même un tambour. L’emménagement des trublions de la Tribune Bleue à La Défense se passe bien, merci pour eux. Les premières impressions sur la nouvelle scène du Masters 1000 de Paris sont bonnes. « Franchement c’est super, la salle est grande », s’enthousiasment Nicolas et Yanis.
Le duo de jeunes supporters a déjà suffisamment poncé les lieux depuis le début des qualifications ce week-end pour y dénicher son coin à champignons. « Tout là-haut, c’est parfait pour suivre les matchs en mode chill, accoudé à la barrière, explique le second en désignant la tribune supérieure. Tu es suffisamment bien placé pour bien voir et suffisamment loin pour discuter en regardant les gars jouer. »
Des chants, des clappings, de l’ambiance. La Tribune Bleue a vite pris ses marques à La Défense - W.Pereira
Ça pour avoir de la hauteur, il y en a. Une phrase qu’on n’aurait pas imaginé écrire à propos des annexes de Bercy, dont le charme tenait à une hauteur sous plafond de cave combinée à un système de ventilation bruyant comme 15 réacteurs d’Airbus A380. Un point pour les petits courts de l’ancienne enceinte, ceci dit : leur isolement dans les entrailles de l’Accor Arena avait le mérite de les protéger de l’atmosphère bouillante du court central.
A Nanterre, les rideaux de séparation ont des oreilles
A Nanterre, rien n’est loin et les murs, ou plutôt les rideaux, ont des oreilles. La promesse d’une réduction sonore à toute épreuve n’a finalement pas été tenue, ce dont se justifiait le directeur du tournoi Cédric Pioline pas plus tard que ce week-end.
« On a fait des tests d’isolation phonique, les résultats n’étaient pas suffisamment probants. […] Le choix a été fait de faire un rideau occultant qui aura quand même une absorption du bruit. Je pense que la façon dont va vivre le Rolex Paris Masters va évoluer. […] L’identité du tournoi va probablement aller plus proche d’événements type Roland-Garros où il y a de l’ambiance, du bruit et de la vie. »
Ce dernier argument a un parfum de bonne excuse. Certes, on peut apprécier le côté annexes façon Roland des courts 2 et 3 – seulement séparés par une petite tribune – mais l’engloutissement des courts mineurs tantôt par la sono du court central, tantôt par les encouragements appuyés du public pour peu qu’un Cazaux ou un Rinderknech y joue, frôle le manque de respect. Le Portugais Nuno Borges en a fait l’expérience sur le court numéro 2 lors de sa défaite contre Learner Tien.
« J’entendais de la musique, je ne sais pas si c’était en fin de set. Mais sinon, ce sont des choses auxquelles nous joueurs nous habituons. Parfois, ces choses passent inaperçues, là ce n’était pas tout à fait le cas, j’ai quand même beaucoup entendu le central. Mais je trouve que c’est un endroit incroyable. »
Bercy avait un Lenglen, La Défense a un Chatrier
Le rapport au bruit n’est évidemment pas le même dans l’autre sens, comme en témoignent les retours d’expérience des deux Arthurs. « Il y a eu la fin d’un match ou peut-être d’un set, je ne sais plus, sur le court d’à côté, qui est tombé pile entre deux services, témoigne Cazaux. Donc, forcément, c’était le silence total sur mon court. Mais c’est le seul moment où ça m’a un peu dérangé. Quand il y a l’ambiance sur le court central, on n’entend pas grand-chose des autres courts. »
Pour tirer le filon de la comparaison avec Roland-Garros, le tournoi parisien s’est doté à La Défense Arena d’un Philippe Chatrier version indoor. Plus spacieux derrière les lignes pour les joueurs donc fatalement plus éloigné du public et donc un poil plus froid. Rien qui empêche le public de se faire sentir dans les moments chauds, mais il lui manquera le supplément d’âme de son prédécesseur. « Ça reste le même tournoi, et le même public de connaisseurs », rassure Rinderknech. Oui, mais Bercy était un Lenglen, et on préférera toujours les Lenglen.
Le début de la night session entre Mpetshi Perricard et Dimitrov a accouché d’une souris en termes d’ambiance - W.Pereira
Ne partons cependant pas sans un mot gentil pour le nouvel écrin et ses jeux de lumières épiques sur l’entrée des joueurs. Les miroirs kaléidoscopiques ont disparu mais l’ambiance lumineuse reste une belle satisfaction au même titre que le court n°1, parti pour devenir celui des connaisseurs par sa programmation. Mardi, on suivra de près l’enchaînement Auger-Aliassime-Comesana, Fonseca-Shapovalov et Davidovich Fokina-Royer.
Les joueurs choyés et satisfaits
Le déménagement est ce qu’il est, et n’avait de toute façon pas vocation première d’améliorer l’ambiance globale. Le but a toujours été de répondre au cahier des charges de l’ATP et faciliter la vie des joueurs, le tout dans un contexte ultra-concurrentiel : l’Arabie saoudite vient de se voir octroyer un Masters 1000 à l’horizon 2028 et symbolise le nouveau monde qui tape à la porte de l’ancien, menaçant les tournois les moins modernes, dont Paris faisait partie.
Sur cet aspect, l’objectif est atteint. Le plus grand nombre de courts sur le nouveau site permet d’alléger le planning du central et le risque de voir la session de jour rogner sur celle de nuit est nettement réduit. Un terrain d’entraînement a par ailleurs été installé aux abords de la zone mixte.
« Il y a une montée en niveau par rapport aux années passées, reconnaît Borges. Les vestiaires sont plus grands, le restaurant est plus grand, on a plus de place pour manger et on est plus près de nos hôtels. » « Le site en lui-même est plutôt très, très bon, confirme Arthur Cazaux. Franchement, ça fait du bien. En tout cas, pour tout ce qui est installations, il y a beaucoup d’espace. Il y a des salles de jeu. Ils ont vraiment fait des choses bien pour les joueurs et pour les staffs qui bossent ici. » Les supporters, eux, finiront par s’habituer au reste.
