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Rédaction Rennes

Publié le

28 oct. 2025 à 13h01

« On est plus proches du ridicule que de professionnels », commente durant le procès une avocate d’un des prévenus au sujet d’une transaction ratée en mer. En octobre, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) a jugé six personnes, dont plusieurs originaires de la région de Rennes, soupçonnées de mener, tant bien que mal, un trafic de stupéfiants à l’international.

Des déplacements suspects

L’enquête, ouverte en octobre 2020 par la police judiciaire, était en tout cas supposée révéler un trafic de stupéfiants d’envergure internationale opéré d’abord au niveau du square des Cloteaux, à Rennes, et soupçonné d’être approvisionné par un habitant d’Acigné, Charly, grâce à des stupéfiants importés d’Espagne et des Pays-Bas.

Cet intérimaire de 27 ans – qui se déplaçait en Mercedes Class C, un véhicule d’une valeur de 38 000 euros – avait en effet fait plusieurs déplacements suspects dans le sud-ouest de la France et en Espagne, fin 2020, souvent pour des « allers-retours express ».

Ses multiples interpellations – alors qu’il conduisait sous stupéfiants ou avec « 5 000 euros » et du cannabis dans la voiture – ont permis de retracer plusieurs périples, parfois aux côtés de Moulay, un homme de 40 ans pour qui le trafic de drogue est un véritable « choix de vie », selon la JIRS de Rennes.

Plusieurs « go fast » repérés

Quelques mois plus tard, un juge d’instruction de la JIRS de Rennes avait donc été saisi de cette enquête d’ampleur : Moulay avait emménagé à Marbella (Espagne), en Andalousie.

Plusieurs « go fast » entre l’agglomération rennaise et la péninsule ibérique avaient alors été mis au jour.

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Elle apporte de la drogue en détention

À compter d’octobre 2021, de multiples arrêts avaient été constatés dans un appartement situé rue de Calarasi, à Chartres-de-Bretagne, loué par un homme « défavorablement connu » de la police et à qui la sœur – Inès – avait apporté de la drogue en détention…

Cette femme de 32 ans, prévenue dans ce dossier, avait participé à « plusieurs déplacements » et déposé « des sommes en espèces » sur son compte bancaire pour le compte de son « voisin » Moulay.

Contrôlés au péage

Le 14 avril 2022, la direction des opératoires douanières de Nantes (Loire-Atlantique) avait informé les policiers nantais que ce dernier et deux autres hommes – Jawed et Charly – avaient été contrôlés au péage de Biriatou (Pyrénées-Atlantiques) avec plus de « 33 000 euros » d’argent liquide à bord. L’argent avait quasi intégralement été saisi et les trois hommes étaient ressortis avec seulement « une centaine d’euros » chacun en poche.

Reste qu’ensuite, la sonorisation d’une Clio avait révélé des conversations de Moulay, dans lesquelles il expliquait que, suite à cette « retenue douanière » de vingt-quatre heures, il se rendait directement à Almeria, en Espagne, voir « des gens du bled » qui lui mettaient « la pression » suite à cette saisie douanière.

« Piqués par des méduses » après avoir enlisé un bateau lors d’une transaction

Mais après ce « premier caillou dans la chaussure », les « ennuis » étaient loin d’être « terminés » pour les trafiquants : un bateau va se retrouver « enlisé » et « dériver », vers 6h du matin. L’un d’eux va « oublier » de « jeter l’ancre » au moment d’une transaction supposée de stupéfiants entre l’Espagne et le Maroc…

Ces « pieds nickelés » – selon les mots du président, repris en défense par Me Thierry Fillion, l’avocat de Moulay, dans sa plaidoirie – s’étaient alors retrouvés au cœur d’une « expérience de nage en eau libre » en « milieu hostile », avait ironisé la procureure de la République.

Et pour cause, ces trois-là s’étaient retrouvés « piqués par des méduses » et étaient revenus bredouilles de leur « transaction ». « On est plus proches du ridicule que de professionnels », avait d’ailleurs commenté l’avocat de Moulay.

Des peines d’un à neuf ans de prison requises

Et contrairement à leurs tentatives d’explications au tribunal, il ne s’agissait pas d’un « épisode de film » ou d’une sortie pour « observer les dauphins » mais, bien d’une « tentative avortée de récupération de stupéfiants en mer », selon la procureure de la République.

Ce concours de circonstances malheureux n’a manifestement pas fait rire la représentante du parquet JIRS de Rennes plus longtemps : elle a requis des peines allant d’une année de prison avec sursis à neuf ans de prison pour Moulay.

D’un à six ans de prison

Ce dernier a écopé de six ans de prison. Le tribunal a « tenu compte du positionnement » plutôt sincère du quadragénaire, qui a donc bénéficié d’une « confusion totale » de cette peine avec une autre condamnation. Il a toutefois été maintenu en détention et échappe aux neuf années supplémentaires requises à son encontre.

L’un de ses co-prévenus, Morgan, avait, lui aussi, reconnu ce qui lui était reproché. Le client de Me Anaïg Le Noan a été condamné à quarante-deux mois de prison, dont vingt-deux avec sursis probatoire pendant deux ans et d’une amende de « 3 000 euros ».

Il a également bénéficié d’une « confusion » et pourra donc purger la partie restante de sa peine de prison ferme sous la forme d’une détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).

Rachid – l’habitant de Forcé défendu par Me Sami Khankan – a pour sa part écopé de trois ans de prison ferme, dont treize mois avec sursis : il ne retournera pas en prison compte tenu de la détention provisoire déjà effectuée.

La jeune femme du dossier a quant à elle été condamnée à un an de prison dont six mois fermes à purger avec un bracelet électronique.

Charly, représenté par Me Amina Saadaoui, a lui écopé de quatre ans de prison, dont trois fermes. Il est reparti en prison, tout comme Jawed, le jeune du Bourget, représenté par Me Olivier Normand, qui lui a écopé de trois ans de prison – dont la moitié avec sursis probatoire – avec mandat de dépôt à la barre. Tous ont dix jours pour faire appel.

CB et GF (PressPepper)

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