• Battue lors de la première manche outre-Rhin (0-1), l’équipe de France affronte l’Allemagne en demi-finale retour de la Ligue des nations, ce mardi 28 octobre.
  • Contre un adversaire qui leur réussit très peu, encore moins en compétition officielle, les Bleues doivent corriger de nombreux secteurs, à commencer par l’entrejeu, pour espérer voir la finale.

Un match serré, comme souvent. Mais à la fin c’est l’Allemagne qui gagne, comme (presque) toujours. Sans imagination, l’équipe de France s’est inclinée lors de la demi-finale aller de Ligue des nations, à Düsseldorf (0-1), vendredi. Les coéquipières de Delphine Cascarino ont été surprises par un tir lointain de Klara Bühl, à une dizaine de minutes du coup de sifflet final (79′). Elles devront donc s’imposer à Caen, mardi 28 octobre (21h10) pour arracher leur qualification en finale, que ce soit à l’issue d’une prolongation (en cas de victoire avec un but d’écart) ou à l’issue des 90 minutes réglementaires (succès avec deux buts d’écart ou plus).

Si l’écart n’est pas insurmontable, il traduit tout de même le rapport de force actuel, avec une DFB-Frauen plus sûre de ses forces. Vendredi, la différence s’est notamment fait sentir dans l’entrejeu. Les Tricolores sont apparues limitées techniquement et dans la création, et ont manqué de liant aussi bien avec que sans ballon. Il faut dire que le secteur est un chantier à ciel ouvert depuis l’annonce des retraites internationales de Sandie Toletti (72 sélections) et d’Amel Majri (82 sélections), en sachant que Kenza Dali (76 sélections) n’entre, elle, plus dans les plans du sélectionneur. Pour l’occasion, Sakina Karchaoui (93 sélections), qui s’est reconvertie au milieu de terrain après avoir longtemps arpenté le couloir gauche, était également ménagée. 

Un trio peu complémentaire

Ce sont donc Oriane Jean-François, Grace Geyoro et Sandy Baltimore qui ont été alignées d’entrée. Le trio n’a pas affiché la complémentarité recherchée, pas aidé, il est vrai, par le positionnement inhabituel de Baltimore, qui évolue plutôt sur l’aile en temps normal. « C’était un match un peu débridé, avec un trois contre trois au milieu. C’est sur un duel perdu dans l’entrejeu que l’Allemagne, qui évoluait en bloc médian, a fini par marquer », a analysé le sélectionneur Laurent Bonadei, après avoir reconnu, une semaine plus tôt, avoir « une réflexion à mener sur le milieu de terrain ». « Probablement, l’apport de Sakina Karchaoui (apte pour la deuxième manche à Caen, ndlr), qui a un gros volume de jeu, va nous donner un coup de main et créer du lien entre la défense et l’attaque », espère le technicien tricolore. 

Le retour dans le XI de la Parisienne devrait aider à stabiliser l’édifice, et donc permettre aux Françaises de mieux rivaliser avec leurs rivales. Mais les carences sont plus profondes. Depuis la fin de l’aventure d’Amandine Henry en Bleues (109 sélections, la dernière en juillet 2024), mais plus largement depuis les retraites d’Élisa Bussaglia (192 capes, dernière sélection en 2019), et avant elle de Louisa Necib-Cadamuro (145 sélections, la dernière en 2016), les Tricolores peinent à retrouver une patronne dans ce secteur, pourtant ultra-important. Alors que la qualité ne manque pas en attaque ou en défense, le vivier et la diversité des profils sont bien plus limités dans l’entrejeu. Il en ressort un manque criant de maîtrise technique et de volume de courses. 

Une défaillance encore plus criante face au gratin mondial

Et bien qu’il ne s’agisse pas du seul facteur, loin s’en faut, cette défaillance explique sans doute en partie le plafond de verre de la bande à Pauline Peyraud-Magnin au plus haut niveau, souvent forte face aux faibles et trop juste face aux forts. Il faut dire que le milieu du coq fait pâle figure par rapport à ceux de l’Espagne et des États-Unis, bien sûr, ou même de l’Angleterre, de l’Allemagne, des Pays-Bas. Soit toutes les sélections qui trustent les premiers rôles depuis des décennies. Dans son histoire, elle n’a ainsi jamais atteint une finale majeure (JO, Coupe du monde, Euro) et ne compte même que trois demi-finales, en tout et pour tout.

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Mais si, au moins le temps d’un match – et de cela, elles sont largement capables -, les Bleues parviennent à se hisser au niveau de leur adversaire dans l’entrejeu, elles ne seront sans doute pas loin d’un exploit et d’une deuxième qualification de rang en finale de la Ligue des nations. De quoi, peut-être, poser la première pierre de la construction de cette équipe en vue du Mondial 2027. 

Maxence GEVIN