Les températures se rafraîchissent tandis que la saison automnale bat son plein. L’occasion de se ruer dans les galeries, musées et autres fondations pour admirer les expositions présentées jusqu’à la fin de l’année. Des clichés de Tyler Mitchell à la Maison Européenne de la Photographie en passant par la première exposition parisienne de Precious Okoyomon, Vogue France se propose de faire le tour des rendez-vous les plus attirants du mois de novembre à Paris et ailleurs en France.

Tyler Mitchell à la Maison Européenne de la Photographie

Malgré son âge – 30 ans cette année –, Tyler Mitchell fait d’ores et déjà partie des photographes les plus reconnus de sa génération, et ce, partout dans le monde. Une reconnaissance qu’il doit à un talent certain pour capter les couleurs dans leur plus grande vivacité, en studio comme au dehors, ainsi qu’à raconter quelque chose de l’expérience noire aux États-Unis, en interrogeant des thèmes comme l’accès à la propriété pour les familles afro-descendantes, ou la tradition du portrait, qu’il n’a eu de cesse d’interroger et de réinventer tout au long de son parcours.

10 ans de carrière – c’est un laps de temps que l’exposition Wish This Was Real entend couvrir, grâce à une mise en scène de Brendan Embser, journaliste pour le magazine Aperture et commissaire de cette présentation. D’abord imaginée en collaboration avec le C/O Berlin, un lieu d’exposition dédié à la photographie et aux médias visuels, avec un intérêt particulier pour les jeunes talents, Wish This Was Real a ensuite voyagé à Lausanne, puis au Finnish Museum de la photographie, à Helsinki, avant d’arriver à Paris, au troisième étage de la Maison Européenne de la Photographie.

Tyler Mitchell Ancestors 2021  Art Basel Paris 2025

Tyler Mitchell, Ancestors, 2021© Tyler Mitchell | Courtesy de l’artiste et Gagosian

La Volpina de Kourtney Roy à la galerie Les filles du calvaire

Qui est Kourtney Roy ? Canadienne installée à Paris, la photographe joue les caméléons depuis plus de 20 ans, au cœur d’une œuvre à la croisée des portraits surréalistes de Cindy Sherman, et de l’œil amusé d’un Martin Parr. Kourtney Roy dit faire “du tourisme d’identité”. Comprendre : elle fait des autoportraits, au sein desquels elle change de peau comme de visage. “Tout est réel et tout est fantasme” déclare-t-elle en 2022 auprès du magazine Fisheye. Ses décors, eux, sont bien réels, d’un requin gonflé prenant le soleil sur une plage de Cancún aux figurants qu’elle engage pour ses séances, dont un que l’on aperçoit sur le portrait Marilyn Wig, représentation d’une jet-setteuse au regard bien ennuyé, sur un yacht hors-de-prix.

Les couleurs saturées de Kourtney Roy sont à la hauteur de son humour désopilant, reflet du regard qu’elle pose sur les lieux touristiques qu’elle explore – des lieux qu’elle définit comme “trash” et “vulgaires”. Pourtant, au-delà de ses mots, au cœur de ses images ringardes, on perçoit l’amour qu’elle porte à son sujet. Un amour qui lui fait traverser les mers, pour créer des mondes surréalistes. Son exposition La Volpina, présentée à la galerie Les filles du calvaire à partir du 6 novembre prochain, fait suite à la dernière résidence de l’artiste à Naples, à la Spot Home Gallery. En résulte une série d’œuvres dans la continuité de son travail fantasque et coloré, rehaussé par la beauté des paysages italiens, et des “marges urbaines” qu’elle y a trouvé, inspirée par des films comme Reality ou Dogman de Matteo Garrone, Mamma Roma de Pasolini ou Amarcord de Fellini. : “J’ai toujours été fasciné par l’Italie, un pays où la vie se déroule comme au théâtre, parfois sophistiquée et lyrique, parfois brute et improvisée dans son quotidien, déclare-t-elle dans un communiqué. Ce qui m’attire, c’est l’espace entre ce qui est montré et ce qui se cache derrière, la tension entre l’intention et la représentation. Il y a le fantasme de l’Italie, celui que nous recherchons et projetons sur elle, et puis il y a la version que nous rencontrons lorsque ce fantasme s’effondre.”