Nathacha Appanah décrochera-t-elle le prix Goncourt ? Il faudra attendre mardi 4 novembre pour le savoir, mais l’écrivaine passée par Grenoble et son livre La nuit au coeur font partie des quatre finalistes de la prestigieuse récompense littéraire. À ses côtés figurent Kolkhoze d’Emmanuel Carrère, Le bel obscur écrit par Caroline Lamarche et La Maison vide de Laurent Mauvignier.

Native de l’île Maurice, Nathacha Appanah, 52 ans, est romancière mais aussi journaliste. C’est ce qui l’a d’ailleurs menée jusqu’à la capitale des Alpes… et au Dauphiné Libéré. Déjà journaliste à l’Ile Maurice, Natacha Appanah suivait un cursus universitaire au CFJ (centre de formation des journalistes), et a passé trois mois au Dauphiné en 1998.

Stagiaire au Dauphiné Libéré et prix Femina des lycéens

Elle racontait dans nos colonnes en 2017 : « Nous avions un stage à faire. Certains étaient à Radio France Internationale et moi au Dauphiné. J’avais commencé au centre de presse à Veurey et j’avais demandé si je pouvais rejoindre la rédaction grenobloise. J’en ai un très bon souvenir, je ne connaissais pas la ville et je rendais un papier par jour ou tous les deux jours. Je me rappelle avoir longuement marché pour trouver les lieux de reportage. J’avais même proposé un conte de Noël qui avait été publié ». C’était le 26 décembre 1998.

Depuis, l’écrivaine a connu un très riche parcours. Elle a obtenu le prix du roman Fnac en 2007 pour Le Dernier frère. Elle a aussi remporté le premier prix Femina des lycéens 2016 pour Tropique de la violence, un roman sur un adolescent abandonné de l’île de Mayotte. L’autrice revient à Grenoble à chaque rentrée littéraire (fin octobre, début novembre) quand elle publie un ouvrage, souvent invitée à la librairie Le Square.

Son livre finaliste du Goncourt, La nuit au cœur (aux éditions Gallimard) est un récit sur trois femmes « qui courent, qui luttent », victimes de la violence de leur compagnon. « La nuit au cœur, c’est un récit sur le temps ; comment trois femmes peuvent se retrouver à l’abri dans un livre face à leur mari. Et j’essaye de décortiquer ce que ça veut dire socialement, politiquement et en matière littéraire ».

Elle s’inspire en partie de sa propre vie. L’autrice témoignait dans nos colonnes  interviewée par Jean-Benoit Vigny : « Je vivais alors à Bordeaux et le 5 mai 2021, une femme a été tuée par son mari à côté de chez moi, en pleine rue. On peut dire plein de choses, que c’est barbare, que c’est terrifiant, mais moi, c’est un acte qui m’a convoqué à parler de ces femmes et à affronter ma propre histoire. J’ai vécu avec un homme violent, j’ai été au bout d’une vie avec lui ; une de mes cousines a également été tuée par son mari en 2000 ».