LUDOVIC MARIN / AFP
Rachida Dati le 22 octobre 2025 à Paris.
POLITIQUE – L’image est volontairement provocatrice. Alors que les macronistes se déchirent sur le profil du candidat qu’ils soutiendront aux prochaines élections municipales, Rachida Dati a posté le 27 octobre sur ses réseaux sociaux une photo d’elle connectée en visio avec des militants Renaissance. La ministre de la Culture, candidate pas encore déclarée aux municipales, a ajouté en légende de la photo un message tout en ironie, saluant des « échanges sur notre projet et notre vision pour Paris ». « Ensemble nous changerons Paris », conclut-elle.
Pourtant, vingt-quatre heures plus tard, le parti Renaissance a officiellement annoncé son ralliement à Pierre-Yves Bournazel. Bien moins identifié, l’actuel conseiller du 18ème arrondissement de Paris est le candidat Horizons, le parti d’Édouard Philippe. « Nous sommes très alignés avec le projet de Pierre-Yves Bournazel », justifie auprès du Monde Franck Riester, proche de Gabriel Attal et chargé des investitures au sein du parti. Il met notamment en avant « l’aspiration des électeurs à l’apaisement ». « Pierre-Yves est moins clivant ».
De fait, le contraste avec Rachida Dati est saisissant. Le bling-bling d’un côté, la discrétion de l’autre. Mais cette décision de se ranger derrière Pierre-Yves Bournazel n’a pas été prise à n’importe quel prix. En contre-partie, Renaissance aura droit à 55 % des places sur les listes du candidat et à dix têtes de liste sur les 17 arrondissements que compte la capitale. Horizons s’engage aussi à soutenir le candidat macroniste à Annecy, Lille, Bordeaux, Dijon et Nîmes.
Reste que plusieurs cadres ne comprennent pas ce choix. C’est le cas du patron de la fédération Renaissance de Paris Sylvain Maillard, ou du ministre Benjamin Haddad, élu dans le 16ème arrondissement. Ce dernier dénonce un choix « incompréhensible » et dénonce auprès de l’AFP une « division » et une « machine à perdre ». « Comment va-t-on expliquer à nos militants que l’on va jouer un coup perdant pour soutenir un candidat appelant à la démission du président de la République ? », interroge-t-il. De nombreux proches du chef de l’État n’ont pas digéré les multiples appels à sa démission lancés par Édouard Philippe. Quant à Sylvain Maillard, il a annoncé se mettre « en retrait » des instances du parti présidentiel.
Bataille de déplacements
La ministre déléguée Aurore Bergé a assuré sur franceinfo le 28 octobre qu’elle « soutiendrait » Rachida Dati, « qui soutient le président de la République sans aucune ambiguïté ». « Cette investiture, incompréhensible et donc incomprise, va faire imploser l’écosystème macroniste parisien », prédit Nelly Garnier, porte-parole de Rachida Dati, dans le Parisien.
La campagne des élections municipales va en effet ressembler à un champ de mines pour le camp macroniste. Si Gabriel Attal a promis qu’il ferait lui-même campagne pour Pierre-Yves Bournazel, en s’affichant aux côtés de ce dernier lors d’un déplacement commun ce mercredi 29 octobre, Sylvain Maillard et Benjamin Haddad ont prévu, au même moment, d’apparaître auprès de Rachida Dati.
Selon la Tribune dimanche, c’est à la rentrée de septembre que les discussions entre Renaissance et Horizons ont commencé. Jusqu’à l’été, la formation de Gabriel Attal se préparait à soutenir Rachida Dati. Peut-être sa mise en examen pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Renault-Nissan a-t-elle (un peu) changé la donne. Tout comme sa candidature avortée à la législative partielle face à Michel Barnier.
Quant à Emmanuel Macron, il reste pour le moment silencieux. Mais sa proximité avec Rachida Dati laisse peu de doute sur sa préférence à titre personnel. Il a fait de sa ministre, nommée en janvier 2024, l’une de ses chouchous, sachant compter sur elle pour le défendre contre vents et marées. Dans les sondages, elle est en tout cas donnée en tête, entre 28 et 34 % selon un sondage Elabe paru en juin. Pierre-Yves Bournazel, qui souffre d’un déficit de notoriété, est loin derrière. Après le fiasco de la candidature de Benjamin Griveaux, puis d’Agnès Buzyn dégainée à la dernière minute en 2020, le parti présidentiel va-t-il continuer sur la voie de la malédiction aux élections municipales dans la capitale ?