La semaine dernière, les États-Unis avaient imposé des sanctions inédites sur les deux géants russes des hydrocarbures, Rosneft et Lukoil, pilier de l’économie russe et de son effort de guerre en Ukraine. Ces sanctions interdisent aux institutions financières et entreprises occidentales de commercer avec les deux entités russes. Une semaine plus tôt, le Royaume-Uni avait également renforcé ces sanctions contre elles, ainsi que contre 44 pétroliers de la flotte fantôme. En effet, depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, Moscou a mis sur pied une flotte dite « fantôme » qui lui permet d’écouler son pétrole sans restriction. Selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (ouCREA), la Russie dispose d’une flotte de 558 navires fantômes, lui permettant de déjouer le prix de vente maximum imposé par les sanctions internationales.

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À noter que contrairement à Rosneft, qui est totalement contrôlée par l’État russe, Lukoil, elle, est une société privée, mais elle est considérée comme très proche du Kremlin et de ses intérêts.

Lukoil, 2 % de la production mondiale

Concrètement, Lukoil cherche à revendre ses installations situées hors de la Russie, comme ses raffineries ou encore ses champs pétroliers, à de nouveaux acheteurs. Basée à Moscou, la société représente environ 2 % de la production mondiale de pétrole, selon Reuters.

En Europe, Lukoil possède plusieurs raffineries, dont deux que la compagnie détient entièrement en Bulgarie et en Roumanie : Neftohim Burgas et Petrotel, qui jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement en carburant des deux pays. « Cela ne va pas forcément créer des problèmes d’approvisionnement, mais c’est un signe qu’ils anticipent peut-être que certaines sanctions vont être encore plus durcies, et qu’ils préfèrent vendre avant », souligne Bertrand Candelon. La société possède également des installations de stockage d’énergie et des réseaux de stations-service en Croatie, Serbie, Monténégro et Macédoine du Nord. Selon le Financial Times, ces actifs européens représentent aujourd’hui environ 5 % du bénéfice avant intérêts et impôts de Lukoil, contre 11 % avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022.

Lukoil est également présent au Moyen-Orient, notamment via le champ pétrolier West Qurna 2 en Irak, l’un des plus vastes au monde. En Asie centrale, la compagnie exploite plusieurs projets pétroliers au Kazakhstan, en Ouzbékistan et en Azerbaïdjan.

En Belgique, Lukoil opère aussi avec une filiale franchisée appelée LUKOIL Belgium S.A. et compte sur son territoire, 185 stations-services.

Un recentrement sur d’autres marchés ?

Selon Bertrand Candelon, Lukoil pourrait se recentrer sur les marchés intérieurs russe et chinois et l’annonce de ces ventes pourrait ne pas seulement être utile pour générer de l’argent, mais pourrait également anticiper un renforcement éventuel des sanctions américaines, selon Bertrand Candelon.

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Ces ventes soulèvent toutefois d’autres questions, notamment sur leur contrôle et leur régulation, alors que la Russie est sous sanctions internationales depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. « Ces transactions devront être strictement encadrées, ce qui ne s’annonce pas simple », conclut-il.

Lukoil a néanmoins précisé que la vente de ses actifs internationaux se fera conformément à une licence délivrée par le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Trésor américain, afin de finaliser ses transactions avec celui-ci, rapporte le Financial Times.