Rien ne vient troubler le silence de l’atelier de Gerhard Richter, si ce n’est le son d’un immense racloir que le peintre fait glisser à la surface de la toile… À l’image, cela donne un ballet profondément méditatif. L’œil s’abandonne au geste lent et concentré de l’artiste, et à cette matière fluide et colorée qui semble s’étirer à l’infini.

Cette courte vidéo est en fait extraite du documentaire Gerhard Richter Painting (2011) de Corinna Belz, pour lequel la réalisatrice a passé plusieurs mois dans l’atelier de cette figure tutélaire de l’art contemporain en Allemagne, à Cologne, révélant les secrets de son processus créatif. Le film – qui faisait écho au 80e anniversaire du peintre – a aujourd’hui une saveur particulière, à l’heure où Richter est célébré à la fondation Louis Vuitton, qui lui consacre une rétrospective événement.

Un fameux flou

Artiste total, Gerhard Richter est l’auteur d’une œuvre foisonnante, autant abstraite que figurative. Né en 1932 en Allemagne, il n’a pas cessé, depuis le début de sa carrière de peintre dans les années 1960, d’expérimenter. Depuis lors, il questionne inlassablement le statut des images en recourant notamment à un effet de flou devenu, en quelque sorte, sa « signature » visuelle.

Cohabitent ainsi dans son corpus des œuvres au réalisme nimbé de mystère, réalisées à partir de photographies, mais aussi des compositions assimilables tour à tour à l’abstraction géométrique ou lyrique.

Le racloir, outil essentiel de Richter

C’est dans les années 1980 que Richter inclut dans son attirail de peintre le racloir. Il applique alors sur une toile plusieurs couches de peinture à l’huile, puis utilise cet outil tantôt pour étaler, tantôt pour gratter la matière, créant des effets de superposition de motifs aléatoires surprenants… Magistral !

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Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026

www.fondationlouisvuitton.fr