Par exemple, ces bactéries qui occasionnent ces fasciites nécrosantes se multiplie dans le sud des États-Unis. En Belgique, « fin 2022 et début 2023, nous avons observé un pic important de cas de fasciite nécrosante. Depuis, les chiffres ont nettement diminué. Ils restent toutefois légèrement supérieurs à ceux enregistrés (ou rapportés) avant cette période, mais cela peut s’expliquer par une vigilance accrue depuis ce pic. Quoi qu’il en soit, le nombre actuel de cas de fasciite nécrosante en Belgique n’est pas préoccupant », rassure l’experte de Sciensano Laura Cornelissen
Fièvre du Nil occidental
En revanche, en août 2025, notre pays a enregistré de son côté ses premiers cas de virus du Nil occidental, dans trois oiseaux sauvages, à différents endroits de Flandre. « Nous constatons une augmentation des environnements propices à la transmission du virus du Nil occidental. Nous constatons une expansion géographique de la transmission du virus, confirme Marina Romanello à La Libre. La maladie est transmise par des moustiques qui la contractent par les oiseaux, qui sont les hôtes du virus. Or, l’aire de répartition du vecteur, le moustique Culex, s’étend. Nous observons clairement que cela se produit dans toute l’Europe. C’est une maladie très dangereuse, car elle entraîne des affections cérébrales : encéphalite, méningite… Dans leurs formes les plus graves, ces maladies peuvent être mortelles. »
Quelles mesures prendre face au développement en Europe de cette maladie, découverte à l’origine en Ouganda ? « La surveillance est très importante. Des efforts sont déployés en Europe pour surveiller les moustiques. Cela permet d’identifier quand le moustique s’est établi et où le risque de transmission pourrait se situer localement. La surveillance de la maladie, bien sûr, et la préparation du système de santé à la gérer sont essentielles pour un traitement précoce. Il est en effet difficile d’en contrôler la propagation. »
Vigilance chez les chevaux
En Belgique, le moustique Culex est déjà présent, mais la hausse des températures pourrait le favoriser à l’avenir, en même temps que la réplication du virus, selon les climatologues et épidémiologistes. « Il est difficile d’affirmer que le changement climatique a joué un rôle dans cette introduction spécifique du virus, car de multiples facteurs ont été identifiés pour expliquer le nombre croissant d’incursions de maladies à transmission vectorielle observées dans de nouvelles zones ces dernières années, estiment les experts de l’institut de santé publique Sciensano. Il est cependant clair que les variations de température et de précipitations dues au changement climatique créent des conditions favorables à la transmission locale de maladies transmises par les moustiques comme le virus. Des étés plus chauds et des saisons d’infestation plus longues permettent au virus de circuler plus longtemps. Des températures plus élevées accélèrent également le cycle de vie et la survie du moustique vecteur, entraînant une plus grande abondance du vecteur et raccourcissant le cycle de réplication virale chez les moustiques. Ainsi, si le changement climatique n’est pas le seul facteur, il contribue à créer des conditions environnementales qui rendent la transmission du virus plus probable et plus durable dans les régions nordiques, dont la Belgique. »
Chez nous, les vétérinaires ont été appelés par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) à surveiller les comportements des chevaux, car comme les humains, les équidés peuvent être contaminés par ce virus (mais ne peuvent pas le transmettre). Les propriétaires sont invités à vacciner dès à présent leurs chevaux, à les protéger contre les moustiques, et à supprimer les eaux stagnantes.
La maladie est aussi à déclaration obligatoire et les oiseaux font l’objet d’un monitoring. « Étant donné qu’il s’agit d’une zoonose, nous sommes conscients – et quelque peu préoccupés – des conséquences potentielles qu’elle peut avoir, admet l’Afsca. Les oiseaux sauvages constituant le principal réservoir du virus, il est possible que celui-ci soit déjà largement répandu. La saison des moustiques étant maintenant terminée, on peut estimer avec une certaine prudence que peu ou pas de nouveaux cas apparaîtront dans les prochains mois. Toutefois, il est possible que des cas réapparaissent dès l’été prochain. »
Ce que confirme Sciensano : « Le risque immédiat pour l’homme est actuellement faible, l’activité des moustiques étant minimale et en déclin, comme prévu pour cette période de l’année. Cependant, la détection chez les oiseaux sauvages indique que le virus circule dans l’écosystème local et pourrait être transmis par des moustiques (espèces Culex). Cela signifie qu’au cours des prochaines saisons de moustiques, le virus pourrait réapparaître ou circuler à nouveau, augmentant ainsi le risque de transmission locale aux humains, aux oiseaux et aux chevaux. Nous devons donc rester vigilants et préparés à l’émergence possible de cas autochtones dans un avenir proche ».