Cette photo prise à Gaza le 28 octobre montre des Palestiniens qui tentent de déblayer les décombres des bâtiments détruits par les attaques israéliennes.

MOHAMMED ESLAYEH / Anadolu via AFP

Cette photo prise à Gaza le 28 octobre montre des Palestiniens qui tentent de déblayer les décombres des bâtiments détruits par les attaques israéliennes.

INTERNATIONAL – Une trêve plus que jamais en péril. Israël a mené ce mardi 28 octobre au soir des frappes meurtrières dans la bande de Gaza, en accusant le Hamas, qui dément, d’avoir attaqué ses soldats. Le mouvement islamiste a annoncé dans la foulée le report de la restitution d’une dépouille d’otage. Les deux camps s’accusent mutuellement de violer l’accord de cessez-le-feu.

La Défense civile, opérant sous l’autorité du Hamas, a annoncé une dizaine de morts dans les frappes israéliennes dans le nord et le sud du territoire palestinien.

Le HuffPost fait le point sur les bombardements israéliens, les accusations de chaque camp, et les principales réactions.

Frappes sur un appartement, un hôpital…

La Défense civile a fait état d’au moins trente morts. Une frappe israélienne a touché un « véhicule civil (…) à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza » et a tué « au moins cinq civils » dont « deux enfants et une femme », a indiqué à l’AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de cette organisation de secours.

Un bombardement ayant visé un appartement a fait en outre deux morts, dont un enfant, et plusieurs blessés dans le quartier Amal, à l’ouest de Khan Younès, selon la même source.

Par ailleurs, quatre personnes, « trois femmes et un homme, ont été retrouvées à la suite de frappes aériennes israéliennes visant une maison appartenant à la famille al-Banna dans le quartier Sabra » dans le sud de la ville de Gaza, selon la même source. Mahmoud Bassal avait précisé auparavant que quatre personnes, dont un enfant et un nourrisson, avaient été blessées dans cette frappe.

Le porte-parole de la Défense civile à Gaza fait par ailleurs état de deux blessés par une frappe israélienne qui a visé selon lui une tente de personnes déplacées à al-Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza.

Selon des témoins et Mahmoud Bassal, l’armée israélienne a en outre mené plusieurs frappes sur la cour de l’hôpital al-Chifa, dans l’ouest de la ville de Gaza. Une information confirmée à l’AFP par le directeur de cet établissement, Mohammed Abou Salmiya.

Attaques contre les troupes israéliennes ?

Israël a mené ces frappes en réponse, selon le gouvernement israélien, à des attaques du Hamas contre ses soldats dans le territoire palestinien, alors qu’un fragile cessez-le-feu est en vigueur depuis le 10 octobre.

Des faits que le mouvement islamiste a démentis. « Le Hamas affirme n’avoir aucun lien avec la fusillade de Rafah », dans le sud de la bande de Gaza, « et réaffirme son engagement envers l’accord de cessez-le-feu » avec Israël.

Plus tôt, le Hamas avait accusé Israël de « violations » de la trêve et a annoncé le report de la remise, initialement prévue mardi soir, d’une nouvelle dépouille d’otage.

Israël accuse le Hamas d’avoir mis en scène la découverte d’une dépouille d’otage

Par ailleurs, le gouvernement israélien a accusé le Hamas d’avoir mis en scène la découverte supposée d’un corps d’otage dans la bande de Gaza, diffusant des images pour étayer ses dires.

« Le Hamas a creusé un trou dans le sol hier, y a déposé une partie des restes d’Ofir (Tzarfati), l’a recouvert de terre et l’a remis (plus tard) à la Croix-Rouge », a affirmé Shosh Bedrosian, porte-parole du bureau du Premier ministre israélien, en référence à des restes humains de l’otage remis la veille. « L’armée israélienne a filmé toute la séquence à l’aide d’un drone militaire », a-t-elle ajouté, dénonçant « une tromperie honteuse » du mouvement islamiste palestinien.

L’armée israélienne a diffusé dans la foulée une vidéo de près de 15 minutes, sans préciser le lieu où elle a été tournée. L’AFP n’était pas en mesure d’en authentifier la date ni le lieu de tournage. Ces images aériennes montrent trois hommes sortant d’un bâtiment endommagé et portant un grand sac blanc, pouvant être un sac mortuaire, qu’ils déposent dans un trou avant de le recouvrir de terre. Puis les images montrent un tractopelle déterrant le sac blanc et le déposant quelques mètres plus loin, puis le recouvrant à nouveau de terre.

Dans une réponse écrite à l’AFP, la Croix-Rouge indique que l’équipe du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) « présente sur place n’était pas au courant qu’une personne décédée avait été placée là avant son arrivée, comme on peut le voir sur les images ». Le CICR estime « inacceptable qu’une fausse récupération ait été mise en scène, alors que tant de choses dépendent du respect de cet accord et que tant de familles attendent toujours avec anxiété des nouvelles de leurs proches ».

Cessez-le-feu toujours en vigueur, selon Trump et JD Vance

Malgré ces violences et accusations, le vice-président américain JD Vance a affirmé que le cessez-le-feu était toujours en vigueur à Gaza. « Le cessez-le-feu tient. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de petits accrochages », a affirmé le vice-président à des journalistes au Capitole de Washington. « Nous savons que le Hamas ou quelqu’un d’autre à Gaza a attaqué un soldat » des forces armées israéliennes, « mais je pense que la paix du président (Trump) va tenir », a-t-il ajouté.

Quant à Donald Trump, il a estimé qu’Israël « devait riposter » et que les frappes « ne compromettront pas le cessez-le-feu ».

Du côté de la France, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a déploré « la reprise des opérations militaires » à Gaza, appelant toutes les parties à respecter le cessez-le-feu. « Les informations selon lesquelles des éléments du Hamas auraient ouvert le feu sur des soldats et selon lesquelles le mouvement terroriste aurait menti sur la restitution du corps d’un otage sont évidemment inacceptables si elles sont avérées », a-t-il ajouté, souhaitant que le cessez-le-feu « puisse être mis en œuvre pleinement ».

Jean-Noël Barrot a également affirmé que la France coorganisera « dans les prochaines semaines » avec les États-Unis et l’Égypte une conférence internationale sur les questions humanitaires et de reconstruction sur Gaza.