Quatre ressortissants bulgares sont jugés, à partir de ce mercredi 29 octobre, au tribunal correctionnel de Paris. Ils sont accusés d’avoir peint au pochoir des mains rouges sur les murs du Mémorial de la Shoah, en mai 2024. Un acte de vandalisme qui serait lié au régime russe, d’après les renseignements intérieurs, et qui s’inscrirait dans une série de tentatives de déstabilisation étrangère sur le territoire français.

Trois suspects, âgés de 28 à 42 ans, seront dans le box des accusés ce 29 octobre. Ils sont en détention provisoire depuis leur extradition depuis la Croatie et la Bulgarie. Le quatrième prévenu, un homme de 27 ans, est en fuite. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui – il sera jugé en son absence.

Trois d’entre eux sont poursuivis pour associations de malfaiteurs et dégradations en réunion, en raison de la prétendue appartenance à une race, une ethnie ou une religion. Le dernier, qui aurait organisé à distance l’opération, est jugé pour complicité de ces mêmes chefs d’accusations.

De nationalité bulgare, les quatre hommes auraient participé aux tags des 35 mains rouges apparues dans la nuit du 13 au 14 mai 2024 sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah. Alors que l’offensive israélienne massive dans la bande de Gaza était en cours, le symbole controversé de la main rouge pouvait évoquer un épisode antérieur du conflit israélo-palestinien : celui du lynchage de soldats israéliens à Ramallah, en 2000.

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Plusieurs tentatives de déstabilisation en France depuis deux ans

La thèse de tags antisémites, reprise notamment sur les réseaux sociaux, fut rapidement abandonnée au profit de celle de l’ingérence étrangère. D’après le parquet, les quatre hommes seraient des « proxies », c’est-à-dire des personnes rémunérées par les services secrets russes pour des tâches ponctuelles, avec pour objectif d’attiser les tensions internes et de diviser l’opinion publique française.

Un agent de sécurité du Mémorial de la Shoah « avait surpris deux personnes » en train d’« apposer des pochoirs et prendre la fuite à son arrivée », avait relaté le parquet. Les suspects ont été identifiés grâce à l’analyse des images de vidéosurveillance, de leurs lignes téléphoniques, des réservations de vols et d’un hôtel. Trois d’entre eux avaient pris un bus pour Bruxelles le 14 mai, juste après les faits, puis un vol pour Sofia.

Ce dossier fait partie d’une série de tentatives de déstabilisation visant à « semer le trouble » et « créer des fractures » dans la population française, avait affirmé en septembre la procureure de Paris, Laure Beccuau, qui avait cité neuf affaires liées à des ingérences étrangères. Parmi elles : les étoiles de David bleues taguées en région parisienne en octobre 2023, les cercueils déposés au pied de la tour Eiffel couverts du drapeau français et portant la mention « soldats français de l’Ukraine » en juin 2024, ou encore les têtes de cochon déposées devant plusieurs mosquées d’Île-de-France en septembre 2025.

Les suspects jugés dans l’affaire des mains rouges encourent chacun jusqu’à dix ans d’emprisonnement.

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