Valeurs actuelles. Quelle candidate souhaitez-vous incarner pour cette campagne ?
Martine Vassal. Je suis combative, concentrée, déterminée. Autour de moi, j’ai une équipe engagée, représentative de tout le spectre des Marseillais : des écologistes raisonnables à la droite affirmée. Tous veulent redonner à Marseille la place qu’elle mérite, celle d’une grande métropole française. Et surtout, nous voulons en finir avec ce “Marseille bashing” permanent qui donne de notre ville l’image d’un territoire condamné au déclin.
Quel bilan dressez-vous du mandat de Benoît Payan ?
Ce n’est pas un maire bâtisseur, c’est un maire “freineur”. Pendant six ans, il a ralenti tous les projets structurants, au lieu d’accompagner le développement de la ville. Quand nous, à la Métropole, au Département ou à la Région, avons financé deux lignes de tramway, deux lignes de bus BHNS, la rénovation de la place Castellane, l’église des Réformés, le pôle parents-enfants de la Timone, la Marina olympique, l’électrification des bateaux à quai ou la réhabilitation du centre-ville, lui n’a rien fait d’équivalent. Il s’est contenté de freiner : la ligne de tram des Catalans, les projets d’habitat, la vidéoprotection, la répression des dépôts sauvages… Sur tout ce qui faisait avancer Marseille, il a mis des bâtons dans les roues.
Marseille a pourtant bénéficié d’un plan inédit d’un milliard d’euros de subventions de la part de l’Etat… Qu’en a-t-il fait ?
De notre côté, tout l’argent a été engagé dans une quinzaine de projets. Mais pour la municipalité, les chiffres parlent d’eux-mêmes : il avait promis 88 écoles rénovées, il en a sorti neuf, dont certaines étaient déjà engagées sous la précédente mandature. Quant à la police municipale, il prétend avoir recruté 300 agents supplémentaires… mais personne ne sait vraiment où ils sont. Dans les quartiers nord, dans le centre, personne ne les voit. La masse salariale de la collectivité a augmenté d’un demi-milliard d’euros, sans amélioration visible des services. Son mandat, c’est celui de l’abandon de l’autorité républicaine sur l’espace public.
« Nous voulons un vrai choc d’autorité »
Vous proposez un “choc d’autorité”. Concrètement, comment cela doit se traduire ?
Nous voulons un vrai choc d’autorité, et ce, dès le lendemain matin de l’élection. Remettre de l’ordre, tout simplement. La sécurité est la première des libertés. Il faut recruter immédiatement 700 policiers municipaux supplémentaires, doubler les effectifs et créer des postes dans chaque quartier. Il faut aussi installer au moins 3 000 caméras de vidéoprotection, pas 300 comme le promet la mairie. Et je veux créer une BAC municipale, aux prérogatives particulières, capable d’intervenir rapidement sur les incivilités et les points de deal.
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Installer une BAC municipale à Marseille n’est pas anodin, treize ans après la polémique autour de la BAC Nord…
Dans beaucoup de quartiers, les policiers municipaux se font trop rares. Il y a pourtant des cambriolages, des rodéos. Ce sera une brigade très opérationnelle et très réactive. De plus, il faut faire des postes de police municipale dans chaque quartier pour recréer du lien avec la population et les commerçants, parfois victimes de racket. Nous devons rétablir la chaîne de sécurité à Marseille : police municipale, inspecteurs de la ville, forces de l’État. Aujourd’hui, ce lien est rompu. Il faut une reprise en main de A à Z de la chaîne sécuritaire. Et il faut aussi retrouver la propreté et l’autorité sur l’espace public : la ville ne doit plus être livrée à elle-même.
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De nombreux commerces servent de « blanchisseurs » de l’argent de la drogue, selon un récent rapport. Prendrez-vous des mesures ?
Nous devrons travailler avec les agents de l’hygiène pour contrôler tous ces commerces pour lesquels on se demande leur véritable utilité. Lorsque vous avez dix commerces les uns à côté des autres qui vendent la même chose ou qui ont la même activité, vous pouvez vous demander comment ils font pour avoir un chiffre d’affaires.
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Vous refusez les “salles de shoot” envisagées par la majorité municipale ?
Oui, je les refuse en l’état. Ces salles doivent être sous contrôle médical, à l’hôpital, pas au cœur des quartiers. Les addictions sont des maladies, elles doivent être soignées, pas entretenues. Ce n’est pas en installant des salles de shoot dans la rue qu’on règle les problèmes, c’est en rétablissant la loi et en accompagnant les malades dans un cadre médical.
« Le jumelage avec Bethléem, une faute politique »
Le maire de Marseille a officialisé un jumelage avec Bethléem. Quelle est votre position ?
Je pense que c’est une faute politique. Annoncer un tel jumelage, sans même poser la condition de la libération des otages détenus par le Hamas, c’est envoyer un signal désastreux. Marseille, ville de paix, ne doit pas importer des conflits extérieurs. Nous avons ici 37 communautés qui vivent côte à côte. Ce geste a choqué beaucoup de Marseillais, notamment la communauté juive, qui se sent aujourd’hui menacée. Les synagogues sont gardées par l’armée, des enfants vont à l’école avec la peur au ventre. C’est inacceptable. Le rôle du maire est d’apaiser, pas de fracturer.
Vous mettriez fin à ce jumelage si vous étiez élue ?
Tant qu’il n’y aura pas de paix ferme et durable, reconnue par toutes les parties, je n’entretiendrai pas de tels jumelages. Ma condition est que le Hamas soit désarmé et que la totalité des corps des otages soient revenus. Il faut d’abord s’occuper des Marseillais, pas chercher des symboles à l’autre bout du monde pour des calculs électoraux.
« La droite doit s’unir sur la compétence »
La droite marseillaise est divisée. Comment éviter la répétition de 2020 ?
En tirant les leçons du passé. Depuis quatre ans, je travaille à rassembler toutes les bonnes volontés, de la droite affirmée aux écologistes raisonnables. Ce qui nous unit, c’est l’amour de Marseille et la volonté de remettre cette ville sur pied. Je ne ferai aucun compromis avec la France insoumise. Elle n’est pas dans l’arc républicain : elle insulte la police, elle veut déconstruire la République. Monsieur Payan, lui, a choisi son camp. Il gouverne avec eux, au risque de fracturer la ville. En témoigne la dernière polémique autour de la projection du film Sacré-Cœur à la Buzine.
Qui est votre principal adversaire dans cette élection ?
Le Rassemblement national va être un adversaire redoutable. Beaucoup d’électeurs regardent le national et pensent qu’ils vont faire pareil au local. La population marseillaise doit se rendre à l’évidence : le RN fera un très gros score, mais ne gagnera pas. Donc, soit on repart avec Benoît Payan, soit notre équipe va montrer son efficacité, avec des personnalités nouvelles. Le RN à Marseille souffre d’un problème d’incarnation. Ce sont des amateurs. Leur candidat, Franck Allisio, n’a jamais exercé de responsabilité exécutive. Il parle beaucoup de sécurité, mais n’a jamais déposé une seule loi sur le sujet. Marseille mérite mieux que des postures ou des récupérations.
Franck Allisio se targue pourtant de recruter parmi vos élus ?
Ce sont des élus qui, chez nous, ont tout raté. Ils savaient qu’ils ne seraient pas en position de se représenter sur nos listes. Leur objectif, c’est de trouver une place. Ce n’est pas comme ça que je fais de la politique.
Le contexte national, avec les divisions au sein des Républicains, vous inquiète-t-il ?
Je me concentre sur Marseille. Le spectacle donné à Paris est désolant, c’est vrai. Mais ici, nous avons la possibilité de montrer que la droite peut être unie, compétente et proche du terrain. Les Marseillais veulent qu’on leur parle de leur quotidien, pas des querelles d’appareil.
« Retrouver la fierté d’être marseillais »
Comment percevez-vous le climat de la campagne qui s’annonce ?
Il sera dur, sans doute violent. Mais je ne crains pas le combat. La campagne ne se gagnera ni dans le caniveau, ni devant la justice, mais dans les urnes. Être une femme en politique, à Marseille, c’est déjà une épreuve. On me décrit comme autoritaire, dure… C’est faux. Je suis exigeante, mais profondément attachée à ma ville. Je veux que Marseille redevienne une ville où il fait bon vivre, où les familles n’ont plus peur, où les commerces rouvrent et où les enfants ont envie de rester.
Quelle est votre priorité absolue si vous arriviez aux manettes ?
Rétablir l’ordre et la fierté. Redonner aux Marseillais le sentiment qu’ils vivent dans une grande ville, respectée, propre et sûre. Cela passe par la sécurité, bien sûr, mais aussi par l’attractivité économique et le choc fiscal que j’assume : on ne peut pas continuer à augmenter les impôts de 17 % et à faire fuir les classes moyennes.
En somme, vous voulez tourner la page du “printemps marseillais” ?
Oui, tourner la page du déclin et du désordre. Marseille a besoin de courage, de vision et d’amour. Et surtout d’un maire qui aime sa ville plus que son image.