« Les grands romans du scandale » est une collection de documentaires qu’Arte diffuse depuis plusieurs années. En cette sixième saison, avant Portnoy et son complexe, de Philip Roth, et La case de l’oncle Tom, d’Harriet Beecher Stowe, la série revient sur l’affaire Belle de jour, de Joseph Kessel. Le roman, sorti en 1928, scandalisa les journaux et l’opinion publique pourtant empreints d’effervescence culturelle en cette fin de décennie des Années folles.
Par le biais d’actrices et d’acteurs qui lisent les revues littéraires et les avis offusqués des lectrices de l’époque, la réalisatrice Manon Prigent rappelle le désordre intellectuel provoqué par les mœurs de l’héroïne du livre. Bourgeoise bien mariée mais malheureuse dans le lit conjugal, Séverine passe ses après-midi dans une maison de rendez-vous, où sous le pseudo « Belle de jour », elle se prostitue et jouit d’être dominée et chahutée.
Quelque quarante ans plus tard, l’adaptation cinématographique de Luis Buñuel avec Catherine Deneuve, à peine sortie des Demoiselles de Rochefort, dans le rôle de l’épouse dévergondée fit un nouvel esclandre.
Quel regard poser aujourd’hui sur l’œuvre de Joseph Kessel, un siècle après sa parution ? Pour y répondre, la documentariste a réuni sept femmes, toutes travailleuses du sexe en activité ou rangées du métier. L’une d’elles, Emma Becker, a fait de sa pratique de la prostitution une étude quasi sociologique, qu’elle raconte dans son livre la Maison.
Toutes commentent Belle de jour qu’elles ont lu, en revenant sur leurs expériences et celles de leurs clients. Et font le tour des tabous et des fantasmes en dressant sans langue de bois un état des lieux contemporain du désir masculin, finalement le sujet sous-jacent du roman. Si Madame Bovary, c’est Flaubert, est-ce que Séverine, c’est Joseph Kessel ?
« Belle de jour » : l’envers du fantasme de Manon Prigent, Arte, diffusé le 29 octobre à 22 h 20, déjà disponible sur Arte.tv
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