Nul besoin d’être militant, éventuellement femme voire lesbienne, pour s’intéresser à Monique Wittig. Une première bonne raison est qu’elle était d’origine alsacienne, née en 1935 à Dannemarie, dans le Haut-Rhin, où une rue porte son nom depuis 2017. Ses parents quittent l’Alsace pour fuir l’annexion mais elle reviendra régulièrement visiter sa grand-mère maternelle. Une autre bonne raison est qu’elle demeure une grande figure du féminisme, écrivaine, théoricienne, aux origines du Mouvement de Libération des Femmes en 1968 avant de partir, suite à des désaccords, enseigner à l’Université de Berkeley, en Californie – elle.
Entre fictions et essais
Lesbienne, matérialiste et radicale, elle a navigué entre fictions (engagées) et essais, de L’Opoponax , premier roman salué par le prix Médicis en 1964, au Chantier littéraire , publié à titre posthume en 2010. La Pensée straight , ensemble de textes paru en 1992, dénonce un fonctionnement social « hétéronormé ». Son travail a irrigué les études sur le genre.
Sa volonté de gommer la marque du genre n’a pas manqué d’intéresser Aline Martin, de l’association strasbourgeoise et transfrontalière A livre ouvert/wie ein offenes Buch. Elle voit dans son écriture un lien au bilinguisme « natal » et le neutre qu’il permet. Intéressée d’abord par le questionnement de Wittig sur l’identité, Aline Martin juge nécessaire de réinscrire les idées et la situation actuelle dans une histoire.
Avec son association, elle propose une lecture de textes pour accompagner le dévoilement de la plaque de la nouvelle place Monique-Wittig ce samedi 26 avril à 11 h (à l’angle de la rue Rathgeber et la route du Polygone) dans le quartier de Neudorf à Strasbourg. Sa nièce, Dominique Sanson Wittig, témoin des débuts du mouvement, sera présente. Une lecture-concert en français, allemand et anglais du Brouillon pour un dictionnaire des amantes de Monique Wittig et Sande Zeig, qui fut sa compagne, est proposée à 18 h 30 à la librairie l’Indépendante, 14, route du Polygone. Une rencontre a enfin lieu mardi 29 avril à 19 h à la librairie Quai des Brumes (120, Grand’rue), toujours à Strasbourg, avec Sara Garabagnoli, co-autrice de La pensée Wittig, une introduction (Payot). Pour aller plus loin.