« On a reçu mardi soir un appel du directeur général du CMB en personne. Il nous a informés que nos comptes ne seraient finalement pas clôturés. » Quinze jours après l’annonce brutale, et sans explication, de la fermeture programmée de son compte bancaire et celui de son mari, la médecin rennaise Catherine Le Scolan estime « avoir gagné » : la banque a donc finalement rétropédalé, comme nous le confirme sa direction ce mercredi. Médiatisé, le dossier avait provoqué une vague d’indignation.

« On aurait aimé que la banque reconnaisse son erreur »

« On a gagné, mais on aurait aimé que le CMB annonce officiellement qu’il avait commis une erreur », déplore Catherine Le Scolan. La médecin rennaise et son époux, clients du CMB depuis plus de vingt ans « sans aucun problème de gestion de comptes », attribuaient la cause de cette décision à leur cagnotte ouverte en 2024 pour aider un jeune danseur gazaoui blessé, et évacué légalement de Gaza au CHU de Rennes en juillet dernier.

Le couple avait ensuite effectué un virement de 2 500 € le 16 septembre dernier en faveur de la famille du jeune homme restée en Palestine. L’objectif : leur payer une tente pour fuir Gaza city. « La banque n’a jamais voulu reconnaître que c’était bien là le cœur du problème », assure Catherine Le Scolan.

« Quatre justificatifs allant de 40 € à 400 €, en lien avec la Palestine »

Selon elle, le directeur général de la banque, lors d’un premier échange téléphonique, leur aurait demandé de justifier quatre mouvements bancaires, allant de 40 € à 400 €. « Tous ces paiements étaient liés à la Palestine : des frais d‘interprète ; des indemnités kilométriques pour des déplacements en France ; un virement bancaire à un ami domicilié à Rennes et un dédommagement suite à une location de véhicule pour conduire des réfugiés arrivés à Orly jusqu’au Mans », pointe la cliente.

« On a justifié les frais. On n’a rien à cacher. Au cours de missions humanitaires, j’ai juste fait mon boulot de médecin et raconté ensuite ce que j’avais vu. Je ne suis pas politisée et je ne suis pas dans l’excès. Et s’il y a bien quelqu’un qui a tenu tête au Hamas, c’est moi ! En nous annonçant la fermeture de nos comptes, cela revenait à dire que nous étions suspects de quelque chose. Cela a généré beaucoup de stress. Sans explications comment pouvions-nous nous défendre ? Pour nous, cela se termine bien. Mais combien d’autres se taisent ? », interroge-t-elle.

Interrogé, le Crédit Mutuel de Bretagne nous indique pour sa part que « des échanges constructifs se sont tenus avec la cliente, qui ont abouti à une réponse favorable aux exigences que nous formulions. » La banque confirme que « dans ce contexte, la procédure de clôture des comptes a été stoppée ».