La Cour constitutionnelle géorgienne, largement considérée comme inféodée au parti au pouvoir, a neuf mois pour statuer sur l’interdiction des trois partis d’opposition.
Les velléités du pouvoir géorgien d’interdire les trois principales forces d’opposition risquent de plonger le pays dans «une dictature à parti unique», avertissent mercredi des hauts responsables du Conseil de l’Europe. Le parti au pouvoir en Géorgie a indiqué mardi avoir demandé à la Cour constitutionnelle de ce pays du Caucase d’interdire trois partis d’opposition, accusés de «saper la légitimité du gouvernement et d’œuvrer contre l’ordre constitutionnel».
En réaction, les deux rapporteuses de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe chargées de la Géorgie, Edite Estrela et Sabina Cudic, appellent dans un communiqué le pouvoir géorgien à revenir sur cette initiative. «Interdire l’opposition démocratique établirait de fait une dictature à parti unique et serait incompatible avec la présence (de la Géorgie) au Conseil de l’Europe», écrivent-elles. La Géorgie est l’un des 46 pays membres du Conseil de l’Europe, vigie de la démocratie et des droits de l’homme sur le continent.
«Dernier pas vers le règne de la terreur en Géorgie»
Les deux co-rapporteuses ajoutent dans leur communiqué qu’elles comptent effectuer une visite à Tbilissi avant la fin de l’année. La Cour constitutionnelle géorgienne, largement considérée comme inféodée au parti au pouvoir, a neuf mois pour statuer sur l’interdiction des trois partis d’opposition. L’ex-présidente Salomé Zourabichvili, qui s’était jointe à l’opposition après les législatives, a qualifié l’initiative du parti au pouvoir de «dernier pas vers le règne de la terreur en Géorgie», estimant qu’elle visait à plonger le pays dans un «régime autoritaire de style russe».
Au pouvoir depuis 2012, le Rêve géorgien, mené par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, est accusé par l’opposition de s’en prendre à l’État de droit et à la démocratie, et de rapprocher le pays de la Russie de Vladimir Poutine en se détournant de l’objectif d’intégration dans l’Union européenne.