Au printemps 1940, en quelques semaines, 1 850 000 soldats, soit 40 % des effectifs français, sont faits prisonniers. Près d’1,6 million de ces hommes seront transférés en Allemagne, la majorité étant destinée à devenir une main-d’œuvre corvéable à merci pour le IIIe Reich. Et pourtant, de la vie dans les stalags et des conditions de travail de ces captifs, que savons-nous exactement ?

Les manuels d’histoire s’étant montrés étrangement discrets sur le sujet, la mémoire collective n’a, de fait, bien peu retenu de ce chapitre pourtant essentiel du conflit. Une exposition franco-allemande, coréalisée par l’APFAG et le Mémorial et Muséum de Trutzhain, qui se tient actuellement à la Maison des Hommes et des Techniques de Nantes, vient à point nommé dévoiler ce que fut le quotidien de ces Français exilés. De la reddition, à la capture, en passant par les affectations dans les kommandos de travail, les 22 panneaux, aussi pédagogiques qu’efficacement illustrés, disent tout, ou presque, des conditions de détentions et de travail des prisonniers.

Un prisonnier nommé Mitterrand

 Un des intérêts de cette exposition est de donner la parole aux protagonistes eux-mêmes , insiste Vincent Peton le vice-président de l’ADAPG (association des descendants des anciens prisonniers de guerre).  Outre le texte explicatif, nos panneaux laissent une grande place aux témoignages d’époque. Témoignages souvent collectés dans les lettres ou auprès des familles . Promiscuité difficile, problèmes d’hygiène et de santé chroniques, sous alimentation généralisée et conditions de travail indescriptibles… Ces récits, de première main, offrent une vision concrète, et comme à auteur d’homme, des événements. Cependant nuancée, l’exposition, sans jamais minimiser la gravité des faits, vient également rappeler que le sourire n’était pas toujours totalement banni des camps.

Quelques masques et dessins viennent d’ailleurs nous rappeler qu’une vie culturelle y fut en quasi-permanence maintenue  Des conférences et des pièces y furent données. Le Stalag IX disposait d’ailleurs d’une imposante bibliothèque. François Mitterrand se souvient y avoir trouvé les mémoires d’un officier détaillant ses évasions durant la première guerre. Une lecture qui lui fut très utile.  Un dernier panneau vient rappeler que le retour en France des prisonniers ne fut pas nécessairement le moment de bonheur escompté.  Outre certaines situations familiales délicates, nos prisonniers souffrirent assez vite d’un manque de considération. En 1945 la gloire allait bien sûr aux résistants et l’émotion, bien évidemment, aux déportés. Nos prisonniers étaient devenus, bien malgré eux, le symbole de la peu glorieuse défaite de 40 .

La vie quotidienne des prisonniers de guerre français en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, à la Maison des Hommes et des Techniques, 2 bis bd Léon Bureau, jusqu’au 7 novembre. Entrée libre. Info : www.adapg-asso.fr