Nathalie Appéré répète à qui veut bien la croire « qu’elle n’aime pas la poloche ». Elle s’y adonne pourtant depuis six mois pour préparer sa candidature aux municipales. C’est un secret de polichinelle : la maire sortante briguera un troisième mandat. Elle l’a laissé entendre assez tôt. Elle l’officialisera le plus tard possible. D’ici là, « les élus sont au travail » et ses adversaires condamnés à boxer dans le vide.

Le 18 octobre, les écologistes rennais ont voté « à une large majorité » pour une union dès le 1er tour emmenée par la socialiste. Cela ne présume pas d’un résultat. Mais cela permet de mesurer l’évolution des relations entre le PS et EELV, les ex-meilleures ennemies. Cette année, « l’idylle » dès le 1er tour succède aux « portes claquées » des années 90-2000 à la fusion « subie » de 2014 et à l’union « raisonnée » de 2020.

Décision avisée

Jusqu’ici, les écolos avaient toujours préféré « se compter » au 1er tour. En plein « backlash » mondial, leur changement de pied est avisé. Rien ne dit qu’ils auraient été capables d’obtenir le même score que celui de 2020 (25,4 %). À l’époque, le rapport de force instauré leur avait permis de disposer du plus gros groupe de la majorité (21 élus contre 19 au PS).

Cinq ans après, la roue a tourné. Entre les européennes 2019 et celles de 2024, à Rennes, EELV a reculé de 10 % et perdu 4 500 électeurs. En France, les sondages témoignent aussi de leur décrochage dans l’opinion. Dans ce contexte, mieux vaut négocier avec Appéré maintenant, dans le secret, que sur la base du résultat d’un scrutin public risqué.

De son côté, la maire se félicite de cette alliance. Elle s’y est personnellement impliquée face à ses alliés le 16 juin. Ensuite, Marc Hervé a pris le relais. Le cercle a été élargi aux « satellites » de la majo (Place publique, l’Après, Debout…). Sept ateliers « de convergences thématiques » ont été organisés. « Soit 21 h d’échanges au fond », précise l’adjoint. « Ce travail a produit beaucoup de matière qu’il faudra compiler et hiérarchiser dans les semaines à venir », note-t-il, avant de promettre que l’écriture du programme « sera toute aussi partagée ».

Quel critère déterminera la place de chacun dans la future liste ?

Les autres composantes sacrifiées ?

Dans la foulée d’EELV, ce travail doit permettre aux autres écuries de se déterminer en faveur de l’union d’ici la mi-novembre. Sur le programme et rien que le programme ? Non bien sûr, reconnaît Marc Hervé. Les discussions renvoient aussi à « l’essentielle question du poids politique de chacun » dans la future liste.

C’est précisément ce qui inquiète les autres alliés et explique leur récent regain d’agitation médiatique. Quelles concessions la maire a-t-elle lâchées aux écolos ? Génération.s, le PCF et le PRG seront-ils sacrifiés sur l’autel de son « deal » ? Le microcosme bruisse de rumeurs invérifiables, pour l’instant. Quels sont les critères pour déterminer la composition de la future liste ? « C’est compliqué de vous répondre sur un travail en cours, tempère l’élu. Ça peut vous paraître excessivement prudent mais une telle union nécessite d’avancer avec méthode. » Et discrétion.