Par

Martin Leduc

Publié le

29 oct. 2025 à 21h18

Elle a été découverte le 1er juillet 2025 par des scientifiques grâce au télescope Atlas, qui lui a donc donné son nom. La comète 3I Atlas, également nommée C/2025 N1 (ATLAS), fait partie des objets spatiaux qui fascinent, même sans pouvoir être vus à l’œil nu.
Depuis l’été, les spéculations sur elle vont bon train. Elle présenterait une composition chimique atypique, on lui estime une provenance extrêmement lointaine… Certains scientifiques, de manière minoritaire, suggèrent carrément qu’elle pourrait être d’origine artificielle (alors que d’autres ne sont pas du tout d’accord).
On fait le point sur ce que l’on sait, à l’heure où ces lignes sont écrites, sur 3I Atlas, la (seulement) deuxième comète d’origine extrasolaire jamais observée par les êtres humains. 

Une première comète extrasolaire

La première comète d’origine extrasolaire, c’était 2I/Borisov en 2019. Un troisième objet extrasolaire a aussi été observé, 1I/ʻOumuamua, en 2017, mais les scientifiques ne s’accordent pas sur l’appellation « comète ». 

Un échantillon d’un autre monde

Pour le moment, peu de choses sont sûres. « Le télescope Hubble nous permet de confirmer, depuis août, que son diamètre est inférieur à 5 km », chiffre auprès d’actu.fr Nicolas Biver, astrophysicien à l’Observatoire de Paris et président de la Commission des comètes de la Société astronomique de France.

On a aussi observé des émissions de nickel atomique mais pas de fer, ce qui est particulier par rapport à ce que l’on connaît. D’où la composition atypique évoquée plus haut. Pas de matériau nouveau, mais un ratio inhabituel par rapport à ce qui est déjà connu.

Autre point établi de manière quasi certaine grâce à son orbite : elle vient d’ailleurs. Autrement dit, pas de notre système solaire.

Sa vitesse, relativement grande de 68 km par seconde [un peu plus de deux fois plus rapide que ce que l’on connaît habituellement, NDLR.] laisse penser qu’elle pourrait venir de l’autre bout de la galaxie. D’autres disent qu’elle peut s’être formée dans le disque épais de la galaxie il y a 7 à 8 milliards d’années. Elle serait donc plus vieille que notre système solaire en lui-même : notre Soleil a un peu plus de 4 milliards d’années.

Nicolas Biver
Astrophysicien à l’Observatoire de Paris, président de la Commission des comètes de la Société astronomique de France.

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« Une autre brique à l’étude de la création hors de chez nous »

Attention : « ce ne sont que des modèles », veut tempérer le spécialiste, pour qui « tout cela demande encore à être vérifié. On en saura plus en observant les rapports isotopiques. »

La trajectoire de 3I Atlas.
La trajectoire de 3I Atlas. (©NASA/JPL)

Quoi qu’il arrive, on sait qu’elle vient d’ailleurs, ce qui donne un échantillon d’un autre monde. Un petit exemplaire à observer pour les scientifiques, qui « permettra peut-être de rajouter une autre brique à l’étude de la création hors de chez nous », se prend à rêver Nicolas Biver.

Des spécificités… Jusqu’à croire que c’est un vaisseau spatial ? 

Récemment, la Nasa l’a placée dans la liste du réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN). Mais comme l’explique l’institution elle-même, « elle ne pose pas de problème ».

« Elle sera au plus près de la Terre, à 1,8 fois la distance Terre-Soleil (UA), soit presque 270 millions de kilomètres. Swan, très difficilement visible à l’œil nu est passé à 0,26 UA », chiffre Nicolas Biver.

Sa présence est simplement une très bonne occasion pour l’observer.

Nasa

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Non, ce qui a suscité l’attention ces derniers temps, c’est cet essai spéculatif et pédagogique d’Avi Loeb, un physicien qui a travaillé sur les hypothèses d’origine technologique appliquées à certains objets interstellaires. Dans cette publication datée du 16 juillet 2025 (soit deux semaines après la découverte de la comète), il explique qu’un faisceau d’éléments le laisse penser que 3I Atlas pourrait être « d’origine technologique ».

En clair, Avi Loeb exprime l’hypothèse que cette comète n’en soit pas une. Il explique que pour lui, 3I Atlas pourrait bien être un vaisseau spatial.

Parmi les détails notés par le physicien : la vitesse, la trajectoire et d’autres (plus spéculatifs) comme le fait qu’à son périhélie (la distance la plus proche du Soleil), elle serait complètement « dissimulée par notre étoile, vue depuis la Terre ». Une position qui, estime Avi Loeb, pourrait lui laisser toute latitude pour effectuer des « manœuvres secrètes ».

Probablement des éléments de réponse d’ici quelques jours

Avi Loeb « est coutumier de ce genre d’hypothèses », veut pour sa part nuancer Nicolas Biver. Ce physicien avait émis le même genre de suggestions en 2017 avec 1I/ʻOumuamua.

Nous, ce que l’on voit, c’est que 3I Atlas ressemble bien à une comète. Il y a une chevelure, du gaz, deux tonnes de vapeur d’eau qui s’échappent chaque seconde… Il y a des spécificités comme la vitesse et certaines molécules qui s’en échappent, mais on n’est pas non plus sur de l’extraordinaire.

Nicolas Biver
Astrophysicien à l’Observatoire de Paris, président de la Commission des comètes de la Société astronomique de France.

Un propos qui, au bout du compte, est partagé par Avi Loeb. Celui-ci conclut son essai en expliquant que le scénario le plus probable est que 3I Atlas soit « une comète complètement naturelle ». Il attend juste d’avoir les données consolidées pour le certifier.

En tout cas, le périhélie de 3I Atlas est prévu ce mercredi 29 octobre 2025. On en saura donc peut-être plus dans les prochains jours. 

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