L’Alternative für Deutschland (AfD) a encore fait parler d’elle, outre-Rhin, en déposant une drôle de proposition au Bundestag. Pour le parti nationaliste allemand, il devient urgent d’instaurer une réserve nationale en Bitcoin.

Une question de stratégie

L’AfD souhaite en fait que le gouvernement allemand considère le Bitcoin comme un composant stratégique des réserves nationales (à l’instar de l’or, par exemple).

Selon ce parti, la décentralisation du Bitcoin et son offre limitée (avec un plafond fixé à 21 millions de jetons) en font une valeur refuge pertinente face aux menaces inflationnistes et à la dépréciation des monnaies classiques.

Cette position s’inscrit, par ailleurs, dans une vision plus large de la formation politique : renforcer la souveraineté financière de l’Allemagne. Cela passerait notamment par l’émancipation vis-à-vis de l’Union européenne et de la politique monétaire de sa Banque centrale (l’AfD étant singulièrement eurosceptique).

L’AfD n’est d’ailleurs pas le seul parti politique du monde à œuvrer dans ce sens-là. Sa proposition rejoint notamment des discussions similaires, abordées dans plusieurs pays européens, où la technologie blockchain est perçue comme étant salutaire face au pouvoir centralisateur des banques.

Cependant, même si l’idée fait son chemin, les détails concrets (comme la taille de cette réserve ou la manière dont il faudrait la gérer) restent encore relativement vagues. Et c’est précisément cela qui suscite actuellement des débats au sein du Bundestag (le parlement allemand).

Du pour et du contre

Pour ceux qui supportent cette initiative, le  Bitcoin a une propriété quasi-magique : il agit comme une couverture contre l’inflation. Sa rareté programmée fait, en effet, de lui un actif potentiellement stable à long terme (distinct, en cela, des monnaies fiat dont la valeur peut s’éroder au gré des politiques monétaires). Cette qualité s’ajoute ainsi à la décentralisation du Bitcoin, précédemment évoquée.

Du côté des opposants, par contre, c’est la volatilité élevée du marché des cryptomonnaies qui joue le rôle d’épouvantail. Celle-ci pourrait, en effet, exposer les finances publiques à des fluctuations brutales. Quant à la gestion sécurisée des actifs numériques, elle pose également des défis importants.

Quid de la protection des clés privées, ou de la lutte contre les risques de piratage ? Autant de défis qu’il faudrait relever avec sérieux (en recourant à des portefeuilles comme Best Wallet, par exemple), avant de miser massivement sur le Bitcoin.

Un contexte politico-économique bien particulier

Mais, à vrai dire, la proposition de l’AfD n’est pas tout à fait innocente. Elle intervient au moment-même ou ce parti a renforcé sa position politique dans le pays (au point d’être la la deuxième force politique au Bundestag).

En abordant ce sujet éminemment stratégique, le parti entend sans doute convaincre l’opinion publique qu’il est apte à gouverner.

Car le Bitcoin a déjà fait jaser, dans un passé très récent. En 2024, l’Allemagne avait effectivement décidé de vendre près de 50 000 Bitcoin (tous saisis dans le cadre de procédures judiciaires, pour plusieurs milliards d’euros).

Ce choix avait alors été vertement critiqué par une certaine partie de l’opinion publique ; ainsi que par l’AfD, bien évidemment.

Devant faire face à quelques soucis d’ordre énergétiques (engendrés par la guerre russo-ukrainienne), il semblerait que l’Allemagne n’ait plus le droit de gâcher la moindre source de revenus. Et cela, l’AfD est bien prête à le lui rappeler régulièrement.

Avertissement : les crypto-monnaies sont une classe d’actifs à haut risque. Cet article est fourni à titre d’information et ne constitue pas un conseil en investissement. Vous pourriez perdre la totalité de votre capital.

Source : Cryptopolitan

Pour aller plus loin :

Mathias Gindreau est rédacteur spécialisé dans les cryptomonnaies pour Cryptodnes.
Ancien étudiant en informatique, il a d’abord travaillé dans la cybersécurité avant de découvrir la blockchain, un domaine qui a rapidement éveillé sa passion.
Aujourd’hui, il met à profit ses compétences techniques et sa curiosité pour décrypter l’actualité crypto, analyser les tendances du marché et vulgariser des sujets complexes liés à la technologie et à la finance décentralisée.


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