Toutes les semaines, vous vous rendez à votre cours de danse, de musique ou de poterie en pensant vous amuser et vous faire du bien à la tête. Et c’est peu dire ! Des chercheurs ont constaté que les cours de danse (notamment le tango), d’art, de musique ou encore un loisir comme les jeux vidéo, avaient un impact positif sur l’âge cérébral. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement cérébral
Le vieillissement cérébral est un processus normal lié à l’âge. Il désigne les modifications biologiques et fonctionnelles qui surviennent dans le cerveau au fil du temps. Cela se traduit par des modifications de la structure, de la connectivité et du métabolisme qui peuvent, ou non, altérer les performances cognitives. Nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement cérébral. Ce déclin naturel et inévitable varie considérablement d’un individu à l’autre. Bonne nouvelle, une étude rapporte que l’on peut agir sur notre âge cérébral.
Les chercheurs Carlos Coronel et Agustín Ibáñez ont cherché à comprendre comment la créativité influence la santé cérébrale, en plus d’être amusante et gratifiante sur le plan émotionnel. Ils ont voulu montrer que l’impact de l’art sur le cerveau pouvait être étudié scientifiquement et qu’il avait des effets biologiques.
Comprendre et observer les effets biologiques de la créativité sur le cerveau
Pour cela, ils ont recueilli des données auprès de 1 400 personnes dans différents pays.
Certains étaient des danseurs de tango, des musiciens, des artistes visuels ou des joueurs experts. D’autres étaient des personnes non expertes, appariées selon l’âge, le niveau d’études et le sexe, et originaires des mêmes pays. Les participants non experts n’avaient aucune expérience préalable dans les différentes disciplines.
Les scientifiques ont enregistré leur activité cérébrale grâce à des techniques appelées magnétoencéphalographie et électroencéphalographie. Elles permettent de mesurer l’activité cérébrale en temps réel. Ils ont ensuite entraîné des modèles informatiques (modèles d’apprentissage automatique) afin de créer une « horloge cérébrale » pour chaque participant. Ces horloges cérébrales ont été utilisées pour prédire l’âge cérébral des participants et le comparer à leur âge réel. Si l’âge cérébral d’une personne était inférieur à son âge réel, cela signifiait que son cerveau vieillissait plus lentement.
En parallèle, les chercheurs ont modélisé des « cerveaux numériques » (la copie conforme d’un cerveau dans un ordinateur) pour comprendre comment la créativité agit sur le cerveau.

La danse, notamment le tango, a un impact positif sur l’âge cérébral. © smuki, Adobe Stock
Des danseurs de tango avec un cerveau rajeuni de 7 ans !
L’étude rapporte que, dans tous les domaines créatifs étudiés dans ces travaux, la créativité était liée à un cerveau d’apparence plus jeune.
Les danseurs de tango présentaient un cerveau paraissant plus de sept ans plus jeune que leur âge réel. Les musiciens et les artistes visuels avaient un cerveau environ cinq à six ans plus jeune. Les joueurs, environ quatre ans plus jeune.
Les scientifiques ont, par ailleurs, demandé aux participants « non-experts » créatifs, de s’entraîner pendant seulement 30 heures au jeu vidéo de stratégie StarCraft II. Ils cherchaient à vérifier si un apprentissage créatif récent et de courte durée pouvait avoir des effets similaires à ceux observés chez les participants « experts » créatifs. Il s’avère que, même après seulement 30 heures d’entraînement créatif, l’horloge cérébrale des participants a rajeuni, montrant une réduction de l’âge cérébral de deux à trois ans !
Une meilleure communication entre les neurones
Plus les gens pratiquaient leur art, plus l’effet était marqué. Et peu importait le type d’art pratiqué. Qu’il s’agisse de danse, de peinture, de musique ou de jeux vidéo, toutes ces pratiques ont contribué à une meilleure synergie entre les zones cérébrales clés.
Les auteurs de l’étude signalent que les zones cérébrales « rajeunies », importantes pour la concentration et l’apprentissage, vieillissent généralement en premier. Mais la créativité semble renforcer et flexibiliser leurs connexions.
« Nous avons découvert que la créativité protège les zones cérébrales vulnérables au vieillissement et améliore la communication entre les neurones. Un peu comme construire des routes plus nombreuses, plus larges et de meilleure qualité pour faciliter les déplacements entre les villes d’un même pays », ont conclu les chercheurs.