Une décision politique aux Pays-Bas et la riposte immédiate de Pékin suffisent à faire vaciller l’industrie automobile européenne. Bruxelles s’active pour désamorcer un conflit qui menace d’interrompre l’approvisionnement en semi-conducteurs Nexperia, essentielles à la fabrication des véhicules.

La Commission européenne s’active en coulisses pour éviter une nouvelle crise industrielle. Depuis plusieurs semaines, Bruxelles tente de désamorcer un bras de fer diplomatique entre la Chine et les Pays-Bas autour du géant des semi-conducteurs Nexperia. En jeu : l’approvisionnement en composants électroniques indispensables aux constructeurs automobiles européens.

Une menace à moyen terme ?

Basée aux Pays-Bas, Nexperia est un acteur clé du secteur. Ses puces alimentent une grande partie des systèmes électroniques embarqués des véhicules produits sur le Vieux Continent. Mais depuis que La Haye a décidé, fin septembre, de prendre le contrôle de l’entreprise pour des raisons de « sécurité nationale », la situation s’est envenimée.

Pékin, irrité par ce qu’il considère comme une expropriation déguisée, a aussitôt riposté en interdisant les réexportations de produits Nexperia fabriqués en Chine vers l’Europe.

Cette décision a provoqué une onde de choc immédiate dans les usines automobiles européennes, déjà fragilisées par la crise des semi-conducteurs post-Covid. Plusieurs groupes redoutent un nouvel arrêt de leurs chaînes de production si les livraisons ne reprennent pas rapidement. Volkswagen a déjà annoncé qu »à moyen et long terme, cette situation ne serait pas tenable.

Un nouveau caillou dans la botte de l’industrie automobile européenne

Consciente de la gravité de la situation, la Commission européenne a confirmé mercredi être « en contact étroit » avec Pékin et La Haye. « L’objectif est de trouver une résolution rapide à un problème très sérieux qui suscite de nombreuses inquiétudes dans l’industrie », a déclaré Olof Gill, porte-parole de la Commission. Bruxelles parle désormais de « solutions urgentes » pour rétablir les flux commerciaux.

L’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) tire la sonnette d’alarme. Selon elle, si le blocage se prolonge, la production automobile en Europe pourrait être paralysée en quelques semaines. Une perspective que l’Union veut absolument éviter, alors que la transition vers l’électrique nécessite plus de composants électroniques que jamais.