Attention à ce navigateur internet pourtant très populaire : son modèle économique repose sur la collecte, l’analyse et la monétisation de vos données, jusque dans les moindres détails de votre activité en ligne. Quant aux paramètres techniques qui prétendent protéger votre vie numérique, ils ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent…
Si, en apparence, un navigateur web n’est autre qu’une passerelle vers Internet, il s’agit en réalité d’un logiciel capable de retenir et analyser ce que vous cherchez, ce que vous aimez, ce que vous achetez et même où vous êtes. Certains s’en servent pour garantir votre sécurité, d’autres pour en tirer profit. C’est le cas d’une interface pourtant bien familière.
En effet, les experts tirent la sonnette d’alarme depuis des années : « tout ce que vous faites en ligne est une donnée potentielle », rappelle Bob Gourley, consultant en cybersécurité. « Les recherches, les liens visités, la durée de navigation, tout cela peut être enregistré, analysé et relié à un profil unique. » Ce profil, c’est votre double numérique, créé à partir d’un ensemble impressionnant de signaux invisibles. Et le pire, c’est que cette collecte ne s’arrête jamais, même lorsque vous pensez avoir activé un mode censé protéger votre anonymat via le fameux mode « navigation privée ». Ce mode empêche simplement d’enregistrer l’historique sur votre appareil, mais n’empêche pas le suivi de votre activité.
C’est alors un nombre incalculable de données qui s’accumulent. Adresse IP, favoris, requêtes de recherche, adresses enregistrées, localisation approximative, identifiants, mots de passe, informations sur l’appareil… la liste est longue, et chaque élément ajoute une pièce au puzzle de votre identité numérique. Avec suffisamment de fragments, l’entreprise derrière ce navigateur peut donc savoir si vous cherchez un emploi, si vous prévoyez un voyage ou si vous consultez des sites liés à la santé. Et tout cela sert un objectif précis : la publicité ciblée. Une mécanique parfaitement légale, mais moralement discutable. Ainsi, dans ce contexte, le navigateur incriminé reste néanmoins le plus populaire au monde. Son succès repose sur une équation simple : gratuité apparente, rapidité, compatibilité universelle. Son nom ? Google Chrome.
Vous l’aurez compris, selon Bob Gourley, il vaut mieux éviter de passer par ce portail si vous souhaitez rester anonyme. Il conseille davantage d’utiliser Firefox, un classique soutenu par une fondation indépendante. Il offrirait une bonne protection par défaut contre le pistage et permettrait, selon le spécialiste, d’aller plus loin grâce à une large gamme d’extensions. Ce n’est pas la solution la plus radicale, mais elle suffirait à garder un bon équilibre entre confort et sécurité.