S’intégrer dans un nouveau collectif n’est jamais chose facile lorsqu’on est ouvreur. Ce poste, si particulier, si exposé, exige une connaissance pointue du système de jeu de l’équipe. Car, au sein de celui-ci, le rôle d’un numéro 10 est absolument charnière. Alors, imaginez lorsque vous vous blessez avant même que la saison de Top 14 n’ait commencé…

C’est le triste sort qu’a connu, le 29 août dernier, le jeune demi d’ouverture toulonnais Mateo Garcia. Lors du match amical disputé contre Clermont à Issoire, l’ancien Bordelo-Béglais (23 ans) avait contracté une entorse du ligament latéral interne à un genou. Et, par là même, un réel sentiment de déception.

« Forcément, ça n’a pas été facile mentalement, surtout au début, confie aujourd’hui le natif de Bayonne. Heureusement, ici, à Toulon, on a la chance d’avoir un staff médical très présent, que ce soit au niveau du physique ou de l’humain. J’ai donc pris mon mal en patience pour revenir le plus vite possible à la compétition. »

De l’énergie à revendre

Après quasiment un mois de frigo, on retrouvait ainsi l’ex-jeune champion de France de pelote basque à Mayol, contre Pau, pour sa première officielle en rouge et noir. « J’ai en plus eu la chance d’entrer en jeu avec Ma’a Nonu. Moi, je suis tout frais et, lui, c’est la légende, le savoir-faire. C’était quelque chose de fantastique.  »

Suivaient, respectivement, une titularisation et un banc de touche à l’extérieur, sur les pelouses de Clermont et Toulouse, avec, au final, deux naufrages collectifs. Pas vraiment le contexte idéal pour une recrue à l’ouverture.

Pourtant, le gamin d’Hendaye a bel et bien de l’énergie à revendre. « Pendant ma convalescence, j’ai accumulé, je ne dirais pas de la frustration, mais plus de l’impatience, appuie l’intéressé. J’ai l’envie de jouer, l’envie de montrer mes qualités. »

Garbisi en sélection, Domon blessé, Hervé parti à Castres

Les semaines à venir devraient lui en donner l’occasion. Cantonné pour l’heure à 114 minutes de jeu, l’ancien international français de rugby à 7 va se retrouver, pendant les doublons de la fenêtre internationale d’automne, seul ouvreur de métier du club varois. Avec Paolo Garbisi en sélection italienne, Enzo Hervé parti prématurément à Castres et Marius Domon blessé à une main, Garcia devrait, en conséquence, devenir le commandant de la ligne arrière pour les matchs face à La Rochelle (le 8 novembre) et au Stade français (le 23 novembre).

L’ouvreur a apprécié sa récente expérience à VII.

Une belle occasion de véritablement lancer sa nouvelle aventure toulonnaise.
« C’est certain que je vais avoir plus d’opportunités de jouer. Et donc, de donner le meilleur de moi-même pour le RCT. Je m’entraîne tous les jours pour être propulsé sur le devant de la scène. Et que ce soit en période de doublons ou hors doublons, ce que je veux, c’est matcher le plus possible. La saison est longue. J’aurai les opportunités. »

« J’aimerais bien amener ce qui me représente »

À lui de les saisir. Et de faire valoir les atouts qui l’avaient, à plusieurs reprises, fait performer avec l’UBB. Folie, vitesse, envie de jouer… C’est ce qui revient souvent lorsqu’on évoque le style de ce joueur biberonné à l’Aviron bayonnais, aujourd’hui de retour « à 100 % » physiquement.

« C’est vrai qu’on a des profils un peu différents avec Paolo (Garbisi). J’aimerais bien amener ce qui me représente et ce que j’aime faire sur le terrain. Mais il ne faut pas non plus tomber dans quelque chose de trop foufou et que ça devienne n’importe quoi. […] Avec Pierre (Mignoni), on échange beaucoup à ce sujet. Lui aime ce côté folie, mais en gardant la maîtrise qui est importante à mon poste aujourd’hui. Je dois amener de la sérénité à l’équipe tout en restant moi-même.  »

Avec tout de même la pression de se retrouver seul maître à bord pour conduire la ligne de trois-quarts toulonnaise ? « J’y suis préparé, donc je le prends surtout comme une chance.  » Et sans aucun doute comme une ouverture pour la suite de sa saison.