Pour la première fois de son histoire, le Rassemblement national a réussi à faire voter un de ses textes dans l’Hémicycle.
À une petite voix près, mais une grande victoire pour Marine Le Pen. L’Assemblée nationale a adopté à 185 pour, et 184 voix contre, la proposition de résolution visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968. C’est même une double victoire pour la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN) : pour la première fois de son histoire, le parti nationaliste a réussi à faire voter un de ses textes dans l’Hémicycle. «C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN», s’est félicitée Marine Le Pen, qui est allée aussitôt devant les caméras, salle des Quatre colonnes.
L’adoption de ce texte est une surprise. Dès lors que le groupe Renaissance, présidé par Gabriel Attal, avait décidé de voter contre cette résolution, les chances d’obtenir une majorité parlementaire sur ce texte avaient drastiquement fondu. Marine Le Pen a en réalité profité de l’absence d’une partie des députés du bloc central et de gauche, opposé à ce texte. La chef de file nationaliste a en revanche profité d’avoir fait le plein de ses voix sur ses bancs, ceux de son allié UDR, présidé par Éric Ciotti, mais aussi des voix des députés d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, et des Républicains (LR), menés par Laurent Wauquiez.
Qui a fait basculer le scrutin ? Sûrement Sébastien Chenu, député RN du Nord, mais aussi vice-président de l’Assemblée nationale, et qui a présidé justement la séance au moment du vote sur la résolution. «D’habitude le président de séance ne vote pas, mais Yaël Braun-Pivet a créé une jurisprudence en votant certains textes (fin de vie) et Clémence Guetté qui préside le fait aussi régulièrement . Je les ai donc imitées», explique ce bras droit de Marine Le Pen au Parlement, interrogé par Le Figaro.
L’absence remarquée de Gabriel Attal
Un absent résume à lui tout seul la défaite du bloc central lors de ce vote : Gabriel Attal, ancien premier ministre, patron de Renaissance et président du groupe parlementaire de son parti. «Où est Gabriel Attal ? Où sont les députés macronistes ? Ce qu’on vient de vivre dans l’hémicycle, c’est inacceptable», a dénoncé Cyrielle Chatelain, présidente du groupe parlementaire des Écologistes, avant d’enchaîner : «L’absence des macronistes a donné une victoire au RN». Gabriel Attal a lui supprimé une publication Instagram qu’il venait de publier, dans laquelle il annonçait sa présence au «A World for travel», le forum international dédié à la transformation durable du tourisme.
Marine Le Pen, elle, boit du petit-lait après ce vote. «Je remercie les groupes – ceux d’Édouard Philippe et de Laurent Wauquiez – qui ont voté en cohérence avec leurs opinions, dit-elle. En revanche, je suis extrêmement critique à l’égard de Gabriel Attal, qui a indiqué être contre cette convention, et qui a demandé à ses députés de voter contre la dénonciation de cette convention». Et la députée RN du Pas-de-Calais de profiter de sa victoire parlementaire en interpellant le premier ministre Sébastien Lecornu : «Le Premier ministre a indiqué il y a plusieurs jours qu’il entendait respecter la volonté de l’Assemblée nationale. Il peut immédiatement se mettre au travail pour faire connaître à l’Algérie le vote du peuple français».