Par
Léa Pippinato
Publié le
24 avr. 2025 à 20h29
« On était sur mon canapé, on regardait les Jeux, et on s’est dit : il faut qu’on finisse nos études sur quelque chose de grand« , raconte Hugo Duchemin. L’étincelle du projet 2ARCS est née ainsi, presque par hasard, entre amis, devant la télé. Mais ce que ces étudiants du master EOPS à l’Université de Montpellier (Entraînement et optimisation de la performance sportive) allaient enclencher dépassait le simple défi sportif.
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Leur idée ? Relier à la force des jambes l’Arc de Triomphe du Peyrou à celui de Paris. Mille kilomètres, en relais, 24h/24, pour un objectif symbolique, ambitieux, et résolument engagé. La course aura lieu du 8 au 12 juin. « Franchement, on s’est beaucoup appuyé sur le fait que la santé mentale soit la grande cause nationale 2025 », confie Malo Bertrand-Goarin, cofondateur du projet. Pour eux, cette course est une vitrine. Leur formation est rare. En France, seul le master de Montpellier se consacre entièrement à la préparation mentale. Ailleurs, ce domaine reste intégré à d’autres disciplines, comme la nutrition ou la préparation physique. Leur spécialisation est encore peu connue et surtout, pas officiellement reconnue. « On n’est pas un métier protégé. Il faut un master, des stages, mais ce n’est pas encadré comme d’autres professions. »
En courant vers Paris, ils veulent faire connaître leur discipline, leur engagement, et leur formation. C’est aussi un moyen de répondre à une autre réalité : la crise actuelle des filières STAPS. Moins de moyens, des milliers de candidatures pour quelques places, et des débouchés parfois incertains.
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Une course, un collectif, une logistique colossale
Concrètement, 23 coureurs se relaieront par équipes de trois. Chaque trio, un coureur et deux cyclistes, prend le relais pendant huit heures. Un système qui tourne sans interruption pendant quatre jours, de jour comme de nuit. À chaque fin de relais, une nouvelle équipe prend le flambeau. Au total, chacun parcourra entre 30 et 80 kilomètres à pied et près de 100 kilomètres à vélo. La course suit un tracé sécurisé, validé avec France Vélo Tourisme. Montpellier, Avignon, Saint-Étienne, Lyon, puis Paris. 90 % de pistes cyclables, quelques étapes en camping, et une logistique millimétrée. « C’est au moins 50 % du travail », souffle Hugo. Minibus, matériel de sécurité, ravitaillement quotidien, rien n’est laissé au hasard.
Les étudiants ont pris en compte toutes les particularités du groupe : niveaux sportifs, douleurs spécifiques, menstruations, appréhensions liées à la nuit. Les équipes sont mixtes, tant sur le genre que les capacités physiques. Maxime Campenet, triathlète montpelliérain classé 31e à l’Ironman 70.3 de Thaïlande, suit le groupe. Il les aide à se préparer physiquement et mentalement. L’objectif : maintenir une moyenne de 10 km/h pour atteindre Paris dans les temps. Pour certains, la course est un défi personnel. Pour d’autres, un moyen de découvrir leurs limites.
Vidéos : en ce moment sur ActuUn budget serré, des partenaires engagés
Trois véhicules assureront les déplacements : deux minibus de 9 places et une voiture de 7 places. Le budget est fixé à 10 000 euros. Une somme qui couvre transports, assurances, équipements, alimentation spécialisée, sécurité et communication. Une partie est financée par des partenaires publics et privés : l’Université, BymyCAR, le club des sports de Courchevel, ou encore l’association Anestaps (fédération des BDE STAPS). Une cagnotte a été lancée sur HelloAsso. Montant unique : 2 euros. Pas plus, pas moins. « Le but, c’était de savoir combien de personnes nous soutiennent. C’est aussi symbolique. Un projet étudiant, soutenu par des étudiants », précise Malo.
Quatre pôles structurent l’organisation : sport, logistique, communication et sécurité-santé. Malo gère les partenariats. Hugo pilote la coordination globale. Tout le monde reste impliqué. Sur les 35 inscrits du master, 28 participent activement. Ils ont également pensé à un court-métrage retraçant l’aventure, pour sensibiliser, documenter, et peut-être aussi séduire les recruteurs de demain. Ils ne visent ni l’or, ni les podiums. Juste un métier reconnu, un peu de lumière sur la santé mentale, et la preuve qu’un projet étudiant peut faire du bruit jusqu’à Paris.
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